La perfection est une chose que nous poursuivons sans relâche. Nous voulons des notes parfaites, des vacances parfaites, le conjoint parfait, la maison parfaite… Mais souvent, notre perception de la perfection est elle-même imparfaite. En effet, lorsque Jésus nous commande d'être parfaits (Mt 5,48), Il ne nous demande pas d'être sans défauts ou de ne jamais commettre d'erreur. Car d'un certain point de vue, la perfection est impossible à atteindre sur cette terre.
Comme le dit le père Antonio Royo Marín, auteur de La théologie de la perfection chrétienne (1943) :
Comme on peut le constater dans la vie des saints, même lorsqu’on atteint les sommets de la perfection, on peut commettre des fautes et vivre des échecs. En effet, même quand les facultés de l'âme sont habituellement ordonnées vers Dieu, elles ne peuvent l’être de manière toujours parfaite, sans jamais être distraites […] Sur terre, il est impossible d'éviter toute imperfection.
L’homme ne peut rien faire de lui-même. Comme le dit le serviteur de Dieu, le père Pierre Semenenko (1814-1886) : "L'esprit humain en lui-même n’est rien. De lui-même, il n'a rien qui puisse donner à l'être humain la plénitude, le sens, la grandeur et la puissance, c'est-à-dire toute forme de perfection."
En essayant d'obéir à l'appel du Seigneur à être parfaits, nous nous y prenons souvent de la mauvaise manière. Nous acceptons le mensonge selon lequel nous devenons parfaits en apportant à Dieu nos vertus afin qu'Il les valide. Cependant notre attachement à nos propres vertus, nous empêche de compter sur Dieu – le seul qui puisse accomplir notre capacité à être parfait. Lorsque nous sommes dans le "perfectionnisme", préoccupés par nos propres actions ou notre propre bonté, nous neutralisons et annulons la bonté de Dieu. Nous rendons la miséricorde inutile.
Apporter notre faiblesse à Dieu
Alors que devons-nous faire pour devenir parfaits ? Nous devons apporter à Dieu notre faiblesse, notre incapacité, notre manque de bonté, notre misère – le désespoir auquel nous sommes confrontés en dehors de Lui. Quand nous cessons d’essayer de prouver combien nous sommes bons, quand nous nous réjouissons de notre propre faiblesse, quand nous prenons conscience de notre imperfection, nous sommes rendus parfaits par Dieu. C'est cette humble reconnaissance de notre faiblesse véritable qui pousse le Père à partager Sa perfection avec nous.
Comme le disait sainte Thérèse de Lisieux : "La perfection me semble facile. Je vois qu'il suffit de reconnaître son néant et de s'abandonner comme un enfant dans les bras de Bon Dieu."