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Ce n’est pas la première fois qu’il emploie l’expression. Dans son message à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre dernier, le pape François a évoqué à nouveau "le magistère de la fragilité". Décrivant une spiritualité combinant l’accueil de ses faiblesses et de la puissance de Dieu, dont nous témoignent les personnes porteuses d’un handicap, il écrit : "Il s’agit d’un véritable magistère de la fragilité qui, s’il était écouté, rendrait nos sociétés plus humaines et fraternelles en amenant chacun à comprendre que le bonheur est un pain qui ne se mange pas seul."
Quelle force, dans cette expression ! À travers elle, le Pape ne se montre pas seulement compatissant avec les plus fragiles d’entre nous ; il ne fait pas seulement preuve d’une visée inclusive, selon les termes promus par notre société ; il reconnaît aux personnes handicapées une autorité, et une légitimité particulière dans le témoignage de leur foi. On peut dire qu’il s’agit d’une petite révolution copernicienne, même si elle rejoint l’intuition prophétique de nombreux saints, à commencer par saint Vincent de Paul, qui disait : "Les pauvres sont nos maîtres."
Ce magistère de la fragilité est un mystère profond qui mérite d’être porté au plus grand nombre, dans notre époque en déficit d’espérance.
En quoi consiste ce magistère spécifique ? Le pape donne cette explicitation : "La confiance dans le Seigneur […] est une sagesse qui grandit au fur et à mesure que l’on prend conscience de ses propres limites, et qui permet d’apprécier plus encore le choix aimant du Tout-Puissant de se baisser sur notre faiblesse. C’est une prise de conscience qui libère de la tristesse de la plainte — même la plus justifiée — et qui permet au cœur de s’ouvrir à la louange." Quiconque fait l’expérience de la fragilité — les personnes handicapées, mais aussi les personnes malades et âgées — et y consent se laisse approcher par la présence de Dieu, qui vient suppléer à la faiblesse humaine.
Un chemin pour tous les chrétiens
C’est là un grand secret, dont je peux témoigner après dix années passées à Ombres et Lumière et à la Fondation OCH. Combien de fois me suis-je senti humble devant le témoignage reçu de personnes porteuses de handicap, ou de leurs proches qui partagent si souvent le sentiment de fragilité… Combien de fois ai-je été édifié par le chemin de résurrection parcouru par celui qui porte la lourde croix de l’accueil d’un enfant polyhandicapé ou d’une maladie psychique… lorsqu’il est accompagné et soutenu. Oui, ce magistère de la fragilité est un mystère profond qui mérite d’être porté au plus grand nombre, dans notre époque en déficit d’espérance. C’est pourquoi, en raison de cette autorité, les personnes handicapées sont porteuses d’une mission spéciale, explique le Pape : "Le magistère de la fragilité est un charisme avec lequel vous pouvez — sœurs et frères en situation de handicap — enrichir l’Église. Votre présence “peut aider à transformer les réalités dans lesquelles nous vivons, en les rendant plus humaines et plus accueillantes. Sans vulnérabilité, sans limites, sans obstacles à surmonter, il n’y aurait pas de véritable humanité” (in L’Église est notre maison, synthèse de la consultation synodale spéciale de personnes handicapées)".
Voilà un message qui peut réchauffer nos cœurs refroidis par les scandales, les peurs, les tristesses en tout genre. Alors qu’approche Noël, cet enseignement désigne peut-être un chemin pour tous les chrétiens, qu’ils soient ou non porteurs de handicap, car il y a là quelque chose à vivre ensemble, jamais seuls. Après tout, la venue du Sauveur dans la personne d’un petit enfant, né dans une mangeoire, n’est-elle pas l’illustration la plus flagrante du "magistère de la fragilité" ?