Les événements épouvantables qui ont éclaté ce samedi 7 octobre en Israël ont suscité des réactions nettes et rapides dans de nombreux pays du monde et dans de nombreux milieux. Mais pas partout, pas tout de suite voire pas du tout. Le monde sportif est étonnamment très absent du concert de condamnation pour des exactions antisémites de la pire espèce. Pourtant il serait assez simple de condamner le terrorisme odieux du Hamas, tout en le dissociant de la question du sort des Palestiniens.
Cette fois-ci : silence
Sur d’autres sujets politiques ou sociétaux, les sportifs et notamment les footballeurs savent s’exprimer et parfois très vite voire trop vite. On se souvient de la sortie de Kylian Mbappé et de son "ange Nahel" qui était venu très maladroitement attiser la colère des banlieues et tout ce qui s’en est suivi, alors que l’affaire était évidemment plus complexe. La responsabilité de ce joueur est immense, à la taille de son influence sur les réseaux sociaux. Mais cette fois-ci : silence. Ce même milieu est également en première ligne pour le combat contre l’homophobie avec le fameux brassard arc-en-ciel, signe de la cause LGBT et de son lobbying si efficace. Si efficace qu’il en est devenu l’étendard caviardé de la "lutte contre les discriminations". Un vrai coup de génie. De manière pluraliste, n’aurait-on pu imaginer une rotation aussi avec un brassard contre le racisme, et un autre contre les discriminations religieuses ?
Le sport, terrain de la fraternité, de l’équité, du respect de l’adversaire doit crier collectivement, haut et fort, son dégoût du terrorisme du Hamas. Ou se taire définitivement.
Et pourtant face à ce pogrom infamant, comme on aimerait que les footballeurs portent ce week-end un brassard avec l’étoile de David. Ne rêvons pas. Les intérêts des nations arabes dans le football, l’importance de la religion musulmane chez certains joueurs, rendent impossible un tel témoignage d’humanité. La Premier League anglaise de football, la plus puissante au monde hésite pour réagir, et portera probablement un brassard noir "pour toutes les victimes du conflit". Imaginez un instant que nous ayons porté en 2015 un brassard noir "pour les victimes du Bataclan… et les morts de Daech en Syrie dans les bombardements français" !
Un crime inexcusable
L’immense majorité des joueurs, y compris musulmans, sont profondément attristés et révoltés par l’attaque du 7 octobre. Mais ils n’osent pas s’exprimer par peur de lynchage sur les réseaux sociaux. C’est pour cela que l’action devrait être collective. Oui, les erreurs du Traité de Versailles portaient en eux les ferments de vengeance du peuple allemand qui amènera à la Seconde Guerre mondiale ; oui, la mauvaise gestion de l’administration américaine vis-à-vis du Moyen-Orient était critiquable avant le 11 septembre 2001 ; oui, le gouvernement Netanyahou a commis de graves erreurs vis-à-vis des Palestiniens. Mais rien de tout cela ne justifie le terrorisme, le massacre de civils innocents pour leur religion ou leur race. Comme Albert Camus, répétons que "le terrorisme est un crime qu’on ne peut excuser". Et le sport, terrain de la fraternité, de l’équité, du respect de l’adversaire doit crier collectivement, haut et fort, son dégoût du terrorisme du Hamas. Ou se taire définitivement. Il est universel et non affinitaire.