Le hasard (j’appelle par commodité « hasard » un ami de passage) vient de me faire découvrir un livre limpide, solide et rempli d’espérance : La France et la Foi, d’Éric Huret (Éditions Sydney Laurent). « Ce livre, écrit l’auteur, est né du besoin de guérir une tristesse, la nostalgie d’un rêve d’enfant qui s’est effondré. Car je croyais que la France était encore chrétienne ! Qu’elle l’était comme mes parents étaient chrétiens, et mes professeurs, comme les rois de l’Histoire de France, et comme le général de Gaulle… » Une telle première phrase ne pouvait que plonger un lecteur de ma génération dans une redoutable connivence avec celui qui l’avait écrite. Comme nous sommes nombreux à avoir cru, enfants, que la France était un pays de chrétienté ! Et comme le deuil de cette certitude aura été long à faire : une vie, au vrai, n’y aura pas suffi ! Mais, et c’est la force de La France et la Foi, au-dessus de tout deuil, nous savons, nous chrétiens, qu’il y a l’espérance.
La vie est un combat
Le livre dit tout cela. Il commence par un constat de déchristianisation établi en une centaine de pages, constat d’une précision clinique (la quatrième de couverture nous apprend qu’Éric Huret est polytechnicien), constat sans complaisance, mais sans acrimonie. Les ruptures, la sourde tectonique des plaques mentales, la naissance d’un nouvel ordre moral sont présentées non pas comme des glissements inévitables, mais bien comme des combats : nous songeons au « Combat pour Dieu » dont Daniel Rops a fait le titre d’un des volumes de son Histoire de l’Église. « La vie est la vie, disait De Gaulle, notre dernier roi chrétien, et donc la vie est un combat, pour une nation comme pour un homme. » S’il en était resté là, l’essai d’Éric Huret aurait eu un certain intérêt, celui de mettre un peu de philosophie dans les analyses de Jérôme Fourquet. Mais le livre n’en reste pas là.
Parce qu’il est chrétien, Huret va beaucoup plus loin. Il dit — mieux, il montre —, et avec des accents mauriaciens, que la France d’aujourd’hui est « peut-être plus chrétienne qu’à des époques où l’Église tenait le haut du pavé, et peut être plus fidèle à sa mission qu’elle ne l’a jamais été ». Il faut oser penser cela, et il faut aussi pouvoir le prouver. J’écrivais la semaine dernière dans Aleteia : « Qui peut affirmer qu’il y a moins de vrais chrétiens dans la France de Macron qu’il n’y en avait dans celle de Louis XIII ou de Charles X ? » Le livre de Huret, décoré d’un trait, m’a conforté dans cette intuition.
La France et la Foi, par Eric Huret, Éditions Sydney Laurent, juillet 2021, 168 pages.