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"Allez dire aux prêtres…" Ce sont les mots que la petite Bernadette entend de la bouche de la Vierge Marie le 2 mars 1858. La petite Lourdaise est investie d’une mission : elle doit aller trouver son curé, l’abbé Peyramale et lui faire une demande en deux parties. D’une part, il faut construire une chapelle et, d’autre part, inviter les fidèles à y venir en procession.
"Allez dire aux prêtres…" Ce fut le thème de l’année 2022 du sanctuaire de Lourdes. Les deux autres demandes de Marie ont été choisies respectivement pour les deux années suivantes. Prononcées il y a plus de 150 ans, ces demandes ont une actualité singulière et le génie de chaque pèlerinage saura en déployer les richesses.
"Allez dire aux prêtres…" C’est enfin le titre d’un ouvrage paru aux éditions du Cerf en ce mois de septembre 2023. Une couverture déroutante, peut-être, mais qui dit bien qu’il est temps d’entendre quelques vérités bien senties, loin de toute langue de buis, tout simplement parce qu’un silence mortifère a bien trop duré.
Oser parler des abus…
Faut-il encore écrire au sujet des abus ? Nous croulons sous une foule d’informations, de publications, d’études et de révélations toutes plus scandaleuses les unes que les autres. Très souvent, et c’est tout à fait compréhensible, les ouvrages sont une dénonciation du scandale de l’abus fait aux petits. Les auteurs nous proposent des études poussées qui présentent les mécanismes de l’abus, les dysfonctionnements de nos institutions, qu’elles soient religieuses ou profanes. Tous insistent sur la nécessité de briser un cercle de mort et proposent des solutions qui peuvent parfois nous donner l’impression d’oublier les victimes. C’est du moins ce que nombre d’entre elles ressentent.
Il est temps d’oser parler des abus sous un autre angle, celui des victimes, justement. Non pas en en restant à un horrible constat de ce qui s’est passé, mais en tâchant d’envisager l’avenir. En un mot, de retrouver la vie pour celui dont l’enfance a été assassinée. Il s’agit d’ouvrir des chemins de lumière dans tant d’obscurités. N’est-ce pas présomptueux de se fixer un tel objectif ? Les victimes qui entreprennent un tel chemin de résurrection apportent une réponse clairement négative à cette question.
Oser parler aux prêtres…
Ne nous voilons pas la face : les prêtres sont profondément affectés par le scandale des abus. Ils sont clairement désorientés et rares sont ceux qui peuvent dire qu’ils vivent tout cela sereinement. Là aussi, les publications sont nombreuses pour tenter de remonter le moral des troupes mais rien n’y fait. Le malaise est profond et son remède est à chercher bien au-delà de la crise que nous traversons. Le prêtre a parfois oublié ce qu’est un prêtre. Lorsque la petite Bernadette va trouver son curé, elle lui demande juste de faire son travail, ni plus, ni moins. Il doit bâtir l’Église et faire prier le peuple chrétien. Le prêtre se perd parce qu’il oublie qu’il est beaucoup plus important d’être que de faire. Être un homme, pour devenir un fils puis arriver à la stature de père… et le tout sur un chemin de sainteté.
La paternité et la filiation sont en crise dans nos sociétés. Comment cela ne pourrait-il pas affecter le sacerdoce ? Comme tout chrétien, le prêtre est appelé à la sainteté. Mais il y est appelé d’une façon tout à fait particulière puisqu’il a été choisi pour être élevé à cette dignité de prêtre. La dignité : voilà un autre mot que notre monde a trop vite mis aux oubliettes. Il faut que tout cela soit rappelé aux prêtres pour qu’ils redécouvrent la beauté du sacerdoce, ce cadeau unique et merveilleux que Dieu offre au monde, à son Église et à chacun d’entre eux en particulier.
Oser parler des abus… et des prêtres
Là, ce n’est plus de l’audace mais de l’inconscience ! Pour le commun de nos contemporains, le prêtre est forcément pédophile. Il ne peut tout simplement pas avoir choisi cette voie sans qu’il y ait quelque part une tare honteuse ou un vice caché. Le diable — que je ne vois cependant pas partout — a réussi un coup de maître : il a réussi à faire croire que les prêtres avaient le monopole de la pédophilie. Les chiffres et la réalité des faits lui donnent tort. Le mal est fait cependant.
Mais, en tant que prêtre, si l’on ose parler de ce fléau, si l’on accepte d’écouter vraiment les victimes, de faire un bout de chemin avec elles, on se rend compte du rôle irremplaçable que le prêtre peut alors jouer dans une véritable quête de la vie. Bien entendu, cela suppose de se mettre en position de vulnérabilité, de véritable faiblesse devant la grandeur du mal qui peut sembler nous submerger… en sachant que Dieu est bien plus grand encore et qu’il a remporté la victoire pour toujours. Sa Mère nous a donné une arme indestructible : le Très Saint Rosaire. En le tenant, c’est la main de Marie que nous tenons. Elle est l’étoile de la mer et viendra à bout de tous les tsunamis qui semblent nous submerger. Alors, ayons l’audace de la Parole !
Pratique