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Tout chrétien sait qu’un martyr — du grec ancien martus, "témoin" — est celui qui consent à aller jusqu'à se laisser tuer, donner sa vie, pour confesser Jésus-Christ et témoigner de sa foi chrétienne plutôt que d'abjurer. Mais cela se complique quand on voit s’ajouter au nom de "martyr" des épithètes ou des préfixes comme : "proto…", "hiéro…"; "néo…" ; ou "mégalo…". Ces épithètes ou préfixes précisent en fait plusieurs types de martyrs, selon un usage répandu chez les grecs-catholiques et les orthodoxes :
Protomartyr vient du grec ancien protos ("premier") et martyr, et désigne le premier martyr de la chrétienté, saint Étienne, un prédicateur juif du Ier siècle, converti au christianisme, qui fut lapidé pour blasphème parce qu’il proclamait la Parole du Christ. Étienne est aussi considéré comme le premier diacre (protodiacre).
Hiéromartyr se dit pour les clercs, c’est-à-dire pour les martyrs diacres, prêtres, évêques. Comme saint Grégoire l'Illuminateur (257-331), le saint qui évangélisa l’Arménie et qui fut le premier catholicos de l’Église arménienne, c’est-à-dire son chef suprême, après des années de supplices pour le faire renoncer à sa foi mais dont il sortira vivant à force de prier pour le salut des Arméniens.
Néo-martyr se dit pour les « nouveaux » martyrs, par rapport à ceux des premiers siècles. C’est sous ce nom que l’Église orthodoxe honore des fidèles assassinés en haine de la foi. Parmi eux, des personnes exécutées pour avoir refusé de se convertir à l'islam, ou pour être revenu au christianisme ; des victimes de la réforme calviniste en Transylvanie, ou des martyrs des pays sous le régime communiste.
Mégalomartyr ou Grand martyr (du grec : mégalomartys) s'emploie pour les martyrs les plus célèbres, qui sont honorés d'un culte particulier. Ils doivent répondre à trois critères : l’ancienneté (martyrs avant 337) ; une grande popularité ; être un laïc ou une laïque.
Chrétien et fier de l’être
Après saint Georges, Démétrios de Thessalonique, dont on célèbre la fête le 26 octobre, est le plus célèbre "mégalomartyr". C’était un soldat, chrétien et fier de l’être, qui souffrit le martyre au début du IVe siècle, sous Dioclétien. Il a toutes ces qualités : c’était un laïc ; son martyre a eu lieu vers l’an 306 et il jouissait d’un culte extrêmement populaire en Orient. Sur les icônes, Démétrios est souvent représenté en tenue militaire, se battant contre de nombreux soldats romains, ou bien seul sur son cheval terrassant de sa lance Lyaeos, le gladiateur qui aurait tué plusieurs chrétiens.
Très vénéré dans toute la Grèce, encore aujourd’hui le premier ministre grec a pour tradition de se rendre à Thessalonique, la ville du saint patron qui protège la cité, le 26 octobre de chaque année. Parmi les mégalomartyrs, il y a les hommes (une quinzaine) mais également des femmes (six) comme sainte Catherine d’Alexandrie, dont le culte est resté très populaire. Commémorée un jour avant saint Démétrios, autrement dit le 25 novembre, celle-ci a reçu le martyre en 305.