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Des chefs-d’œuvre dans nos églises : Le Christ au jardin des Oliviers, par Eugène Delacroix

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Le Christ au jardin des Oliviers, Eugène Delacroix, 1827.

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Sophie Roubertie - published on 05/04/23
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Les églises recèlent des trésors. Certaines œuvres des plus grands artistes passent parfois inaperçues. À Paris, l’église Saint-Paul Saint Louis, dans le quartier du Marais, conserve une œuvre commandée à Eugène Delacroix. Elle illustre l’épisode de Jésus au jardin des Oliviers.

Quel événement Delacroix représente-t-il dans ce tableau ? Après la Cène et l’institution de l’Eucharistie, Jésus se rend à Gethsémani avec ses disciples. Il demande à Pierre, Jacques et Jean de venir avec lui pour prier. Les trois s’endorment, laissant Jésus seul face à l’angoisse des souffrances et de la mort à venir.  Il prononce ces paroles : 

"Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux." (Mt 26, 39).

Cette souffrance est déjà visible sur le visage de Jésus, tandis que son corps semble épuisé par les épreuves. Il sait qu’il va être arrêté. À côté de lui, trois anges éplorés sont issus de l’imagination du peintre, car les Écritures ne nous disent rien d’une présence angélique au jardin des Oliviers. Le geste du Christ est inhabituel. Quelle signification pourrait-on lui donner ? Un appel vers son Père, accompagnant la demande "s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi !" ? Ou repousse-t-il l’aide des anges, pour accepter sa Passion ?

La composition est audacieuse. Le Christ est au centre, nimbé de lumière, comme luttant pour ne pas tomber, les trois apôtres dorment à poings fermés, en bas du tableau, à peine visibles dans un espace assombri par de grands arbres. Dans le lointain, les soldats venus arrêter Jésus approchent déjà. 

Comment ce Delacroix s’est retrouvé là ?

En 1827, la séparation de l’Église et de l’État n’est pas encore intervenue. Delacroix est un jeune artiste. Il a 29 ans et a déjà été remarqué pour ses compositions audacieuses. Il est athée et ne s’en cache pas. Pourtant, c’est à lui que le préfet de la Seine passe commande du tableau pour le transept gauche de l’église Saint-Paul Saint-Louis. Il sera exposé au Salon, puis affecté à l’église prévue, où il se trouve toujours.

Pour Delacroix, il ne s’agira pas de la seule commande religieuse officielle, puisque l’on trouve aussi, parmi ses œuvres, une Pietà, peinte pour l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement quelques années plus tard.

La toile sortira de l’église en 1855 pour être exposée à l’occasion d’une rétrospective consacrée à Delacroix dans le cadre de l’exposition universelle, à la demande de l’artiste, qui devait la considérer comme importante dans son parcours. Il procèdera lui-même à quelques retouches et restaurations, rendues nécessaires par de mauvaises conditions de conservation. Le tableau sera classé au titre des monuments historiques en 1908. Une restauration complète a été réalisée en 2017.

Près de deux cents ans après sa création, l’œuvre continue d’inviter les visiteurs et paroissiens à méditer sur cet épisode peu représenté par les artistes, celui de Jésus en agonie. 

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