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Nous célébrons les anniversaires des événements fondateurs de nos familles (mariage, naissances), et nous faisons de même pour celui de notre foi, la résurrection du Christ, à Pâques, et même chaque dimanche et à chaque messe. Alors, tout comme nous aimons, lors de ces anniversaires en famille, feuilleter ensemble un album photo, souvenir de mariage ou de naissance, retrouvons, en ouvrant l’Évangile, le Christ dans la fraîcheur du jour de Pâques en compagnie de Marie Madeleine, de Pierre, de Jean et des disciples d’Emmaüs. Cheminons avec leurs sentiments et laissons-nous surprendre par le Christ ressuscité comme ils l’ont été.
Rencontrer le Christ Ressuscité avec Marie Madeleine
Marie Madeleine vient pleurer au tombeau celui qu’elle a aimé et que bien sûr elle croit mort, l’ayant vu tel sur la croix. Saint Grégoire le Grand voyait dans son obstination à aller vers le Christ même mort un modèle pour tous. Même quand notre foi est dans la nuit et que le Christ est comme mort pour nous, continuons de nous tourner vers lui et de le désirer. Mais le tombeau est ouvert, et vide ! Marie ne comprend rien, elle croit que quelqu’un a emporté le corps du Christ. Elle le dira aux Apôtres puis, revenue pleurer au tombeau, aux anges et au Christ lui-même, sur lequel elle se méprend. Pourquoi ne reconnaît-elle pas celui qu’elle a suivi jusqu’à la Croix ? Il est facile pour nous de concevoir l’idée de résurrection, l’Église proclame celle du Christ depuis près de deux mille ans, mais comprenons que pour celle qui en faisait la première expérience, c’était tout simplement inimaginable. Les morts ne ressuscitent pas. Certes Lazare est revenu à la vie, grâce à Jésus qui seul pouvait le faire, et Jésus est mort !
Et voici que Jésus, lui-même, l’appelle doucement par son nom : « Marie ». Ni tambour, ni trompette, ni venue fracassante sur les nuées comme celle du Fils d’homme annoncé par Daniel (7, 13). Quelle discrétion dans cette première apparition après sa victoire sur la mort ! Et c’est à la voix, l’organe de la foi (« La foi naît de l’écoute », Rm 10, 17) que Marie le reconnaît. Aussitôt elle se retourne, c’est-à-dire se convertit (c’est le même mot), et lui crie son amour : « Rabbouni ! ». Jésus poursuit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père ». Il lui faut se déprendre de son affection pour l’homme qu’elle a connu avant la Passion pour apprendre à rencontrer le Seigneur. Et Il ajoute : « Mais vas trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».
Le Christ Ressuscité vient à notre rencontre pour nous confier une mission : être ses témoins. La Résurrection est le centre de l’Histoire, mais elle n’en est pas le dernier acte, et si Dieu en est l’auteur, il nous offre la possibilité de proclamer son annonce et ce qu’elle signifie pour tous : la victoire possible sur le mal et la mort, l’espérance de la vie et du bonheur éternels.
Rencontrer le Christ Ressuscité avec saint Jean et saint Pierre
Courons avec Jean au tombeau. Il voit les linges, et il croit. En fait ses yeux ne voient que des linges et un suaire vides, mais son cœur comprend : le Christ n’est plus dans le tombeau, il est vivant. Quant à Pierre, l’Évangile de saint Jean ne précise pas sa réaction au tombeau et son itinéraire personnel de reconnaissance de la Résurrection. Mais, outre ce qu’écrit saint Luc, que le Christ lui est apparu le jour de Pâques, nous avons mieux : son propre témoignage à la Pentecôte (Ac 2, 14-36). Pierre a été le premier à découvrir à la lumière de sa rencontre avec le Ressuscité ce qu’il proclame ce jour-là : le plan de Salut de Dieu pour l’homme à travers l’Histoire, culmine dans la résurrection de celui qui fut cloué à la Croix.
De plus, les Évangiles de la Résurrection précisent la mission de Pierre (et donc de ses successeurs). C’est vers lui que court Marie Madeleine quand elle voit le tombeau vide (Jn 20, 1-2) et Jean, le disciple bien-aimé, s’efface devant lui à l’entrée du tombeau (Jn 20, 3-10) – l’Église de l’amour reconnaît sa primauté. Plus tard, au bord du lac de Galilée, Jésus Ressuscité confirme et précise sa mission de pasteur et précise son rôle pour toute Église : « Pais mes brebis » (Jn 21, 15-19).
Rencontrer le Christ Ressuscité avec les disciples d’Emmaüs
Ici encore, c’est Jésus qui prend l’initiative de la rencontre. Il vient cheminer avec ces deux hommes écrasés par le drame du Calvaire. Eux non plus ne Le reconnaissent pas, alors qu’ils l’ont bien connu avant sa mort comme souvent nous n’arrivons plus à Le reconnaître quand Il chemine pourtant avec nous dans nos vies. Ce cheminement vers Emmaüs est important pour comprendre le rôle de la Parole de Dieu dans la rencontre avec Jésus. Ce qu’Il leur dit en chemin sur Lui-même est bien différent de ce que raconterait un reporter par extraordinaire resurgi des entrailles de la mort. Il leur donne, à partir des Écritures, le sens de ce qu’il a vécu. C’est la foi au Christ Ressuscité qui nous ouvre l’intelligence des Écritures et non l’inverse, mais en retour nous comprenons mieux ce que sa résurrection signifie pour nous quand nous nous nourrissons de la Parole de Dieu.
Arrivé à Emmaüs, Jésus se met à table avec les deux disciples. Et c’est alors, quand « Il prend le pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne » (comme le prêtre à la messe), qu’ils comprennent qui Il est et Le reconnaissent. Désormais, l’eucharistie est le lieu de notre rencontre sensible avec Jésus. « Du très haut Fils de Dieu, je ne vois rien de sensible en ce monde, si ce n’est son corps et son sang très saints », disait saint François d’Assise.
Et comme Marie Madeleine, comme Jean, ces deux disciples comprennent que c’est par l’amour qu’ils se sont avancés vers Lui : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » Les pèlerins d’Emmaüs ont saisi– et ils nous invitent à le faire avec eux– que ce chemin vers la joie parfaite qu’ils ont parcouru avec le Christ Ressuscité et qu’ils courent partager avec les Apôtres, c’est en fait lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).
Un parcours qui vaut pour tous
Ces rencontres de Pâques, chacun peut les poursuivre avec ces autres témoins de la Résurrection : les saintes femmes, saint Thomas, les Apôtres. Elles sont comme autant de flashs sur une réalité qui nous débordera toujours, et qui nous font entrevoir ce que le Christ Ressuscité attend de nous. C’est toujours Lui qui prend l’initiative et qui se manifeste en choisissant librement qui Il veut. Il veut se faire reconnaître et donne des signes pour le faire, mais ne force rien. Il laisse son interlocuteur libre de sa réponse. Cette rencontre brise tellement toutes les conceptions sur la vie et la mort, que chacun doit faire tout un parcours de reconnaissance effroi, doute, joie incrédule, bouleversement, adoration (certains n’y arrivent pas). Chacun révèle ses dispositions intérieures et nous comprenons que c’est l’amour qui est décisif pour avancer vers lui. Une fois reconnu, Jésus révèle qu’Il n’est plus mort mais vivant (Il parle, marche, mange) tout en étant le même, mais autrement, maître des limitations de ce monde.
Jésus inscrit sa résurrection dans l’histoire d’Israël et dans l’Écriture sainte, et Il invite à lire et comprendre celles-ci à la lumière de l’événement pascal. Il conduit du visible à l’invisible, du contact physique aux signes, de la présence sensible aux sacrements dans lesquels Il se donnera, et tout d’abord dans l’eucharistie. Ses interlocuteurs comprennent que Jésus est bien plus que le Messie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » s’écrie Thomas.
Toutes ces rencontres s’achèvent par un envoi en mission. Jésus confie à chacun la responsabilité de rapporter cette rencontre avec lui et de témoigner de la bonne nouvelle du Salut. Jésus forme ainsi les cœurs et les intelligences à témoigner de lui, avant que l’Esprit saint ne donne la force pour le faire. Toutes ces apparitions du Christ Ressuscité reflètent donc ce qu’est une rencontre personnelle avec Lui. Chacun de nous y est appelé dans les sacrements, la prière et toute la vie. Jésus est à jamais notre contemporain et nous aussi sommes appelés par Lui, à relever le même défi que ses premiers témoins.
Didier Rance