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Entre l’évangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem, proclamé au début de la célébration et la longue lecture de la Passion, la différence d’ambiance est saisissante. Une semaine sépare ces deux événements. Dans le premier évangile (Lc 19, 28-40), Jésus entre à Jérusalem. Dans le second (Lc 22, 14 à 23, 56), il en sort en portant sa croix. En avril 46 avant Jésus-Christ, Jules César, était entré solennellement à Rome pour célébrer son triomphe et ses nombreuses victoires. Il était debout sur son char, suivi d’une longue file de prisonniers et d’esclaves. Ses hommes distribuaient de l’argent aux foules pour qu’ils l’acclament avec plus de bruit et de cris.
La phase ultime de la mission du Verbe fait chair
L’entrée de Jésus à Jérusalem n’est pas celle d’un roi victorieux, revenu de ses conquêtes. Elle est la phase ultime de la mission du Verbe fait chair venu réconcilier l’humanité. Ce n’est pas sur un cheval qu’il est entré à Jérusalem mais sur le dos d’un ânon. Il n’est pas venu enrichir les foules ou offrir un bonheur passager mais donner sa vie et rendre témoignage à la vérité. Il n’est pas entré à Jérusalem, suivi par des esclaves et des prisonniers, mais par ceux qui espéraient, dans la figure du Messie, la promesse d’une liberté retrouvée.
Jésus connaissait l’heure de sa Passion. Il avait saisi, dans ses nuits en prière et sa méditation des Écritures, ce qu’il fallait souffrir pour entrer dans la gloire. En entrant à Jérusalem, il savait qu’il vivait ici-bas ses derniers jours et que très bientôt tout allait être accompli. Ce qui lui importait n’était pas tant de passer les murs de Jérusalem que d’entrer dans les profondeurs du cœur humain et dans l’obscurité de la mort pour y répandre sa lumière.
Ouvrir nos portes
Depuis le début de son ministère, en guérissant et en délivrant, Jésus gardait au cœur le terme de sa mission : entrer à Jérusalem pour y donner sa vie. "Voici que j’expulse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et, le troisième jour, j’arrive au terme. Mais il me faut continuer ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem" (Lc 13, 32-33) Les guérisons et les exorcismes étaient les signes du salut à venir.
"Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous." (Lc 17, 21) L’entrée de Jésus à Jérusalem, où va se nouer le drame de la Passion et la victoire de la Résurrection, doit nous engager à ouvrir les portes de notre cœur pour que s’y déroule le Mystère pascal : "Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !" (Ps 23, 9.)
Un désir de délivrance
En entrant à Jérusalem, Jésus éprouve peut-être un sentiment de gravité, sentiment de celui qui va perdre sa vie, mais il est habité surtout d’un désir immense et d’une invincible espérance. Il y entre, portant en lui-même, le regard du Père sur ce monde en souffrance : "J'ai vu, oui, j'ai vu la misère de mon peuple […] et j'ai entendu ses cris. […] Je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer" (Ex 3, 7-8). C’est pour cette délivrance que le Verbe s’est fait chair, qu’il est né en ce monde, qu’il a grandi dans l’épaisseur de la vie et des jours, qu’il a commencé son ministère en guérissant et en appelant à la conversion et qu’il a formé autour de lui la première communauté de l’Église.
C’est pour cette délivrance intérieure qu’il a confié à ses disciples : "Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne" (Jn 10, 18). Et quelque temps auparavant : "Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !" (Lc 12, 50.)
Les rameaux de la victoire
Dans cette messe des Rameaux, la liturgie nous fait goûter ensemble cette frayeur et cette profonde espérance du salut. C’est pourquoi nous portons ces rameaux, symbole de victoire, pendant la lecture de la Passion. Parce que la croix est notre victoire. Jésus le savait, c’est pourquoi il l’a aimée et c’est pourquoi nous aimons, nous aussi, la croix, non pour ce qu’elle est, mais pour le "passage" qu’elle ouvre devant nous (Ps 30). À chaque messe, au moment où par la prière de l’Église nous sommes en communion avec le Christ, livrant son corps et son sang sous les espèces sacramentelles, la liturgie nous fait reprendre ces mots : "Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur." Nous chantons alors notre joie, notre foi, notre espérance de le voir monter sur la croix, croix douloureuse mais aussi et surtout croix glorieuse.
Jésus n’entrera pas dans son Royaume avec des esclaves et des prisonniers. Il y entrera avec des larrons et des prostituées, avec des disciples et des amis, avec des frères et des sœurs, des cœurs fragiles mais humbles et fidèles. Demandons au Seigneur de nous laisser entraîner avec joie dans ce mystère de salut. Alors au terme de sa Passion, comme l’évoque la lettre aux Hébreux, il s’écriera devant le Père, dans sa chair ressuscitée : "Me voici, moi et les fils que tu m’as confiés" (He 2, 13).
Pratique
1er évangile : Lc 19, 28-40 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22, 14 à 23, 56
[EN IMAGES] L’entrée du Christ à Jérusalem
