La fin de vie à marche forcée. À peine l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la fin de vie rendu (favorable à une éventuelle légalisation du suicide assistée sous de "strictes" conditions, ndlr), Emmanuel Macron a annoncé ce mardi 13 septembre le lancement d’une consultation citoyenne. Cette convention citoyenne, organisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), sera "constituée dès octobre" et rendra ses conclusions en "mars 2023", a indiqué l'Élysée dans un communiqué.
Des débats seront aussi organisés par les espaces éthiques régionaux dans les territoires "afin d'aller vers tous les citoyens et de leur permettre de s'informer et de mesurer les enjeux qui s'attachent à la fin de vie", a ajouté la présidence. Des consultations seront menées également avec les équipes de soins palliatifs qui sont régulièrement confrontées à la fin de vie, a-t-elle précisé. Le gouvernement engagera parallèlement un "travail concerté et transpartisan" avec les députés et sénateurs, a également souligné la présidence.
Craintes d'un simulacre de débat
Le chef de l’État n’exclut ni une issue par la voie parlementaire, ni un référendum, qui serait le premier depuis son arrivée à l'Élysée en 2017. Le débat doit "donner à chacun de nos concitoyens l'opportunité de se pencher sur ce sujet, de s'informer, de s'approprier la réflexion commune et de chercher à l'enrichir", précise encore l’Élysée. "Le temps nécessaire sera pris, et toutes garanties doivent être données pour assurer les conditions d’un débat ordonné, serein et éclairé."
Échaudés par le simulacre des États généraux de la bioéthique qui ont précédé les débats et le vote de la loi de bioéthique, de nombreux observateurs et professionnels du milieu s’inquiètent de ce à quoi va ressembler, dans les faits, cette convention citoyenne sur la fin de vie. "C’est à se demander si Emmanuel Macron ne verrait pas les conventions citoyennes comme un moyen perlimpinpin pour "construire un consensus", selon son expression", s’interrogeait ainsi Blanche Streb, docteur en pharmacie, sur Aleteia. Pour Erwan Le Morhedec, auteur de Fin de vie en République (Cerf, 2022), "ce ne sont que des habiletés politiques". Elle inspire aussi de la méfiance à Henri de Soos, auteur de L’Impasse de l’euthanasie (Salvator, 2022) : "Si elle doit avoir lieu, il faudra être extrêmement vigilant, d’une part sur le recrutement des participants, d’autre part sur la façon dont elle fonctionnera."