Dès son enfance, Stéphanie Lefebvre rêvait de faire de la musique. À 15 ans, elle commence à jouer et à chanter dans les pianos-bars, et apprend un répertoire musical très large, allant du jazz à la variété française et anglosaxonne. Elle se forme ensuite dans une école de variété, Les Studios Alice Dona - l’ancêtre de la Star Academy – et participe à une master class de composition musicale avec Francis Cabrel. Petit à petit, tout en continuant à se former auprès des professionnels du métier, elle se fait connaître par le public. Ce sera notamment une soirée au cabaret "Aux Trois Mailletz » à Paris qui lancera sa carrière.
C’est ainsi qu’en 2000, elle se retrouve dans les studios Sony Music et signe un contrat avec le label Epic, qui la projette sur une collaboration longue d’au moins cinq albums. Chance rarissime et incroyable, il s’agit du même label que celui qui produit Michael Jackson. Très vite Stéphanie, sous le nom d’artiste Lauren Faure, sort son premier album Regards de Femme. Elle commence à chanter avec des artistes déjà installés, comme Patrick Fiori et Isabelle Boulay, à faire des premières parties de concerts, à se produire dans des émissions télévisées, et à passer à la radio. Après ces débuts prometteurs, la jeune chanteuse sent que sa carrière va enfin décoller. C’est là cependant que tout bascule.
Tout explose, tous mes repères, sur un terreau qui était déjà malade et souffrant.
"La crise du marché du disque arrive sur l’Europe et sur la France. Il y a une baisse des ventes, de nouveaux moyens d’avoir accès à la musique, les téléchargements illégaux. Cela bouscule complètement l’industrie du disque qui n’avait pas du tout anticipé cette crise", confie-t-elle à Aleteia. Ceux qui pâtissent le plus de cette crise, ce sont les artistes pas encore très bien installés. Les majors de l’industrie musicale commencent à fusionner, comme Sony Music avec BMG, et elle perd son contrat, comme beaucoup d’autres artistes en développement. À 29 ans, "c’est comme un licenciement, un gros bouleversement et donc la fin d’un rêve" raconte-t-elle. Au même moment, sa mère tombe malade, d’une maladie neurodégénérative, sans traitement : la maladie de Charcot. C’est un passage douloureux pour la jeune chanteuse : "Tout explose, tous mes repères, sur un terreau qui était déjà malade et souffrant."
Sa conversion spirituelle
Ce tournant fut une grosse déception pour la jeune artiste. C’est après cette rupture difficile qu’elle se tourne vers Dieu et frappe à la porte de la Cathédrale de Senlis. Bien que baptisée enfant, Stéphanie avait grandi dans un milieu peu fervent, avec une mère révoltée contre Dieu et un père qui croyait par "convenance". Cependant, ce mercredi saint 2007, elle se tourne vers Dieu et commence à apercevoir un chemin. Au cours de l’année, elle devient chrétienne, demande les sacrements et fait sa première communion un an plus tard, au moment de la Vigile pascale.
On n’est jamais en retard avec Dieu. Il nous saisit au moment où on en a besoin
Deux jours plus tard, le lundi de Pâques, sa mère - qui avait suivi son cheminement et vécu une réconciliation avec Dieu - est rappelée au Ciel. "Ce fut une expérience fondatrice pour moi, de mort et de résurrection, autour de Pâques" confie-t-elle. "On n’est jamais en retard avec Dieu. Il nous saisit au moment où on en a besoin et c’est à ce moment précis de ma vie que j’avais besoin de cette force et de ce signe qui vient de Lui, par l’Eucharistie."
Sa reconversion professionnelle
Stéphanie vit ainsi une forte conversion spirituelle, mais dans le même temps, elle se demande quel sens elle va donner à sa vocation de musicienne. Quelques années auparavant, au cours des Victoires de la Musique, elle avait entendu la chanteuse Zazie, sur scène, parler d’un projet entre un hôpital et une maison de disque. "J’entends prononcer le mot musicothérapie et là c’est une sorte de révélation" dit-elle à Aleteia. À ce moment-là, le mot résonne très fort en elle. Elle décidera ensuite de suivre une formation à l’école de musicothérapie. "La musique et le chant ont toujours représenté pour moi un moyen de résilience et d’expression. Ils m’ont toujours donné de la force dans les moments difficiles de ma vie. S’ils avaient été bénéfiques pour moi, il était clair qu’ils pouvaient être thérapeutiques pour d’autres, à fortiori des personnes malades ou en situation de handicap."
C’est ainsi qu’en 2007, elle commence à travailler comme musicothérapeute dans le milieu hospitalier et notamment avec les personnes atteintes d’Alzheimer et les enfants nés prématurément. Avec la musicothérapie, elle utilise la musique sous toutes ses formes – de sa voix au ukulélé, du piano aux percussions – en cherchant à rompre l’isolement de la personne, à lui apporter un soutien psychologique et à stimuler la communication.
Stéphanie remarque que les séances de musicothérapie avec les personnes atteintes d’Alzheimer, "leur procurent un vrai plaisir, et crée une expérience de communion. Faire de la rythmique sur des musiques déjà existantes ou sur des improvisations, c’est stimulant pour eux parce que ce sont des personnes qui peuvent être dans l’apathie et dans le manque de motivation" explique-t-elle. "Puisqu’elles peuvent être atteintes sur le plan des facultés du langage, elles perdent l’usage des mots, de la syntaxe. En revanche, l’écoute musicale et le chant sont des tâches qu’elles peuvent réaliser, même à des stades avancés. Cela les rend compétentes et leur procure de la vraie joie parce que, dans ces tâches-là, elles y arrivent !"
Stéphanie travaille également dans le service de néonatologie, où elle accompagne les enfants prématurés - parfois même nés au sixième mois et demi de grossesse - et qui se retrouvent dans un contexte hyper médicalisé et technicisé. Au cours de ces premiers mois fragiles, elle encourage les parents à apporter la musique dans le quotidien de l’enfant. Pour eux aussi, c’est souvent un moment de ressourcement et de repos de l’esprit. Les séances se vivent avec le bébé, en peau à peau, avec la mère ou le père. « Ils peuvent vivre ainsi une expérience de synchronisation. Ils vivent et perçoivent la même chose en même temps, et de fait, leur rythme physiologique s’accorde avec la musique et s’accorde entre eux » raconte-t-elle. Les bébés vont ainsi réagir à l’écoute de la musique et s’apaiser.
"Chantez des chants nouveaux"
En parallèle Stéphanie Lefebvre découvre la louange dans la Cathédrale de Senlis, commence à animer des messes, des veillées pour sa paroisse et à se former à la liturgie. Cependant, elle sait au fond d’elle qu’elle souhaite aller plus loin. En effet, ce besoin d’écrire, de composer et d’exprimer sa créativité sont toujours là présents en elle. Ainsi, se laissant inspirer par la Parole de Dieu, qui devient de plus en plus vivante, elle écrit des chansons. Elle lit un jour dans la Bible que Dieu appelle à créer des chants nouveaux et elle parvient "à en faire un peu son miel". En 2015, elle sort son premier album chrétien Aimer, suivi de L’armure en 2018 — où elle chante une chanson en duo avec Grégory Turpin — et enfin en 2021, son dernier album Missionnaire sans bateau. "Je pense que le Seigneur nous donne aussi cet outil, la musique, pour pouvoir continuer à éprouver de la joie et à être en relation les uns avec les autres", affirme-t-elle. Enthousiasmée par son métier, Stéphanie sait que des chemins nouveaux s’ouvriront encore dans son cœur et dans celui des autres, grâce à la musique.