Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
La grande avenue du Prado s’est progressivement remplie. Les yeux sont rivés sur les écrans géants installés pour suivre la messe au Vélodrome, et l’on agite de petits drapeaux aux couleurs de la France, du Saint-Siège et de Marseille, distribués pour l’occasion. Les enfants sont euphoriques, et les adultes ne cachent pas leur impatience ni leur curiosité. "Le Pape à Marseille, c’est pas tous les jours pardi !", s’exclame Deny. « La dernière fois, c’était il y a cinq siècles… alors évidemment, on est là », sourit ce retraité marseillais. Pour beaucoup en effet, la venue du Pape a quelque chose d’historique et de symbolique. Et nul besoin d’être catholique pour venir se coller à la barrière et attendre sagement le passage de la papamobile, estime Raphaël, athée. Avec ses voisins, il habite tout près de l’avenue du Prado. Venir était une évidence. "Moi, ça me rend fière que le Pape vienne dans ma ville. Je suis croyante, pas pratiquante, mais cette visite est exceptionnelle", affirme à son tour Nicole.
Alors que le Pape est attendu pour 15h, Roland campe ses positions depuis le tout début d’après-midi, agitant fièrement son grand drapeau catalan flanqué d’une croix de Camargue. Est-il venu exprès de son village pour voir le Pape ? "Oui !" Est-il catholique ? "Non. Je suis venu pour ma famille", confie-t-il avec la voix tremblante d’émotion. "Ma famille est très chrétienne, elle se rend souvent à Lourdes. Mais beaucoup d’entre eux sont malades, alors je fais ce pèlerinage pour eux. Je demande à ce qu’ils souffrent un peu moins. Venir ici, c’est un peu comme une prière pour moi", souffle-t-il. Quelques mètres plus loin, Anne aussi voit dans la venue du Pape une source d’espoir. "Je suis de plus en plus catholique en vieillissant. C’est certainement l’âge, ça rend plus sage… Et puis la maladie aussi", dit-elle avec un sourire mélancolique. Atteinte d’un cancer, cette sexagénaire se prépare à être opérée. Arrivée à Marseille il y a huit mois, elle voit dans la venue du Pape comme un doux signe du Ciel. "Je suis impatiente. À peine arrivée dans la ville, je peux voir le Pape. C’est un petit cadeau providentiel."
Créer du lien, se montrer
Les enfants, venus nombreux, se faufilent pour être au premier plan et questionnent les forces de police. "Vous allez vous faire écraser par la papamobile si vous restez sur la route !", s’inquiète un petit garçon face à un CRS amusé. Melody est venue avec ses quatre enfants. Son mari, militaire, est en opération extérieure. "Nous nous sommes décidés un peu à la dernière minute, j’avais initialement choisi de rester à la maison en l’absence de mon époux. Finalement, je me suis dit que c’était important pour mes enfants de voir le pape François, c’était une façon de rendre cela concret", considère cette mère de famille catholique. "Et puis ici, cela fait tellement longtemps qu’on en parle ! Au sein de la paroisse ou à l'école, où maîtresses, maîtres, directrice et catéchistes ont beaucoup préparé les enfants, le Pape est au cœur de toutes les discussions, jusqu’au salon de coiffure du coin… C’est une occasion en or de créer une plus grande proximité avec le Pape. La prochaine étape pour eux, ce sont les JMJ… On a un peu le temps !"
Des JMJ, Bénédicte en revient. Elle porte avec fierté son t-shirt vert. "Je trouvais important de montrer au Pape que la jeunesse des JMJ est bien là, à Marseille, et que nous voulons vivre de son message. C’est aussi un moyen de prouver que si Marseille est une ville de diversités, sa communauté catholique est présente et vivante."
Se montrer, c’est aussi ce qu’ont voulu faire Laurie, Noé, Marie et Karine. Impossible de passer à côté de ces couleurs arméniennes sans sentir son cœur se serrer, alors que l’Arménie, abandonnée de tous et acculée, lutte pour sa survie. Cette famille de franco-arméniens vit à Marseille depuis plusieurs années et appartient à l'Église apostolique arménienne. "J’ai plusieurs amis qui ont été massacrés dans l’Artsakh", articule péniblement Karine. "L’Azerbaïdjan a attaqué les civils, visé des écoles. C’est une épuration ethnique qui est en cours, et c’est aussi un conflit religieux. La première chose que les Azéris font, c’est de piller les églises et de retirer les croix", assène Laurie. Pour elle, le Pape demeure l’un des derniers espoirs du peuple arménien. "On y croit, on est certains qu’il est sensible à cette situation. Pour nous, c’était vital de venir lui montrer que nous avons besoin de lui."