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La Garoupe domine le cap d’Antibes et vous avez, de ce promontoire, une vue à couper le souffle sur la Méditerranée, l’Esterel et les Alpes au loin. Si elles sont enneigées, la symphonie de couleurs, entre le bleu violent de la mer, le rouge de la côte et le blanc des sommets est un enchantement. Ici, tout, spontanément, élève vers Dieu. À en croire la légende fondatrice du sanctuaire, vers 328, de retour de son long périple et pèlerinage en Terre sainte, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, fait escale à Antipolis, la future Antibes, et s’indigne, elle, fervente chrétienne, de la survivance sur le vieil oppidum ligure au-dessus de la cité d’un temple dédié à Séléné, la déesse grecque de la lune. Elle demande qu’un sanctuaire du vrai Dieu soit aussitôt installé à sa place.
Deux nefs, deux Madones
Un oratoire est-il vraiment élevé qui, au Ve siècle, prendra le nom de Sainte-Hélène en sa mémoire ? Les historiens en doutent un peu et affirment que l’oratoire en question est bien postérieur mais, après tout, pourquoi ne pas penser qu’il a remplacé un édifice plus ancien ? Ce qui est à peu près certain, en revanche, c’est que, vers l’an 981, une chapelle consacrée à la Vierge Marie et sans doute déjà appelée Notre-Dame de Bon Port, est bel et bien construite au-dessus de la mer, à côté d’une tour de guet, peut-être voulue et desservie par les moines de l’abbaye de Lérins, et qu’elle fait l’objet d’un culte particulier de la part des pêcheurs antibois qui la prennent pour patronne. Une statue taillée dans du bois de figuier y est vénérée.
Le sanctuaire est très fréquenté, comme l’atteste le nombre impressionnant d’ex-voto, le plus ancien, survivant du premier sanctuaire, datant de 1506.
Il faut cependant attendre 1520 pour que René de Savoie, seigneur de la région, fasse un don assez considérable afin que le sanctuaire soit agrandi et que s’y installe un couvent de cordeliers. La nouvelle église comporte une particularité : celle d’avoir deux nefs, abritant côte à côte Notre-Dame de Bon Port, patronne des gens de mer, et Notre-Dame de la Garde, patronne de la ville d’Antibes. Cette dernière protège à la fois des attaques ennemies et des épidémies, telle la peste qui, toujours au XVIe siècle, cesse après une procession au cours de laquelle la statue mariale est promenée par les rues de la cité.
300 ex-voto
Le sanctuaire est très fréquenté, comme l’atteste le nombre impressionnant d’ex-voto, le plus ancien, survivant du premier sanctuaire, datant de 1506. C’est toute une chronique que ces images naïves racontent, retraçant aussi bien, quand ils sont offerts à Notre-Dame de Bon Port, des naufrages évités, des retours au pays miraculeux, des naufragés sauvés des flots, que des accidents en tous genres, agressions, catastrophes, maladies conjurés par les soins de Notre-Dame de la Garde, voire évasion miraculeuse d’un bagnard, que l’on voudra bien supposer innocent ou, à tout le moins, très repentant des fautes pour lesquelles il a été condamné… L’on en compte trois cents encore exposés et en bon état, malgré les nombreux aléas que rencontrera le sanctuaire au cours de son histoire, depuis de banales mais désastreuses infiltrations d’eau dans les murs en passant par les tremblements de terre dont le dernier aura raison de la vieille tour de surveillance.
Le mobilier comporte de surcroît, outre un beau retable de 1710, une Assomption italienne de l’école de Brea, une icône byzantine de valeur, et divers objets rapportés, sous le Second Empire, du siège de Sébastopol en Crimée.
Les matelots pieds nus
Peut-être parce qu’elle jouxte la tour de guet, peut-être parce que la République, qui a annexé le comté de Nice, ne peut se mettre la population à dos, la chapelle mariale de la Garoupe échappe aux déprédations révolutionnaires. On ne fait prudemment plus mention de son caractère sacré, pour n’évoquer que "la vedette sans-culotte", une vedette désignant alors, dans le vocabulaire militaire, un poste de garde avancé. Ainsi peut-elle être rendue au culte à peu près intacte. Très vite, les pèlerins reviennent et les anciens usages sont restaurés.
Voilà comment, chaque premier jeudi du mois de juillet, la confrérie des marins antibois descend solennellement la statue de Notre-Dame de Bon Port de sa chapelle à la cathédrale pour l’y remonter le dimanche suivant. Afin de l’honorer et respecter leurs vœux, les matelots sont revêtus de la marinière traditionnelle et s’avancent pieds nus, vraie pénitence même si le sentier, devenu chemin de croix et aboutissant à une autre chapelle dite du Calvaire, choix logique s’agissant d’un lieu de culte voulu par sainte Hélène qui a retrouvé les reliques de la Croix, est relativement aisé à monter et descendre.