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Vœu de lenteur pour commencer. Un internaute a posté son amour de la lenteur ainsi : "J’ai été dépassé par ceux qui voulaient aller plus vite, qui voulaient arriver plus tôt, qui voulaient réussir plus haut... Je me suis souvent retrouvé esseulé car je me suis arrêté bien des fois, pour caresser l’herbe verte, sentir une fleur, sourire à une bête... Mais j’aurais le sentiment d’avoir vécu une vie où la lumière aura été réelle, où l’amitié aura été profonde, où la joie aura été palpable...". En regardant les personnages immobiles de ma crèche, cette tradition géniale inventée par saint François d’Assise, je ressens ce même désir de lenteur. La lumière, l’amitié, la joie, je les trouve représentés dans les santons de ma crèche. Inspirés par l’Évangile de la Nativité ou imaginés par la tradition, ils exercent sur moi un pouvoir mystérieux : celui de convertir l’homme agité bien de mon siècle en mendiant de lenteur. L’autre jour, une infirmière à domicile, pressée par son agenda, est tombée en arrêt devant notre crèche. Émue jusqu’aux larmes, elle l’a photographiée... La lenteur n’est pas qu’une vertu de tortue. Elle fait des petits miracles au détour d’une crèche.
La douceur des doux qui possèdent la Terre
Vœu de douceur ensuite. Le quotidien La Croix a eu l’idée détonante et anticonformiste par rapport au fracas médiatique habituel, de faire l’éloge de la douceur en couverture et sur plusieurs pages. Le journal a sans doute été inspiré par le 400e anniversaire de la mort de saint François de Sales, figure catholique imposée de la douceur évangélique. À moins qu’il ne l’ait été par la nouvelle mise au point du pape François, adressée le 22 décembre lors de ses vœux de Noël, à la curie romaine : après avoir comparé le conservatisme au refus de se convertir à l’Évangile et à une forme d’hérésie, il s’est excusé de son manque de douceur à son égard, précisant toutefois qu’« il est bon de réserver les caresses aux personnes fatiguées et opprimées". Si la douceur est souvent associée à la mièvrerie, spécialement dans la religion, on peut compter sur le Pape pour tordre le cou à cette vision. La douceur évangélique de la crèche est aussi très éloquente : elle est celle d’un couple de sans-logis ; elle est celle de bergers crottés jusqu’au cou ; elle est celle d’un enfant né sur la paille. C’est une douceur sans amertume, sans colère, sans énervement : la douceur des doux qui possèdent la Terre (Mt 5, 5) ; des doux, héritiers de la Promesse.
Vœu d’humour enfin ! Noël, réfléchissons bien ! Dieu n’éclate-t-il pas de rire quand il nous voit déboussolés, de siècle en siècle, par son idée de faire naître son Fils dans une étable à bestiaux ? Il aurait été tellement mieux adapté à notre pensée humaine, à nos rêves de grandeurs et à nos avidités païennes de magie, qu’Il naisse dans des draps de soie et sous un baldaquin ! Mais l’humour de Dieu est incommensurable : non seulement il confond les chrétiens toujours à la peine pour suivre l’étoile du Berger, mais il ridiculise les chasseurs de crèches publiques se réclamant d’une laïcité aussi sèche qu’une saucisse. Petitesse et bêtise ! Comme si une crèche louant une solidarité millénaire avec les exclus menaçait plus l’esprit public que les enseignes publicitaires aguicheuses qui idolâtrent le “pognon” et la marchandise ? Oui, Dieu rit certainement du charivari créé par Noël dans notre univers sens dessus dessous. Et si nous prenions au sérieux Son humour, jamais corrosif, toujours clément ? Comment ? En riant de nous-mêmes ! Et de bon cœur ! Car si ne pas tout savoir n’est pas un drame, en revanche, ne plus savoir s’émerveiller, ne plus savoir sourire comme les sujets de la Crèche, en est sûrement un.