En cette fin du mois de septembre, l’été ne semble pas finir dans la cité phocéenne. Le soleil, encore haut dans le ciel, fait briller de mille feux Notre-Dame de la Garde. Impossible pourtant, en ce vendredi 22 septembre, d’aller chercher un peu de fraîcheur à l’intérieur de la basilique. Toutes les rues permettant d’y accéder sont bloquées en raison de la venue du pape François à Marseille. Bus déviés, stationnements interdits… Les contraintes sont nombreuses.
Pourtant, malgré quelques touristes déboussolés et livreurs un peu pressés, les Marseillais ne cachent pas leur fierté. "On a l’habitude de recevoir des gens à la Bonne Mère !", s’exclame Christiane, 62 ans, le sourire aux lèvres. Reconnaissant volontiers être "loin de tout ça" - comprendre de la religion -, elle ne cache pas, un brin impétueuse, sa joie de voir "sa ville" accueillir le pape François. "À titre personnel, le pape François m’est sympathique mais je ne connais pas suffisamment ce qu’il dit. En revanche je dois reconnaître que sa venue a été sacrément bien organisée !"
"Un grand mot d'espérance"
Une venue que l’économe du diocèse, François Leroy, s’apprête à suivre de près. "C’est la première fois que je vais voir le Pape", lance-t-il profitant d’une pause bien méritée à l’ombre avant de s’élancer dans la montée de Notre-Dame de la Garde. De lui il attend un "grand mot d’espérance", surtout lors du temps de recueillement près de la stèle dédiée aux disparus en mer. Et puis, "Notre-Dame de la Garde, c’est l’endroit où vont les Marseillais pour confier leurs espérances et leurs peines", souffle-t-il. "Avoir le Pape ici est une bénédiction."
Une bénédiction, peut-être. Un événement, assurément. Claire et Anne travaillent toutes les deux dans une librairie proche de la rue Fort du sanctuaire qui monte à la basilique. "La venue du pape François ne perturbe pas notre travail", expliquent-t-elles, ne semblant pas plus que ça intérressées par sa visite. Pourtant, au bout de quelques minutes, elles reconnaissent regretter ne pas pouvoir le suivre lors de sa balade sur le Prado en papamobile le lendemain. "Nous travaillons le samedi… Mais le savoir ici c’est quelque chose !", reconnait Claire. "On a l’impression de vivre un moment historique… ça fait quoi, 500 ans qu’un pape n’est pas venu ?!", renchérit Anne.
Un peu plus bas, Catherine-Marie, s’achemine elle aussi vers les hauteurs de Marseille. Moniale bénédictine, elle fait partie des quelque 800 choristes qui vont chanter devant le Pape ce samedi au stade vélodrome. "Je suis née rue des Oblats, à quelques rues de Notre-Dame de la Garde", raconte-t-elle. "Savoir que le Pape vient ici, là même où ma grand-mère m’emmenait jouer… C’est fort pour moi." Au fil de la conversation, elle raconte son parcours qui l’a emmené à travailler dans un service auprès des mineurs non-accompagnés dans les quartiers Nord de Marseille. "Que le Pape s’exprime à Marseille sur la charité, l’accueil, l’ouverture à l’autre, oui, ça me fait quelque chose !".
"Ce qu'il dit est magnifique !"
Quand on lui parle de la venue du pape François Fabrice, la cinquantaine bien entamée et cigarette à la main, clame haut et fort "qu’il a fait son catéchisme quand il était petit". Même s’il n’est plus aussi assidu aujourd’hui, il est heureux de savoir que le Saint-Père vient dans "sa ville". "Pour une fois qu’on va parler de Marseille en positif !", se réjouit-il. "Il y a de la violence à Marseille, bien sûr, mais il y a aussi tellement de joie, de solidarité, d’entraide ! Savoir qu’il est là va nous redonner du baume au cœur !"
Au pied de la colline, Joseph est déterminé "à monter le plus haut possible". Âgé de 70 ans, il lance tout de go : "N’est-ce pas magnifique de savoir que 490 ans après, un autre Pape vient enfin à nouveau chez nous ?!". Fier de sa ville, heureux de son Pape il renchérit : "François est venu ici prêcher la bonne parole… Ce qu’il dit est magnifique ! Quand il sera à Notre-Dame de la Garde avec la ville à ses pieds… Oui, je pense qu’il va ressentir la ferveur qui monte de chez nous !"