Depuis la majestueuse capitale de la République tchèque, des cardinaux, évêques, religieuses, laïcs, hommes et femmes, ont partagé leurs craintes, leurs espoirs, leurs attentes sur l’Église, sans tabou. Le mot d’ordre de ces journées ? L’écoute. Une attitude plutôt "confortable", a estimé Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, venue avec une délégation de deux femmes et un évêque. D’ailleurs, à la lecture du brouillon du texte de synthèse, certains, comme le Luxembourg ou l’Allemagne, ont déploré le manque de "propositions courageuses". Mais le moment des prises de décision n’est pas arrivé, ont souligné les organisateurs de l’événement. "Ce n’est pas le but de ce synode, nous n’allons pas proposer des solutions aux problèmes", a ainsi averti Mgr Gintaras Grušas, président du Conseil des conférences épiscopales européennes.
Dans les assemblées générales et dans les petits groupes linguistiques, on a donc prôné l’écoute inconditionnelle et l’accueil de l’autre, comme premier pas de ce Synode dédié à la synodalité. Une attitude qui est d’ores et déjà appelée la "méthode synodale", et que de nombreux participants ont appréciée. Cathy et Claude Brenti, représentants du réseau du renouveau charismatique Charis, trouvent ainsi que cette intuition est "géniale pour rapprocher des gens dans les paroisses, dans les diocèses : on peut avoir les traditionalistes d’un côté et l’Action catholique de l’autre, qui pour une fois ont dû se parler, au niveau national et continental". "C’est un don de rester ensemble dans la diversité, glisse Tetiana Stawnychy, présidente de Caritas Ukraine. Ici on laisse l’autre dire quelque chose sans le juger, juste en écoutant et en réfléchissant sur cela." "Ce n’est pas juste une conférence, nous faisons ce dont nous parlons, nous faisons vraiment le chemin synodal", assure-t-elle, convaincue. Un chemin qui demande d’être "authentique" et d’accepter de "montrer sa vulnérabilité".
"Trouver ce qui nous unit et non ce qui nous sépare"
Pour le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode, c’est historique : "C’est la première fois qu’on se parle vraiment, entre chrétiens de l’Europe centrale, de l’Europe de l’Est et de l’Europe occidentale", s’est-il félicité en conclusion des travaux. En avertissant toutefois ceux qui attendent des décisions concrètes : "Ce n’est pas un synode sur l’homosexualité, ce n’est pas un synode sur le sacerdoce des femmes. (…) Je ne dis pas que ce ne sont pas des sujets importants, mais ce n’est pas ce synode." Face aux oppositions exprimées parfois fortement en assemblée, le cardinal Juan José Omella a vu la nécessité de "faire un effort de communion, trouver ce qui nous unit et non ce qui nous sépare". Mais pour l’archevêque de Barcelone, l’essentiel est d’abord d’être "centrés sur le Christ", "unis au Christ, au Pape et entre nous". C’est seulement à ce prix que la communion "est possible", a-t-il affirmé.
À présent, du 10 au 12 février, les présidents des conférences épiscopales sont réunis à huis clos pour une réflexion sur ces journées. Ils devraient eux aussi émettre leurs propres conclusions, qui seront jointes au texte de l’assemblée générale, sans le modifier. Comme toutes les autres assemblées continentales, les conclusions seront envoyées à Rome qui se prépare à sa grande assemblée synodale d’octobre prochain.