Sous la houlette de la passionnée de sport Isabelle de Chatellus, une équipe « Église et Jeux Olympiques 2024 » a été mise en place par l'Église catholique en France pour donner une dimension spirituelle aux futurs grands rassemblements sportifs comme les Jeux de Paris. Cela commence par prier pour les personnes impliquées : une prière spéciale a donc été rédigée.
Mais des événements sportifs ont lieu avant, le plus grand de tous étant la Coupe du monde de football au Qatar. Parce que ce comité a à cœur de prier pour les athlètes, des jeunes de l’équipe ont proposé à tous ceux qui seraient partants de porter librement dans la prière les footballeurs qui disputent la compétition. Chacun choisit ses intentions selon ses élans du cœur, que ces joueurs soient croyants ou non, Français ou d’une autre sélection, et échange des informations sur la manière dont la Coupe du monde se déroule au-delà de l’aspect sportif : fair-play, état de santé des athlètes, cohésion au sein des équipes et parmi les supporters… Le groupe a à cœur de prier pour soutenir et affermir dans leur témoignage les footballeurs ayant la foi, dans un pays peu respectueux des droits de l’Homme et où l’expression du christianisme est muselée.
Pourquoi prier en groupe ?
Ces personnes qui se réunissent viennent de différents horizons : groupes d’église de différentes confessions, jeunes et moins jeunes, bon connaisseurs ou non du foot, Français ou étrangers. Alors, pourquoi prier en groupe ? D’abord parce qu’elles croient dans le pouvoir de la prière, qui rassemble même à distance et transcende le temps et l’espace, créant un lien invisible avec les athlètes sur le terrain. Ensuite, ces grandes compétitions mondiales, avec la pression qu’elles mettent sur les joueurs, font que spontanément, beaucoup s’en remettent à Dieu ; et leurs supporters avec eux. C’est la traduction en temps de paix de la formule « Pas d’athée dans les tranchées », qui signifiait que les contextes de vie ou de mort ravivent la pratique religieuse. Une fenêtre de tir pour trouver des intentions et proposer la prière !
Le football, qui fait naître tant d’émotions, positives ou négatives, au sein des peuples, pourrait-il être un champ d’action spirituel ? Pour ces volontaires, il est même nécessaire aux chrétiens de rejoindre le football, comme les y incite le commandement de St Paul : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent. » (Romains 12, 15), repris comme ligne de conduite par la paroisse d’un participant. Souvent ils ont les mêmes désirs de réussite de leur équipe que leurs compatriotes, mais vont plus loin, et veillent à favoriser l’harmonie. Dimanche, avant le match contre le Maroc, une participante écrit au groupe: « Je pense qu’il nous faut prier avec ferveur jusqu’à mercredi pour que ce match soit l’occasion d’une plus grande unité … et non pas ce qu’il risque d’être en dehors du terrain: l’expression d’une haine si souvent palpable… ».
Prier au rythme de l’actualité sportive
Les manières de le faire sont aussi diverses que les outils de prière : chapelet, messes spéciales, efforts sportifs offerts, action de grâce… Enfin, les demandes ne sont pas que générales, et les souhaits très concrets, au gré des matchs, alimentés par une réflexion spirituelle qui vient ajuster les mouvements du cœur vers ceux souffrant de blessures, pour les équipes qui ont perdu, pour ses équipes favorites, comme parfois pour les équipes adverses. Ainsi, certains ont prié pour le Brésilien Neymar qui s’est blessé contre la Serbie, pour l’Américain Christian Pulisic à l’hôpital après le match contre l’Iran, pour qu’untel puisse marquer un but… ces dernières étant parfois exaucées - parfois non, sans que la demande initiale n’en soit vaine. Et c’est donc le but de les noter au fur et à mesure : être en mesure de relire l’action de Dieu selon des yeux spirituels.
Si depuis longtemps, des supporters ont prié pour leurs joueurs et leur équipe, l’idée de laisser une trace collective permet de rendre témoignage de la force de la prière, avec l’espoir que les joueurs pour qui l’on a prié l’apprennent et comprennent que la communion spirituelle dépasse les limites du terrain. Et, côté supporters, quoi de mieux que de mettre au centre la prière pour vivre la Coupe du monde différemment ?