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Chacun de nous risque d’être seul à une période ou à une autre de sa vie. Cette solitude se fait plus durement sentir en certaines circonstances, après les vacances par exemple, qui ont vu se remplir pour un temps la maison, ou lorsque nous nous retrouvons pour la première fois loin de sa famille. Nous connaissons tous des moments de solitude. Les enfants eux-mêmes n’y échappent pas. Cela commence le soir, s’ils ne partagent pas leur chambre avec un frère ou une sœur. Ils rechignent alors à aller se coucher, justement parce qu’ils redoutent de se retrouver seuls. Pourtant, ce cap est nécessaire, comme toutes les autres expériences de solitude, à condition qu’elles soient progressives et adaptées à chacun, selon son âge et son tempérament.
Les bienfaits de la solitude
Sur les murs d’un couvent, il était écrit un jour : « Trop de solitude tue, un peu de solitude fait vivre ». S’il est indispensable qu’un enfant apprenne à être seul, il est terrible pour lui de retrouver tous les jours une maison vide au retour de l’école et d’y rester de longues heures avec son ordinateur pour seule compagnie. Apprivoiser la solitude ne peut se faire que progressivement, car la solitude, parfois rude, est aussi bienfaisante. Nous avons tous besoin de solitude, à des degrés divers, même si cela nous fait peur, car notre vie intérieure ne peut pas se développer sans une certaine dose de solitude et de silence.
Or, si nous ne développons pas notre vie intérieure, si nous vivons continuellement en surface, nous ne pouvons pas être pleinement nous-mêmes, du coup, nous ne pouvons pas entrer vraiment en communication avec les autres, nous en restons forcément à des échanges superficiels. Et, bien sûr, nous ne pouvons pas être en contact avec Dieu. Un minimum de solitude est indispensable si nous voulons rejoindre les profondeurs calmes de l’âme où elle se recueille et fait silence. C’est là que Dieu demeure et qu’on le trouve infailliblement si on y réside soi-même.
Solitude et solitude
Terrible est la solitude de l’isolé, qui n’a personne à qui parler et qui meurt de n’être pas aimé. Orgueilleuse, celle du misanthrope, replié dans sa tour d’ivoire, loin des autres qu’il méprise. Vaine, celle qui est remplie de vacarme. Mais infiniment féconde est la solitude de l’ermite, seul avec le Seul, de la vieille dame qui remplit ses journées de prière, du chercheur ou de l’artiste qui se tient à l’écart pour accomplir ce qu’il porte en lui. Ce n’est pas la solitude en elle-même qui est bonne (ou mauvaise), c’est ce qu’on en fait et ce qu’on y trouve.
Comment apprivoiser la solitude ?
Pour apprivoiser la solitude, il faut d’abord la fréquenter. On ne saurait apprivoiser ce que l’on fuit. C’est un cercle vicieux : celui qui a peur de la solitude fait tout pour ne jamais se retrouver seul, et plus il repousse la solitude, plus il la redoute.
Pour aimer la solitude, il faut qu’elle soit pleine de nos richesses intérieures. Mais pour que nous prenions conscience de ces richesses, il faut que nous nous retrouvions seuls. C’est en sautant à l’eau qu’on apprend à nager : c’est en faisant l’expérience d’une certaine solitude qu’on apprend à s’en débrouiller.
Veillons à ce que la vie de nos enfants comporte des plages « vides » sans occupation, sans télévision, sans copains, même s’ils semblent s’ennuyer, ou perdre leur temps en rêvant. Sinon, habitués à courir d’une activité à l’autre, ils risquent de redouter la solitude et de ne jamais pouvoir la découvrir comme une amie.
Christine Ponsard