Bien que les artistes du monde entier se soient saisis du thème de l’Annonciation en d’innombrables chefs d’œuvre, c’est au seul évangile de Luc que nous devons une description détaillée de l’Annonciation (Lc 1, 26, 27) :
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
Tous les protagonistes de la célèbre scène sont non seulement évoqués mais également désignés nominativement : un ange dénommé Gabriel, une jeune fille dont le prénom est Marie et son futur époux Joseph, sans oublier le lieu, le petit village de Nazareth en Galilée, et un cadre chronologique, le sixième mois… À partir de ces données très précises, impossible de ne pas rapprocher ce qui va se dérouler d’un précédent, sept siècles auparavant, avec la vision prophétique rapportée par Isaïe (Is 7,14) :
C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
Cette annonce messianique ne pouvait échapper à la jeune fille élevée dans la tradition juive de ses parents, la promesse divine trouve ainsi avec l’ange Gabriel un présent divin qui s’impose à elle…
La Nouvelle Alliance
Le récit évangélique se poursuit avec une annonce bouleversante pour une jeune vierge d’un village isolé de Galilée : "Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." À l’Ancienne Alliance de Dieu avec Moïse se trouve ainsi substituée la Nouvelle Alliance, celle de Jésus médiateur entre son père qui est aux cieux et la maison de Jacob.
Alors que le peuple d’Israël subit une fois de plus dans son histoire l’occupation ennemie – cette fois-ci, non plus des Assyriens, mais de la puissance romaine – l’espoir d’un Messie renaît dans le cœur d’une jeune fille qui n’a pas encore d’époux. Marie, bouleversée, confie cependant : "Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ?", ce à quoi l’ange répond : "L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu", à l’image des femmes stériles de l’Ancien Testament, rien n’est impossible à Dieu.
Les plus grands maîtres de l’art ont représenté le thème de l’Annonciation dans des œuvres inoubliables.
Survient alors l’acquiescement pieux de Marie, un oui sans réserve préfigurant celui de toutes celles et tous ceux qui consacreront leur vie au Seigneur : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole", la très sainte réponse dont la traduction latine Ecce ancilla Domini servira d’inspiration au répertoire grégorien et de refrain à la prière de l’Angelus.
L'Annonciation, thème foisonnant pour les artistes
Les plus grands maîtres de l’art ont représenté le thème de l’Annonciation dans des œuvres inoubliables. Guido di Pietro plus connu sous le nom de Fra Angelico (v. 1395-1455) a été considéré comme le peintre des anges ainsi qu’en témoignent ses somptueuses évocations de leurs ailes. L’artiste a réalisé pour le couvent San Domenico de Fiesole, aujourd’hui conservé au musée du Prado de Madrid, un retable sublimant le thème de l’Annonciation par la technique a tempera sur fond d’or.
À l’image des ses autres créations sur ce même thème, notamment l’inoubliable fresque en haut de l’escalier du couvent San Marco de Florence, Fra Angelico a su se saisir de cet instant suspendu de l’Annonciation, instant par lequel Marie acquiesce à la divine annonce et ce à quoi l’ange Gabriel en retour la salue respectueusement en tant qu’élue de Dieu.