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Il est certain que se retrouver parmi 500.000 jeunes, venus du monde entier, dans une même ville, cela déménage un peu ! De la musique partout, des chants dans le métro, des danses improvisées. Voilà pour le côté festif. Sans compter quelques galères avec des heures de queues pour accéder aux repas, des douches pas toujours impeccables, des attentes interminables au soleil pour monter dans un bus ou un train déjà bondé et rejoindre l’habitant qui vous loge à plus d’une heure de Lisbonne.
Bref, si les jeunes qui participent aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) aiment la foule et l’ambiance, ils doivent aussi faire preuve d’adaptation et dire adieu à une forme de confort. Deux Lyonnais se sont même amusés à créer un compte Instagram de « mèmes », blagues de niches, pour moquer les petites galères quotidiennes rencontrées par les pèlerins.
Mais ces milliers de jeunes sont-ils seulement venus faire la fête et se rencontrer pendant une semaine ? La réponse est clairement ailleurs, tant une certitude saute rapidement aux yeux pour celui qui interroge au hasard dans la rue ces jeunes pèlerins : tous sont venus pour vivre une expérience humaine certes, mais surtout spirituelle.
De la joie, mais aussi de l'émotion et de la ferveur
Ce que confie par exemple Antoine, jeune ingénieur de 25 ans, venu avec le diocèse de Saint-Étienne : "J’imaginais bien en partant que l’ambiance serait jeune et sympa, mais je n’avais pas conscience de l’émotion qui m’étreint ici, à chaque fois que je croise d’autres jeunes, de pays si différents, et avec lesquels j’échange le temps d’une marche, ou dans une queue pour assister à un enseignement." Et de reprendre : " On se présente nos pays, on parle un peu et très vite, on réalise que ce qui nous rassemble, c’est Jésus, notre point commun à tous, c’est vraiment très fort à vivre comme expérience, cette fameuse église universelle qui prend enfin tout son sens ici, je ne m’y attendais pas". Tout comme Grégoire, 18 ans, venu avec la communauté Saint-Martin, et marqué par le silence "impressionnant" lors du quart d’heure d’adoration proposé pendant le temps des Français, le mardi 1er août, "nous étions pourtant près de 40.000 sur place, et soudain, plus un bruit, tout le monde priait en silence ! "
Un autre étonné, c’est Gilles, quinquagénaire expatrié à Lisbonne depuis trois ans et paroissien fidèle de Saint-Louis des Français où il s’est inscrit comme bénévole pour accueillir les pèlerins en cette première semaine d’août. "Nous accueillons à l’église les reliques de sainte Thérèse, et honnêtement, nous n’avions pas anticipé que cela attirerait autant de monde", se réjouit-il en donnant les horaires des messes du jour, aux nombreux passants qui l’interrogent sur le parvis, en attendant pour entrer dans la petite église. "L’autre chose qui me bouleverse, c’est la soif spirituelle de tous ces jeunes qui en veulent plus et plus haut. À chaque temps d’adoration que nous proposons, il y a tellement de jeunes que nous sommes obligés de leur demander de partir au bout de 20 minutes, pour laisser la place à ceux qui attendent ! Idem pour le chapelet, il y a toujours une foule incroyable, ceux qui patientent au soleil ne râlent pas (même les Français !), ils attendent avec patience, dans la joie, c’est vraiment ce qui me frappe le plus". Un prêtre du diocèse de Saint-Étienne, venu avec 130 jeunes, le père Rémi-Gabriel Perchot, confirme : "On assiste à beaucoup de questionnements vocationnelles de nos jeunes participants, ils sont là pour “se remettre à jour”, spirituellement, il y a une vraie démarche de foi. "
"Tudo bem"
Même le serveur du bistrot du coin, un portugais réputé un peu revêche, est tout sourire devant cette affluence record dans la ville "tudo bem", répète-t-il quand on l’interroge. Et ce jeune du diocèse de Créteil, croisé à la caisse d’un supermarché où il achète quelques biscuits pour tenir le rythme, qui a juste le temps de confier "ce que je vis ici est tout simplement incroyable, je trouve une paix et une joie que je ne connaissais pas". Tout au long de la journée, et quels que soient les enseignements proposés, les églises sont bondées. "Impossible de sortir retrouver une amie quand on est entré et enfin assis dans un coin dans l’église pour écouter un topo", confie ainsi en rigolant Gabrielle, 16 ans, venue avec le Chemin Neuf, qui assiste par ailleurs à la messe quotidienne. Une de ses amies, de famille non croyante, est en train de vivre une conversion bouleversante, portée par cette jeunesse heureuse et engagée, qui ne se cache pas.
"J’avoue que c’est plus facile d’être catho ici", confie de son côté Jean-Paul, venu avec 60 pèlerins de Martinique, "on sait qu’en parlant à nos voisins sur le banc, ou même dans la rue, on est venu pour la même chose, vivre notre foi au grand jour, et cela nous remplit de force pour le retour." Assurément, il y a en ce moment à Lisbonne une ambiance de joie, de respect, et de jeunesse qui infuse toute la ville, sans doute la signature de ces JMJ avec une version bien réelle de ce qu’est l'Église Universelle. Et dans cette Église, les jeunes sont nombreux, ils chantent et ils dansent certes, mais leurs âmes prient et vibrent.