Un poème de George Herbert, un homme d'Eglise anglais du début du XVIIe siècle, décrit la prière comme un "souffle de Dieu en l’homme qui renaît, [...] le tonnerre inversé, [...] le sang de l'âme". Le poète évoque ces moments difficiles où nous sommes perdus, épuisés, où tout s'effondre autour de nous – et où nous avons besoin de quelque chose de plus grand que nous pour redevenir nous-mêmes. Quand nous sommes défaits, nous avons besoin d'être reconstruits. Nous avons besoin de la prière afin d'être recréés.
L'ouvrage intitulé Le Nuage de l'Inconnaissance (The Cloud of Unknowing), un grand classique spirituel du monde anglophone datant du XIVe siècle, regorge de très bons conseils pour savoir comment prier quand on est angoissé :
"Aussi donc, quel que soit le moment où tu te disposes à cette œuvre, et quel, le sentiment d'y être appelé par la grâce de Dieu : élève alors ton cœur vers Lui, avec un mouvement et un élan d'humilité et d'amour, dans la pensée du Dieu qui t'a créé, et racheté, et qui t'a gracieusement appelé au degré où tu es, n'admettant aucune autre pensée que cette seule pensée de Dieu."
La prière pourrait ressembler à cela : s'installer dans un endroit calme, essayer de s'apaiser autant que possible puis, dans un doux élan d'amour, dire : "Seigneur, Tu m'as créé, Tu m'as racheté et Tu m'as appelé à Toi, par ta grâce uniquement. Toi que j'espère, Toi que je cherche, Toi et rien d'autre que Toi". Le simple fait de réitérer ces paroles dans la prière apaise le chaos, nous renouvelle et nous régénère, car c'est la Vérité qui vient s'immiscer dans nos tourments.
La grande sainte Élisabeth de la Trinité était toute entière dévouée au mystère de la prière et nous encourage de sa ferveur :
"Ô mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, tout livrée à votre Action créatrice."