Les mages venus d’Orient ne s’y sont pas trompés. En offrant à l’Enfant-Jésus de l’encens – en plus de la myrrhe et de l’or – ils manifestaient la divinité du bébé couché dans la mangeoire. Rendre hommage à la sainteté, voilà le premier objet de l’encensement. Et le second : rendre visible les prières du peuple de Dieu qui montent vers lui : "Que ma prière devant toi, dit le psalmiste au Père, s'élève comme un encens, et mes mains, comme l'offrande du soir." (Ps 140, 2).
À la messe, l’usage de l’encens, abondant déjà dans la liturgie du Temple de Jérusalem, est de la même manière signe à la fois de révérence et de prière. C’est pourquoi sont encensés des objets : l’autel (signe du Christ), évangéliaire (et à travers lui surtout la Parole de Dieu), pain et vin (pour signifier l’offrande et leur future transsubstantiation), Saint-Sacrement (du fait de la présence réelle), statues et reliques éventuelles et… des personnes : évêque, prêtre, diacre, assemblée.
Une hiérarchie dans l’encensement
Cependant, il existe une hiérarchie dans l’encensement, par laquelle on souligne que la même vénération n’est pas exigée pour tous les objets du culte. L’évangéliaire et le Saint-Sacrement reçoivent trois coups, comme la croix, le cierge pascal ou les images et reliques du Sauveur. Les reliques et statues ne reçoivent eux que deux coups. Et pour les personnes ? "On encense par trois coups d’encensoir […] le prêtre et le peuple" dit la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR, § 277). C’est parce qu’il agit, dans la prière eucharistique, in persona Christi, que le prêtre est encensé de trois coups.
Malgré son humanité, ou à travers elle, c’est bien le Sauveur qui s’offre à tous. L’assemblée, quant à elle, est le corps du Christ et le temple de l’Esprit. C’est à ces titres qu’elle est l’objet de l’encensement. La tête et les membres du seul corps qu’est l’Eglise sont ainsi vénérés de la même façon. Même si, dans certaines paroisses, certains différencient trois coups doubles et trois coups triples, introduisant une hiérarchie qui n’existe nulle part.