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L’héroïsme des Filles de la Charité dans la tourmente de la Commune

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La Commune de Paris.

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Thérèse Puppinck - published on 17/03/21 - updated on 21/04/23
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La Commune de Paris, sanglante insurrection qui éclate le 18 mars 1871, a donné aux Filles de la Charité une nouvelle occasion de poursuivre leur apostolat dans de terribles conditions, et de vivre avec héroïsme l’abandon total à la divine Providence.

Maîtres de Paris jusqu’à la fin du mois de mai, les insurgés de la Commune tentent d’instaurer à partir du 18 mars 1871 un gouvernement de type libertaire, qui se caractérise dans les faits par une anarchie fortement imprégnée des idées révolutionnaires de 1793 et de 1848, et par un anticléricalisme agressif. Notez que les conditions de vie dans la capitale à cette époque sont particulièrement dures.

Plus de la moitié des parisiens, ouvriers ou petits artisans, vivent dans la pauvreté, sous l’œil indifférent des possédants. Le siège de Paris par l’armée prussienne durant les mois d’hiver précédents a engendré une terrible famine et, au printemps 1871, la misère est immense. Largement imprégnée d’utopie, la Commune est un mouvement populaire qui mêle, dans une étrange antinomie, des élans de générosité sublimes à des violences sanguinaires.

Les Filles de la Charité sont très présentes à Paris et dans les faubourgs. Elles ont en charge des hospices pour personnes âgées, des orphelinats, des hôpitaux, des écoles primaires pour les filles. Dès le 18 mars, elles évacuent progressivement vers la banlieue les établissements présents intramuros pour mettre les résidents à l’abri. Elles sont d’ailleurs pour la plupart expulsées à partir du mois d’avril.

Sœur Catherine Labouré, qui a un peu plus de 60 ans, est alors à Reuilly, une maison située dans le XIIe arrondissement, quartier populaire, comme tous les quartiers de l’Est parisien. Elle est accompagnée d’une petite trentaine de sœurs. Depuis le début de la guerre contre la Prusse, elles tiennent une ambulance de campagne qui abrite encore au mois de mars 200 blessés, malades ou convalescents. Elles poursuivent aussi leur œuvre auprès des pauvres et tiennent toujours l’école des filles.

Déclarées d’utilité publique

Comme le souligne Anne Bernet dans sa biographie de sainte Catherine Labouré, les Filles de la Charité ont été déclarées d’utilité publique au début de la Commune en raison de leur responsabilité sociale et médicale, ainsi que de leur dévouement indéfectible auprès des plus miséreux. Cela ne les protège pourtant pas, car l’anarchie règne en maître et les comportements irrationnels se multiplient.

À Reuilly, par exemple, elles sont à la merci des autorités du XIIe arrondissement qui ne cessent de les menacer. Elles n’osent cependant pas les attaquer ouvertement car beaucoup d’habitants prennent leur défense, au point d’emmener chez eux les calices et ciboires pour les protéger d’une éventuelle profanation.

Plusieurs fois, la maison de Reuilly est envahie par des hordes d’hommes ivres qui hurlent et menacent les sœurs. Un jour ils veulent emmener sœur Dufès, la supérieure. Catherine et ses autres sœurs font barrage de leur corps : "Si vous emmenez sœur Dufès, il faudra nous emmener toutes !" Déstabilisés par un tel courage et une telle détermination, les émeutiers reculent.

On réclame des médailles miraculeuses !

Le gouvernement et l’Assemblée, réfugiés à Versailles, montent une armée pour reprendre Paris. Avec l’avancée des troupes gouvernementales vers la capitale, la situation des sœurs devient chaque jour plus précaire car l’ambiance est explosive. Entre panique et exaltation, les réactions des autorités et de la population sont totalement imprévisibles.

En témoigne l’anecdote suivante : quelques jours après la tentative d’arrestation de sœur Dufès, se présente à la porte de la maison un autre groupe vociférant de communards armés. Contrairement aux apparences, et au grand soulagement des sœurs, ils ne viennent pas piller, mais réclamer des médailles miraculeuses car ils vont partir combattre l’armée versaillaise. Trop heureuse, sœur Catherine leur en donne plusieurs dizaines.

Cependant, ces incursions se multiplient et deviennent de plus en plus violentes. Aussi, les sœurs décident de quitter Paris pour se réfugier à la campagne. Elles ne reviennent que le 31 mai, après que l’armée gouvernementale a entièrement repris la capitale et écrasés avec violence les insurgés.

À leur retour, elles découvrent chez elles une trentaine de communards blessés qui ont été abandonnés ici. Force de la charité : les sœurs soignent et protègent leurs anciens persécuteurs. Elles aimeraient les soustraire au sort qui les attend, mais le gouvernement, impitoyable dans l’extermination de la Commune, ne l’entend pas ainsi et prévient les sœurs de l’arrestation prochaine de leurs protégés. 

Elles en sont bouleversées. Savoir qu’ils risquent le peloton d’exécution est terrible, mais savoir qu’ils risquent de perdre leur âme l’est encore plus. Que faire ? Après deux jours de prières et de sacrifices, la sœur infirmière prévient les blessés en pleurant et dépose nuitamment, sur chaque lit, une médaille miraculeuse. Le lendemain matin, dès l’aube, un prêtre passe à l’infirmerie : tous les blessés portent la médaille et ont le temps de se confesser avant leur arrestation.

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