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Jusqu’à la mise en place de la liturgie que nous connaissons, après le concile Vatican II, nombreuses étaient les paroles du prêtre demeurant inaudibles pour l’assemblée. Et pas seulement du fait de l’absence de micros… Plus que dans la forme actuelle de la messe, ces temps durant lesquels le prêtre parle bas et l’assemblée prie manifestaient la participation des fidèles à l’acte du prêtre, sacrifice salvifique du Christ. Une manière aussi de ne pas oublier que toute parole, si nécessaire fût-elle dans la liturgie, reste bien éloignée de la réalité qu’elle voudrait évoquer.
Prier en son nom propre
Le silence demeure présent dans la messe conciliaire, et le cardinal Sarah lorsqu’il était responsable de la liturgie à Rome comme le pape François dans sa lettre Desiderio desideravi ont rappelé son importance. En revanche, les moments durant lesquels le prêtre qui préside l’eucharistie prie "en secret" sont peu nombreux. Le missel précise qu’ils correspondent à des prières pour lui-même. S’il officie comme un "autre Christ", le prêtre n’en reste pas moins un homme pécheur qui veut se convertir : "Le prêtre prie comme président, au nom de l’Église et de la communauté rassemblée ; il prie aussi parfois en son nom propre pour accomplir son ministère avec plus d’attention et de piété." (PGMR §33).
Purifie mon cœur et mes lèvres, Dieu tout-puissant, pour que j’annonce dignement ton saint Évangile."
Ces prières à voix basses surviennent à trois moments de la messe. D’abord avant la lecture de l’Évangile, le prêtre demande à Dieu : "Purifie mon cœur et mes lèvres, Dieu tout-puissant, pour que j’annonce dignement ton saint Évangile". Ensuite pendant l’offertoire, durant lequel le prêtre, alors qu’il va s’approcher de l’autel, demande au Seigneur le pardon de ses fautes en s’inclinant : "Le cœur humble et contrit, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, Seigneur notre Dieu." Avant de recevoir de l’eau sur les mains : "Lave-moi de mes fautes, Seigneur, et purifie-moi de mon péché". Enfin, le prêtre se prépare à communier avec un beau texte, pendant le chant de l’Agnus : "Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint-Esprit, tu as donné, par ta mort, la vie au monde ; que ton Corps et ton sang très saints me délivrent de mes péchés et de tout mal ; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi".
Et juste avant de communier : "Que le Corps du Christ me garde pour la vie éternelle." puis la même formule pour le Sang. Revenu à l’autel, en purifiant la patène et le calice, celui qui préside l’eucharistie poursuit : "Puissions-nous accueillir d’un cœur pur, Seigneur, ce que notre bouche a reçu, et trouver dans cette communion d’ici-bas la guérison pour la vie éternelle." Bien que non spécifiquement propres au prêtre, d’autres prières sont dites, ou peuvent l’être, à voix basse. Ce sont les actes d’offrande du pain et du vin à l’offertoire ("Tu es béni Seigneur…") souvent dites tout haut, mais aussi une phrase parfois dite par le diacre en mettant une goutte d’eau dans le calice rempli de vin : "Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a voulu prendre notre humanité". Après la consécration, qui pourrait être dite à voix basse, le prêtre rappelle la résurrection de Jésus en réunissant son Corps et son Sang, c’est-à-dire en plongeant un petit bout d’hostie dans le calice – ce que l’on appelle immixtion : "Que le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, réunis dans cette coupe, nourrissent en nous la vie éternelle."