"J’ai compris que nous ne pouvions pas aller à la messe en laissant sur le parvis notre colère ou notre tristesse. Non ! Le Seigneur nous demande de venir vers Lui avec tout notre être", confie Edwige Billot, auteur de l’ouvrage Et si les saints nous coachaient sur nos émotions ? (Téqui). Passionnée à la fois par la dimension psychologique de l’homme et par les témoignages des saints, elle est convaincue que ces derniers ont saisi à quel point Dieu désire nous rejoindre au cœur de nos émotions. Si elles peuvent nous faire trébucher, elles peuvent aussi, à l’instar des saints, permettre de grandir et de prendre de bonnes décisions.
Mettre son cœur en garde
Connu pour sa douceur, saint François de Sales apporte un précieux témoignage exhortant à réprimer les premiers mouvements de la colère. "Montagnard au tempérament assez sanguin et bien trempé, il apprit si bien à se maîtriser qu’avec la grâce de Dieu, il devint un modèle de patience et de douceur", assure Edwige Billot. Saint François de Sales définit la colère comme une boursouflure du cœur, souvent accompagnée d’un "appétit de vengeance".
Selon son expérience, le meilleur remède contre la colère est de s’exercer régulièrement à la douceur et de mettre son cœur en garde : si nous sommes capables de reconnaître notre colère avec calme et douceur, nous serons bien plus aptes à la maîtriser et à ne pas la laisser exploser. "Au premier ressentiment, ramasser promptement ses forces non pas brusquement ni impétueusement, mais doucement et sérieusement", écrit l’auteur de l’Introduction à la vie dévote. Voici la prière qu’il a écrite afin de demander l’aide du Seigneur pour trouver le chemin de la douceur lorsque la colère "s’allume en lui". Une prière à réciter aussi bien dans les moments de paix qu’au seuil de la colère.
"Ô Seigneur, avec Ton aide, je veux m’exercer à la douceur dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes. Dès que je m’apercevrai que la colère s’allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la Paix. Sachant que je ne peux rien seul, je prendrai soin de T’appeler au secours, comme le firent les Apôtres ballottés par la mer en furie.
Enseigne-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m’offensent ou me sont opposés, et jusqu’avec moi-même, ne m’accablant pas à cause de mes défauts. Quand je tomberai, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : "Allons, mon pauvre cœur, relevons-nous et quittons cette fosse pour toujours. Recourons à la Miséricorde de Dieu, Elle nous viendra en aide"". Ainsi soit-il.