Les chrétiens d’Inde sont de plus en plus soumis aux persécutions. C’est le douloureux constat que fait l’organisation United Christian Forum (UCF), basée à New Delhi, dans un communiqué de presse daté du 26 novembre. Au total, 511 actes de violence ont été perpétrés contre les chrétiens — toutes confessions confondues —, entre janvier 2021 et novembre 2022, selon celle-ci. L’an dernier sur la même période, 505 faits anti-chrétiens avaient été recensés.
Quatre provinces indiennes sont considérées par l’organisation comme étant les "pires endroits" pour les chrétiens du pays : au nord de l’Inde, l'Uttar Pradesh comptabilise 149 atteintes, suivi par le Chhattisgarh au centre qui en signale 115. Au sud, le Tamil Nadu et le Karnataka sont également considérés comme dangereux, avec 30 incidents chacun. L’ensemble de ces chiffres contredisent la version officielle établie par les responsables fédéraux, pour lesquels il n’y a pas de persécutions généralisées mais simplement des incidents isolés impliquant des groupes marginaux.
L’organisation dénonce par ailleurs l’impunité dans laquelle sont commis l’ensemble des crimes et délits contre les chrétiens. Selon elle, la police est tout à fait inefficace pour ne pas dire complice, accusée de fermer les yeux sur les lynchages et les violences commises par des extrémistes hindous, qu’il s’agisse d’attaques sur les biens ou sur les personnes.
Le christianisme en Inde broyé par le rouleau compresseur hindou
Le nationalisme hindou, incarné par le parti du Premier ministre Narendra Modi, prend régulièrement pour cible les minorités chrétienne et musulmane du pays. Ce dernier a fait de la primauté de la religion hindoue son principal combat. Le discours et les mesures prises pour l’appliquer dans la vie quotidienne se sont progressivement durcis.
Les chrétiens, majoritairement protestants, représentent 2,3% de la population totale de l’Inde, soit 30 millions de personnes sur les 1,3 milliard d’habitants. Bien que présents depuis le IVe siècle, ils font l’objet de mesures foncièrement discriminatoires de la part des autorités gouvernementales et fédérales. Plusieurs Etats indiens ont notamment adopté des lois dites "anti-conversion". Ainsi en est-il par exemple de l'État du Karnataka, au sud-ouest, qui a promulgué en mai 2022 une ordonnance encourageant les citoyens hindous à s’opposer d’eux-mêmes aux conversions. Celles-ci sont désormais soumises au consentement du gouvernement, sous peine de sanctions. Les chrétiens sont par ailleurs régulièrement accusés de pousser les hindous à se convertir et réprimés pour cela : le 25 décembre 2021, le gouvernement Modi avait par exemple interdit aux Missionnaires de la Charité de recevoir des fonds étrangers, les accusant d’inciter les hindous à se convertir.
S’ajoutent à cela des actes d’une rare violence. Agressions physiques, meurtres, violences sexuelles, actes de profanation dans les églises… Les chrétiens sont de plus en plus marginalisés et ne peuvent pas vivre leur foi dans la tranquillité.