Sans doute une première dans l'histoire du scoutisme et de la route, ce samedi 9 septembre à la nuit tombée, devant la petite chapelle du Mont du Calvaire qui domine Urugne (Pays Basque), ce sont trois hommes, déjà bien engagés dans leurs vies personnelles et professionnelles, qui ont pris leur départ routier. Ils l'ont fait lors d'une cérémonie dédiée, pleine de sens et de profondeur, à la lueur des torches. Qui sont-ils ces trois hommes qui, par leur engagement à la route, ont marqué les esprits ? Mgr Marc Aillet, 66 ans et évêque de Bayonne, le père Paul de Lapasse, 35 ans, et un père de famille de 50 ans, Christophe Graves.
Tous les trois ont été scouts, engagés, et routiers pilotes (RP) mais aucun n'avait eu le temps, faute d'engagements autres (comme l'entrée au séminaire par exemple...!) de poursuivre leur progression et de s'engager dans le départ à la route, devenant alors routiers scouts (RS). Cette cérémonie très engageante et forte spirituellement est codifiée : "Le départ routier se fait de préférence à la nuit tombée, sur un chemin. Des routiers scouts immobiles barrent la route, autant que possible sur plusieurs rangs de profondeur. En avant, le chef, le conseiller religieux et un R.S. portant le Baussant. Le candidat, sac au dos, vient à leur rencontre accompagné de son parrain et s’arrête à une dizaine de mètres." "Tu te présentes à la route, mais sais-tu comment la route se présente à toi ? " commence ainsi le cérémonial.
Deuxième routier de France
C'est en s'engageant comme commissaire de district des Landes et Pyrénées-Atlantiques que Christophe Graves, mari, père de quatre enfants et contrôleur aérien à Agen, décide de prendre son engagement routier, lui qui avait fait sa promesse en 1987. Croisant un jour son évêque, Mgr Aillet, il lui demande si celui-ci accepterait de venir pour faire la bénédiction pendant la cérémonie. "En discutant avec lui, Mgr Aillet me confie alors cette anecdote incroyable : lui-même a fait sa promesse scoute en 1969, a été routier, et même RP11, soit le deuxième routier de France (les 9 premiers ont été donné à titre posthume, le 10eme à Mgr Eychenne à l'époque scout lui aussi) mais suite à son entrée au séminaire, il n'a jamais eu le temps de faire son départ routier ! Je lui propose de le faire avec moi, il refuse dans un premier temps, faute de temps, puis il y a quelques semaines, il me rappelle, et me dit qu'après tout, pourquoi pas !" Et voila comment un évêque actuellement en poste se retrouve avec son sac à dos scout pour s'engager sur la route.
Pour "marquer le coup" de cette veillée pas tout à fait comme les autres, de nombreux scouts étaient présents, des guides ainées, plusieurs prêtres, quelques amis et famille, mais aussi des scouts de France, des scouts unitaires de France, invités pour l'occasion, en guise de soutien fraternel et d'union scoute, soit près de 80 personnes tout de même. Les trois postulants au départ routier ont pu faire un témoignage personnel et très émouvant. "Les coeurs ont été touchés car dès le lendemain, plusieurs routiers m'ont demandé de se préparer à leur départ également", confia à Aleteia Christophe Graves.
"Pars maintenant, derrière le Christ. Que la foule des saints et des saintes t’accompagne, aujourd’hui, demain et jusqu’en l’éternité ! Que Notre-Dame te vienne en aide et que la bénédiction du Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit descende sur toi et y demeure à jamais" sont ainsi les derniers mots prononcés lors de la cérémonie alors que se sont avancés dans l'obscurité les trois hommes pour une nuit solitaire de bivouac sous des "trombes d'eau". Comme un symbole ... "Un immense orage s'est déclenché juste après notre départ, et la pluie n'a cessé qu'à l'aube, comme une Résurrection", raconte encore Christophe Graves. Si Mgr Aillet a du quitter dans la nuit le bivouac pour assurer ses fonctions d’évêque dès le lendemain matin dans une autre paroisse, tous les autres participants scouts se sont retrouvés, humides mais heureux, devant la jolie petite chapelle d'Urugne pour une messe matinale d'action des grâces.