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L’Annonce de l’Ange faite à Joseph rapportée par l’Évangéliste Matthieu a toujours suscité de multiples questions : "Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : Dieu-avec-nous". (Mt 1,23). Une jeune femme de Galilée attend ainsi un enfant alors que de son propre aveu, elle n’a jamais connu d’homme. Point crucial de la foi catholique, l’Incarnation divine de Jésus implique la croyance en la virginité de Marie avant, pendant et après la naissance de son fils, une "virginité perpétuelle" reconnue des catholiques comme des orthodoxes à la différence des protestants considérant que Marie aurait pu avoir après la naissance de Jésus d’autres enfants avec Joseph.
La maternité de Marie puise ses racines dans l’Ancien Testament notamment avec le prophète Isaïe qui avait déjà annoncé: "C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)" (Is 7, 14), le pont était ainsi lancé avec Jésus entre Ancienne et Nouvelle Alliance.
"Virgo paritura"
Le thème de la Virgo paritura, traduit du latin par "Vierge enceinte", a été fécond dans l’art, et ce, de l’antiquité jusqu’au Moyen Âge. Aussi est-il possible d’admirer jusqu’au XVIe siècle. de nombreuses œuvres évoquant Marie enceinte, soit de manière explicite, soit le suggérant plus discrètement. Tel est le cas par exemple des nombreuses sculptures romanes qui ne masquent non seulement pas la maternité de Marie, mais bien au contraire la magnifie avec ce geste de la main délicatement posé sur son ventre par la mère de Jésus. Le peintre florentin Piero di Benedetto de Franceschi, plus connu sous le nom de Piero della Francesca (1412~20 -1492), livrera en plein cœur du XVe siècle une version particulièrement solennelle et manifeste en représentant la Vierge habillée à la florentine d’une longue robe bleu-violet sombre renforçant sa majesté et soulignant sa maternité avancée.

En France, c’est le Livre d’heures de Jean de Boucicaut, également au début du XVe siècle et aujourd’hui au musée Jacquemart-André à Paris, qui évoque Marie au ventre arrondi, visitant sa cousine Élisabeth. Ce thème fécond de la maternité de Marie se poursuivra avec des artistes fameux tels Léonard de Vinci ou encore Fra Bartolomeo jusqu’au Concile de Trente en 1563.
La césure du Concile de Trente
Pourquoi jusqu’au Concile de Trente ? Tout commence, en fait, en 1545, lorsqu’un Concile eut lieu sous l’initiative du pape Paul II afin de lutter contre les ravages opérés dans le catholicisme par la Réforme protestante. Réunissant théologiens et évêques, ce Concile aboutira 18 ans plus tard en 1563 à une révision profonde de l’Église catholique romaine. Lors de celle-ci, si le culte marial qui faisait polémique avec les protestants fut maintenu, la représentation de Marie enceinte sera, en revanche, jugée indécente et écartée des œuvres d’art sacré pour lui préférer l’image omniprésente de la Vierge à l’Enfant. Le Concile souhaitait avant tout éliminer toute superstition quant au culte des images, ces dernières ne devant que servir et encourager la foi des fidèles et non pas s’y substituer.
La Vierge Marie représentée enceinte, une iconographie rare :


