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Ukraine : les familles, plus grandes victimes de la guerre

Burying the dead in Kharkiv, Ukraine

Funérailles à Kharkiv.

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Filipe Avillez - La rédaction d'Aleteia - publié le 23/02/24
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Deux ans après l'invasion russe en Ukraine, la guerre continue de faire ses ravages. Sur place, les familles pourraient bien être victimes d'effets dévastateurs sur le long terme, alertent les représentants de l'Église gréco-catholique ukrainienne. Séparation forcée des familles, hausse des divorces, traumatismes psychologiques... La cellule familiale ukrainienne est au bord de l'effondrement.

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"L’avenir de l’Ukraine et de l’Église dépend de notre capacité à répondre à ce besoin de surmonter le traumatisme de la guerre, qui a déjà touché le cœur de la société ukrainienne : la famille". C'est lors d'une conférence organisée par la fondation Aid to the Church in Need (ACN), à l'occasion des dix ans de la guerre en Ukraine, que Mgr Sviatoslav Shevchuk a alerté sur les effets dévastateurs du conflit sur la cellule familiale. Le chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne s'est inquiété de la hausse constante du nombre de personnes tuées, mutilées et traumatisées par la guerre, pointant du doigt des effets à long terme sur la société ukrainienne.

"Aujourd’hui, nous devons nous occuper de nouveaux groupes de familles, les familles de ceux qui ont été tués, les familles de ceux qui ont été grièvement blessés, mais aussi les familles de ceux qui sont portés disparus", a ainsi déploré l'archevêque tout en s'appuyant sur des chiffres glaçants. "Selon l’Ukraine, 20.000 enfants ont été enlevés par la Russie, alors que la Russie parle de 800.000 déportés, mais nous avons également 35.000 personnes disparues au combat. La vie de leurs familles est une torture constante", a encore affirmé Mgr Shevchuk.

Le défi des divorces

De nombreux civils continuent de pleurer l'absence de leurs proches partis au combat, dont ils n'ont plus aucune nouvelle. Un supplice psychologique insoutenable, dénonce l'archevêque : "Une femme, âgée de 23 ans et mère de deux enfants, m’a demandé : “Suis-je veuve ? Dois-je prier pour mon mari comme s’il était vivant ou comme s’il était mort ?” Chaque fois que nous avons des échanges de prisonniers et que leurs maris ne reviennent pas, leur chagrin est ravivé. C’est donc une torture physique et psychologique constante pour chaque famille." Pour ceux qui ont la chance de revenir de captivité, le choc post-traumatique rend la vie particulièrement difficile. "Lorsque nous parlons à des personnes qui rentrent en Ukraine et qu’elles nous décrivent les conditions dans lesquelles elles ont été détenues, ces conditions sont horribles, surtout pour les militaires", a ainsi révélé Mgr Visvaldas Kulbokas, archevêque et nonce apostolique en Ukraine. "Certains d’entre eux sont incapables de parler, tant ils sont traumatisés".

Certains sont tentés de penser que tout est fini, mais nous perdons des centaines de vies chaque jour, des militaires comme des civils.

La distance géographique entre ceux qui restent sur le territoire national et ceux qui fuient constitue également un risque de cassure de la cellule familiale. La majorité des familles sont aujourd'hui contraintes de vivre séparément, coupées en deux : les hommes au front, et les femmes et les enfants à l'arrière ou déplacés à l'étranger. Un éloignement qui entraîne une hausse flagrante du nombre de divorces, affirment notamment les chefs de l'Église gréco-catholique ukrainienne : en 2023, indiquent-ils "nous avons eu 170.000 nouvelles familles, mais il y a eu 120.000 divorce", un chiffre qui correspond "au nombre de divorces le plus élevé de l’histoire de l’Ukraine indépendante". "Aider ces personnes est un grand défi pour notre Église", ont relevé les archevêques.

Un conflit oublié ?

Alors que la guerre continue de ravager l'Ukraine depuis l'invasion russe, les représentants religieux ont appelé le monde à ne pas oublier les Ukrainiens malgré la distance géographique et le temps qui s'écoule. "Pour les gens à l’étranger, il est difficile d’imaginer ce qui se passe ici. Certains sont tentés de penser que tout est fini, mais nous perdons des centaines de vies chaque jour, des militaires comme des civils", a martelé Mgr Visvaldas Kulbokas. Si l'Église gréco-catholique tente de poursuivre sa mission, elle en est le plus souvent empêchée notamment dans les territoires occupés, où elle est contrainte à la clandestinité. Ses biens ont été confisqués et aucun prêtre catholique ne peut assurer les messes.

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