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Dans la vie courante, rares sont ceux qui réfléchiraient à la signification de la position assise, tant elle est ordinaire. À la messe, elle n’occupe pourtant qu’un tiers du temps et détonne. En effet, l’imaginaire associe plutôt la prière à la station debout ou à l’agenouillement. À raison d’ailleurs, puisque la première est l’attitude de celui qui vient à la rencontre de Dieu, au début de la messe, et lui rend gloire puis, à la fin, repart en mission. C’est aussi celle du ressuscité, ce que chaque fidèle est par son baptême, lors de l’Évangile. La seconde attitude manifeste quant à elle l’adoration et l’humilité, c’est pourquoi le missel l’attribue à la prière eucharistique.
"Écoute". C’est par ce conseil paternel que saint Benoît commence sa Règle. "La foi naît de ce que l’on entend, explique saint Paul, et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ" (Rm, 10, 17). Adoptée pendant la première lecture, le psaume et la deuxième lecture, la position assise a bien cet objectif : permettre à chacun d’écouter ce que le Père veut lui dire. Dans les écritures en effet, Dieu se révèle aux créatures qu’il s’est choisi pour s’allier avec elles.
S'asseoir pour mieux écouter
Pendant le psaume aussi, l’écoute est centrale. Si l’homme répond à Dieu qui lui parle, il le fait avec les mots-même que le Créateur lui inspire à travers l’auteur de ces poèmes bibliques. Le fidèle accepte par-là de recevoir tout de lui, et surtout la grâce de s’adresser au Père pour lui dire tristesses et joies, action de grâce et plainte, laquelle n’est que nostalgie du Ciel (Ps 136) : "Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion."
Le deuxième moment durant lequel l’assemblée tout entière s’assoit est l’homélie. L’Évangile, de la même manière, narre de quelle manière Jésus faisait s’asseoir les foules pour les enseigner. Qui fréquente les écoles sait bien que parler à des personnes debout a peu de chance de susciter l’attention… Le prêtre n’est pas le Christ, mais l’homélie étant sacramentelle, il y parle comme en Bon Pasteur pour nourrir ses brebis, attentives à la voie de celui qui leur est donné pour rendre la parole du Fils intelligible.
Une attention renouvelée
Un épisode des Actes des apôtres (cf. chap. 8) explicite tout à fait ce rôle apostolique. Le diacre Philippe reçoit de l’Esprit saint la motion d’aller retrouver l’eunuque de la reine Candace qui lit seul le livre d’Isaïe et ne le comprend guère (comme beaucoup d’entre nous sûrement). Investi du ministère de la parole, le diacre vient au secours de l’Éthiopien (Ac 8, 30-31) :
Philippe se mit à courir, et il entendit l’homme qui lisait le prophète Isaïe ; alors il lui demanda : ‘Comprends-tu ce que tu lis ?’ L’autre lui répondit : ‘Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ?’ Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui.