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« Soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit ». Voici l’étonnante nouvelle qu’un ange proclame à quelques femmes qui étaient venues au tombeau pour embaumer le corps du défunt. Plus tard, deux autres disciples arrivent. Ils trouvent le tombeau vide et les linges posés à plat. Le message n’est pas évident... Au moins pour les apôtres qui, pour le coup, s’enferment dans le cénacle par peur des juifs et n’osent plus en sortir.
Qu’est-il arrivé ? En quoi tout cela nous regarde, les couples en particulier ? La Résurrection n’est pas immédiatement facile à comprendre, car elle n’appartient pas au domaine de nos expériences humaines. Ce n’est pas comme Noël : même un non-croyant est facilement touché par l’enfant né dans la grotte de Bethléem. Tout le monde peut comprendre la beauté d’un Dieu tout-puissant qui se fait petit et qui devient l’un de nous pour que nous ne soyons plus seuls. Mais la Résurrection, qu'est-ce que c'est ?
Même sans le savoir, l’homme cherche la vie éternelle. Quelque chose en nous indique que la vie d’ici-bas ne peut pas être notre tout.
Depuis toujours, l’homme fait tout ce qu’il peut pour se dépasser lui-même, pour aller au-delà de ses limites. Il veut aller toujours plus vite, plus haut, plus loin, il veut toujours être plus riche, éprouver plus de plaisir, et tout cela toujours de plus en plus facilement… Ainsi, la science veut rendre l’homme immortel et invulnérable. Elle veut répondre à son rêve d’aller jusqu’au bout de l’univers.
Pourquoi ? Parce qu’il y a en lui le goût de l’infini, ce qu’un chrétien comprend facilement : même sans le savoir, l’homme cherche la vie éternelle. Quelque chose en nous indique qu’avec ces limites, la vie d’ici-bas ne peut pas être notre tout. Nous avons été créés pour plus que cela. Mais avec tous les efforts possibles, notre monde n’arrivera jamais à nous offrir plus qu’un monde 2.0 : Un monde où tout ira plus vite, mais qui restera un monde fini et limité aux contraintes de l’espace et du temps.
L’’homme ne peut pas se sauver tout seul. Il ne se suffit pas, et la vie de couple en est un témoin. Quelque chose d’imperceptible semble manquer à la recette de la plénitude.
La littérature du XXe siècle, notamment avec Franz Kafka, nous a offert des paraboles qui nous annoncent que l‘homme finira par échouer. Il n’y a pas de justice absolue, il n’y a pas d’issue de ce monde. Et l’intuition n’est pas fausse : l’homme ne peut pas se sauver tout seul. Il ne se suffit pas, et la vie de couple en est un témoin. Trop souvent, nous sommes confrontés à nos limites. L’harmonie à deux est fragile, quelque chose d’imperceptible semble manquer à la recette de la plénitude. Oui, l’homme à besoin d’être sauvé. Le tombeau est peut-être une bonne image d’un monde trop étroit, qui ne peut pas nous offrir un bonheur qui soit à la hauteur de notre attente. L’homme a besoin de sortir de son tombeau. Mais il est mortel, et le tombeau est fermé.
Noël est la fête où nous célébrons un Sauveur qui a réussi à entrer dans notre tombeau. Un Dieu qui s’est fait l’un de nous, pour que nous ne soyons jamais plus seuls. Pour nous parler de la vraie vie, de cette patrie au brillant soleil comme l’appelait la petite Thérèse dans ses écrits. La Résurrection de Pâques est la fête où ce même Dieu, devenu vraiment l’un de nous, a pris notre main. Il a guéri notre maladie, Il nous a donné part à sa vie éternelle et indestructible. En ouvrant à jamais son tombeau, il a fait tomber les murs de ce monde devenu trop étroit pour nous. La mort était notre plus grand ennemi, mais Dieu a vaincu la mort, car Dieu est plus fort que la mort. Le tombeau vide en est le signe. Il a pris de nous ce qu’il ne pouvait pas avoir – la mort – pour nous donner ce que nous ne pouvions pas avoir de nous-mêmes – la vie éternelle (saint Augustin). Maintenant il y a une porte pour aller vers Dieu, et cette porte est Jésus, le Ressuscité !
Dans la vie de couple, parfois là où l’un se cache, l’autre attaque... Même si la vie des mariés n’est pas un tombeau, il y a certaines similitudes.
Pour comprendre à quel point cette leçon est importante pour les couples, revenons un moment aux apôtres. Après la mort de Jésus, ils se sont échappés pour aller se cacher en s’enfermant au cénacle. Leur petite idée de composer l’équipe de Jésus s’était brutalement terminée, l’échec était total. Que fait un homme, quand il est confronté à son échec ? Il se cache du monde et, idéalement, de lui-même. Il disparaît dans sa caverne et il essaie de penser à autre chose. Ce n’est pas tout à fait pareil avec la femme, qui se met plutôt en mode attaque, comme le feront Marie-Madeleine et les autres femmes venues au tombeau en courant.
Cela ne va pas empêcher Jésus, le Bon Berger, d’aller à la recherche de ses amis. Alors que les portes ‘étaient verrouillées’, ‘Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux’. Jésus n’entre pas par la porte, il apparaît tout simplement : il était là. Et sa première parole dirigée à ses disciples, elle ne contient pas un mot de reproche, bien au contraire : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19).
Les petites frustrations du quotidien comme les taches sur le miroir de la salle de bain font éclater nos rêves d’un amour parfait et facile comme des bulles de savon. Oui, le tombeau peut très vite devenir trop étroit pour deux…
Dans la vie du couple, ne pas être à la hauteur de la vie, de l’amour et des besoins de l’autre est une expérience qui existe. On est parfois confronté à ses propres limites, là où l’un se cache et l’autre attaque. Même si la vie des mariés n’est pas un tombeau, il y a certaines similitudes. Chacun des époux perçoit bien qu’il a été créé pour quelque chose de très grand. Quand on démarre à deux, les rêves sont encore plus grands. Au fond de nos cœurs, quelque chose nous parle d’un infini, d’un amour immense qui nous remplit entièrement.
Mais trop vite, le réalisme de la vie quotidienne nous rattrape. Les petites frustrations du quotidien, les odeurs, les notions de ponctualité assez différentes, les sacs poubelle non vidés ou les taches sur les miroirs de la salle-de-bain font éclater nos rêves d’un amour parfait et facile comme des bulles de savon. Oui, le tombeau peut très vite devenir trop étroit pour deux… Pour beaucoup, la solution de la séparation apparaît alors comme la plus facile.
L’homme seul ne peut pas rétablir l’harmonie entre les deux. Pour y parvenir, il a besoin d’être en communion avec Dieu qui, seul, peut donner stabilité et unité à l’homme déchiré.
Rassurez-vous ! La communion parfaite entre époux ne peut être l’œuvre d’un effort uniquement humain : il est le fruit d’un effort à trois, Dieu avec nous ! Dans ses enseignements sur la théologie du corps, le grand pape Jean Paul II évoque la résurrection des corps. Il dit même que le couple est sensé l’annoncer, parce qu’il est un signe vivant de la résurrection. Selon lui et à cause du péché originel, l’harmonie dans une personne individuelle souffre déjà d’une difficile intégration entre le corps et l’esprit. L’homme seul ne peut pas rétablir l’harmonie entre les deux.
Pour y parvenir, il a besoin d’être en communion avec Dieu qui, seul, peut donner stabilité et unité à l’homme déchiré. Nous portons tous le profond désir d’une telle unité en nous-mêmes. Elle est même la condition indispensable pour être en paix avec les autres, notamment avec l’époux. Et ce désir, il pointe vers le ciel, comme une nostalgie de cette vie éternelle qui nous était promise.
Selon Karol Wojtyla, dans la résurrection le corps humain sera complètement imprégné par l’esprit de Dieu :
Cela permet à l’homme d’être en totale harmonie. Il devient pleinement humain selon le projet de Dieu. C’est seulement à ce moment précis qu’il devient absolument capable d’aimer, selon sa vocation éternelle d’enfant de Dieu. À ce moment précis, nous aimons l’autre depuis l’intérieur de Dieu. Nous sommes alors pénétrés par l’amour du Créateur, un amour qui est don total de soi et accueil radical : La promesse "Je te reçois et je me donne à toi" atteint sa perfection.
À cause de notre condition humaine limitée, notre don est forcément inachevé et incomplet. C’est pour cela que le Christ vient nous visiter dans notre tombeau.
Dieu nous a créés pour l’amour et pour la communion. Dans le sacrement du mariage, nous nous sommes consacrés à l’amour de Dieu. Nous avons promis d’aimer sur la terre comme au ciel. Pour rendre visible dans notre monde l’amour invisible de Dieu. Pour être au milieu des ténèbres de ce monde un lieu de lumière, un lieu de l’amour de Dieu qui sauve. Mais à cause de notre condition humaine limitée, notre don est forcément inachevé et incomplet. C’est pour cela que le Christ vient nous visiter dans notre tombeau. C’est pour être avec nous, et pour nous remplir de la joie de la résurrection. La vie éternelle redevient sa promesse et notre espérance.
Dans ce contexte, c’est un vrai bijou que j’ai la joie de partager avec vous : Dans son exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François a voulu rassurer les époux qui désespéraient des imperfections parfois trop insupportables de leur conjoint :
C’est dans ce sens que je voudrais vous inviter une dernière fois à vous glisser dans le cœur de Jésus Ressuscité. Percevez son immense joie, quand il se prépare à vous rendre visite dans votre couple. Il le fera peut-être juste au moment où vous aurez vécu une petite frustration conjugale. Le Christ passe par les murs de votre cénacle verrouillé… Pour être là, présent avec vous. Pour vous dire : « La Paix soit avec vous, mes chers amis, mon cher couple ! J’ai besoin de vous, mais je serai aussi votre force. À partir de maintenant, je vais me glisser dans le cœur de votre couple pour au jour le jour avec vous, jusqu’au bout ! »
Qui contemple le cœur de Jésus ressuscité, qui médite la joie de son triomphe sur nos limites, sur nos fragilités et sur les murs de nos tombeaux, fera l’expérience d’une immense confiance en ce Jésus ressuscité qui sera toujours présent. Alors les petites ou les grandes frustrations seront beaucoup plus supportables, car Jésus sera là.
Bonne contemplation !