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Qui sont-ils les artisans de paix que le monde attend ?

Des chrétiens prient dans l'église Saint-Porphyre de Gaza, en 2019.

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Michel Cool - publié le 06/11/23
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De nombreuses voix chrétiennes s’élèvent pour appeler à la paix en Terre sainte, mais les chrétiens se divisent aussi à cause de cette guerre fratricide. Croyons-nous vraiment dans la promesse de la paix de Dieu, se demande l’écrivain Michel Cool.

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Il faut avoir l’humilité de le reconnaître : se positionner en chrétien face à la guerre et en défenseur de la paix est sacrément difficile. Même le concept de "guerre juste" inauguré par Cicéron puis employé par l’Église catholique en cas de guerre "menée avec une intention droite" s’avère insuffisant, inefficace. Dans la mesure, en effet, où toute guerre commet des homicides, elle est par essence un homicide de masse abominable. "Tu ne tueras pas" est le sixième commandement dicté par Dieu à Moïse. La guerre, toute guerre, est donc selon cette charte morale et religieuse d’essence divine, une abomination. C’est-à-dire au sens étymologique, le comble de l’impiété et, dans une acception biblique, un mal inspirant non seulement la condamnation, mais l’horreur.

L’horreur et la condamnation ! Elles ont fait craquer nos poitrines le 7 octobre devant les actes criminels et barbares commis par des milices terroristes du Hamas sur plusieurs centaines de personnes civiles israéliennes dont des enfants et des bébés. L’horreur et la condamnation gonflent maintenant nos poitrines d’angoisse devant Gaza bombardée, Gaza assiégée, Gaza sacrifiée par l’armée israélienne et sa puissance de feu frappant sans distinction civils et militaires.

Des voix chrétiennes s’élèvent pour la paix

Des voix chrétiennes s’élèvent, à commencer par celle insistante du Pape, appelant au cessez-le-feu immédiat entre les deux belligérants. L’un et l’autre, entraînés dans un bellicisme revanchard, ne peuvent admettre ces appels à la raison. Ces voix ont vite été récupérées par des gouvernements et des organisations politiques pro-palestiniens n’ayant pas eu la même promptitude pour condamner les crimes antisémites du Hamas. Ces appels à cesser l’escalade guerrière sont aussi qualifiés de naïfs et d’inutiles par certains experts diplomatiques dénonçant leur irréalisme, pour ne pas dire leur irénisme. Et pourtant, si ces voix religieuses n’existaient pas, l’équilibre moral et spirituel du monde serait rompu. Car la sagesse, la compassion, la paix n’y auraient alors plus la moindre figure humaine.

L’équilibre, c’est justement ce point névralgique que nous n’arrivons pas, nous chrétiens, à tenir et à promouvoir dans nos communautés et nos sociétés. Dans celles-ci les passions dévastatrices sont poussées au maximum et nous poussent irrésistiblement à choisir un camp contre l’autre. À opposer une cause à l’autre. La semaine passée, le quotidien catholique La Croix a illustré le clivage, le divorce même, que la guerre entre Israël et le Hamas a provoqué chez les chrétiens. Le journal a publié deux tribunes profondément aux antipodes de l’une et de l’autre, chacune arguant de considérations et de sentiments respectables. La première, signée par un écrivain et poète de confession protestante, défendait passionnément la cause d’Israël, de son existence à nouveau menacée par des pogroms ; il assimilait sa lutte implacable contre le terrorisme islamiste à une guerre de la civilisation contre la barbarie visant à tuer des Juifs parce que Juifs. La seconde, rédigée par un écrivain libanais de langue française et de religion orthodoxe, témoignait du malheur abyssal palestinien par la voix d’un vieil homme rencontré par hasard dans une pharmacie de Beyrouth ; depuis 1948 qu’il avait été chassé de chez lui en Galilée, par les Israéliens, il avait passé sa vie en exil, dans un camp de réfugiés au Liban…

L’équilibre, c’est justement ce point névralgique que nous n’arrivons pas, nous chrétiens, à tenir et à promouvoir dans nos communautés et nos sociétés.

Deux sons de cloche inconciliables

Deux sons de cloches inconsolables et inconciliables abrités pourtant par le même clocher, coiffé de la même croix ! Comme les autres, les chrétiens s’entredéchirent à cause de cette guerre fratricide, sanglante et sans fin. La septième béatitude des évangiles ne semble plus avoir de prise sur leurs esprits et leurs comportements embrasés par la cruauté de l’actualité : "Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5, 9). À croire que la promesse de cette filiation extraordinaire, au fond, nous n’y croyons plus assez ou plus vraiment, en tout cas pas suffisamment pour nous investir à nouveau dans cet artisanat de la paix, cet apostolat de la non-violence que personnifièrent à différentes époques François d’Assise, Gandhi ou Martin Luther King.

Espérer contre toute espérance

"Pour me reposer de tant d’horreurs, je relis les Fioretti..." J’ai trouvé cette citation de Léon Bloy dans une anthologie formidable publiée par Michel Sauquet et intitulée Trésors de la spiritualité franciscaine aux XXe et XXIe siècles (Éditions Salvator). Sa lecture ne me repose peut-être pas des horreurs que je vois et j’entends depuis un mois que le sang coule à nouveau sur la terre natale de Jésus. Mais elle me fait espérer contre toute espérance en la capacité des chrétiens, et à commencer par la mienne, à retrouver la voie de l’approfondissement de la pensée du Christ sur la paix. "Pour qu’une telle flambée collective redevienne possible aujourd’hui, écrivait François Mauriac, un des 140 auteurs cités dans l’ouvrage, il nous faudrait un homme simple qui, à l’exemple de François d’Assise, sans référence à aucune autre doctrine que celle de l’Église et ne se souciant de rien d’autre que de l’enseignement du Christ perpétué par elle, prêche les secrets de l’amour incréé ; et qu’il nous expose de nouveau quelles choses font la parfaite joie." Oui, pourvu que nous vienne cet homme ou cette femme. Sera-ce vous ? Sera-ce moi ?

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