Au sommet des monts tibétains, retirés du monde, le photographe Vincent Mugnier et la réalisatrice Marie Amiguet ont embarqué Sylvain Tesson à la recherche de la fameuse panthère des neiges. Une quête véritablement vertigineuse au milieu du silence et des animaux innombrables. Car nous sommes entre 4.500 et 6.000 mètres d’altitude, avec plateaux, vallées, lignes de crêtes à perte de vue...
Dans ce film, les trois passionnés de voyages et d’aventures vivent ici l’attente, l’observation et le risque de voir leur espoir s’évanouir. Malgré tout, l’écrivain agité garde un enseignement précieux au fond de lui : prendre le temps de contempler la nature et tous ses vivants... comme une manière d’honorer le monde et de mieux l’aimer.
La beauté comme véritable spectacle
Après deux séjours de trois semaines pour faire des repérages, le jour du tournage débute enfin. Mais la recherche de la panthère des neiges semble être à l'image d'un doux songe... un fantasme symbolique auquel s’accrocher pour supporter les conditions climatiques. Là-bas, les températures avoisinent les -35° la nuit et -9° les beaux jours, sans compter le danger de s’immerger dans cette nature sauvage.
Au-delà de la rencontre espérée entre Sylvain Tesson et l’animal a lieu celle de l’écrivain et du photographe, deux hommes bien différents mais animés par le même amour de l’authenticité et de la poésie. Le film est d'ailleurs accompagné de leurs échanges, de la voix-off de l'écrivain et de la musique de Warren Ellis et Nick Cave, quand ce n’est pas le cri des animaux ou un célèbre chant russe psalmodié par l’écrivain.
La nature est ici reine, imprévisible et grandiose. On prend part à l'ingéniosité des voyageurs pour s’y fondre, à leur délicatesse pour la contempler. Les images sont saisissantes, comme une véritable immersion dans le mystère du règne animal en totale harmonie avec ce qui l'entoure. Les paysages sont tour à tour menaçants et splendides, avec au cœur l’attente, la patience et l’espérance de la rencontre. Autant d’occasions pour l’écrivain de nourrir ses réflexions, tantôt spirituelles : "Attendre était une prière, et l’arrivée de la bête était l’apparition", tantôt pragmatiques : "L’affût était un mode opératoire mais à mon retour il faudra que j’en fasse un style de vie". La quête de l’animal mythique et rare se fait l’écho de la quête la plus noble de l’Homme quand il cherche à sonder à quoi tiennent l’émerveillement du monde et la foi. "Sa fourrure était une nacre aux reflets bleus. Pour cela on l’appelait panthère des neiges : elle arrivait comme la neige, silencieuse, et se retirait à pas de feutre, fondue dans la roche."
Ce film vaut plus qu’une dizaine de fictions.
Vincent Mugnier cherche la panthère depuis six ans quand il décide de faire ce film. Une quête, à rebours du monde moderne, où tout doit être immédiat et certain. Et quand, au fil de leur quête — alors qu'ils croisent des ours, des loups, des gazelles du Tibet — les voyageurs semblent perdre espoir c'est là que le miracle survient ! Une vision encore plus incroyable que tout ce qu'ils avaient imaginé. Ce film vaut plus qu’une dizaine de fictions. Rechercher la beauté avec autant de respect et d’humilité — car dans cet immensité, les trois aventuriers ne se sentent pas grand chose —, et nous faire part de cet exploit, est même un cadeau qu’ils nous font.
La panthère des neiges, de Vincent Mugnier et Marie Amiguet, avec Sylvain Tesson, 1h32, en salles le 15 décembre.