Dans un beau développement sur le sens de la mort en régime chrétien, l’apôtre Paul s’exclame : "Ô Mort, où est ta victoire ?" (1Co 15, 55). Une question qui n’a pas fini de se poser à chacun : la mort est-elle le signe d’un échec ? L’avorton de Dieu continue : "Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue." (1Co 15, 57-58).
Disciple du Christ ressuscité, Paul comprend que la mort n’est pas la fin de la vie, et donc son forfait, mais au contraire la voie d’accès à la vie éternelle. Mourir, pour peu que ce soit en union avec Jésus, c’est, avec lui, vaincre les ténèbres. Les premiers chrétiens ne s’y sont pas trompés. Dès les premières persécutions, à Jérusalem, les disciples du Christ persécutés sont considérés comme des vainqueurs. Par leur témoignage - traduction du mot grec "martyre" - ils montrent au grand jour la victoire de la vie sur la mort par la foi en Jésus ressuscité.
Une religion de l'incarnation
Pour exprimer cela, parce que la religion chrétienne est celle de l’incarnation, un symbole aux diverses résonances : la palme. C’est elle qui, dans le monde juif, est agitée à Soukkot, lorsque le peuple hébreu célèbre le Messie sauveur. Une fête que le Seigneur a choisie pour son entrée dans Jérusalem, le jour des Rameaux. Ses disciples l’ont cru alors victorieux d’une forme d’oppression politique, ils comprendront plus tard que sa victoire était plus essentielle encore. Une palme enfin, dans cet univers antique des jeux, qui est l’attribut du vainqueur d’une épreuve et avec laquelle il fait son tour d’honneur dans le stade.
Leur stade fut celui de l’existence humaine, leur épreuve celle de la persécution, leur attribut la ferme confession de la foi. Entrés dans la vie éternelle, les martyres ont gagné, par les mérites du Christ, la palme de la victoire. Celle avec laquelle ils sont si souvent représentés dans l’iconographie.