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Lorsque Jean Paul II annonça, en 1984, ce qui devait devenir les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), rares furent ceux qui crurent au succès de cette initiative. La première édition accueillit 300.000 jeunes à Rome, un succès majeur pour les organisateurs. L’édition de 1989, à Saint-Jacques-de-Compostelle, et celle de 1991, à Czestochowa, dans une Pologne qui venait à peine de retrouver sa liberté, furent de grands moments pour les jeunesses d’Europe. En 1991, quelques centaines de Soviétiques avaient été autorisés à venir depuis Moscou et, pour la première fois, des milliers de jeunes des deux côtés de l’ancien Rideau de fer pouvaient se rencontrer et échanger. À Manille, aux Philippines (1995), les organisateurs recensèrent près de 5 millions de participants, pour ce qui reste encore le plus grand rassemblement humain de l’histoire. De la tempête de Madrid en 2011 à Copacabana noire de monde en 2013, chaque JMJ a laissé des temps forts et des moments inoubliables.
L’ardeur est restée
Depuis quarante ans, les JMJ dessinent aussi une présentation de l’évolution du monde catholique en particulier et de la géopolitique mondiale en général. Sur les dix-sept événements organisés, dix eurent lieu en Europe, cinq dans les Amériques, un en Asie et Océanie. Alors que beaucoup annoncent la fin du christianisme en Europe, force est de constater que les JMJ européennes rassemblent à chaque fois de plus en plus de jeunes, dont la plupart sont issus du continent européen, pour cause de contrainte de transport évidente.
Ce que dévoile la carte des JMJ, c’est aussi l’état de la stabilité et de l’instabilité du monde.
Ainsi, de 300.000 participants à Rome en 1985, le nombre est monté à 500.000 à Saint-Jacques en 1989, 1,6 million en Pologne en 1991, 1,2 million à Paris (1997), 2,2 millions à Rome pour le jubilé de l’an 2000, 2 millions à Madrid (2011), 3,5 millions à Cracovie (2016). Des scores qui devraient encore être atteints à Lisbonne cette année. Ce sont désormais les enfants des participants des JMJ de Jean Paul II qui s’y rendent, preuve que l’intuition du pape polonais a été atteinte : la foi a été transmise et l’ardeur est restée. L’historien Charles Mercier parle des JMJ comme "un internationalisme catholique" qui, nées dans les années 1980, à une époque de raidissement de la Guerre froide, ont su se renouveler et s’adapter pour répondre aux défis des années 2020.
Géographie du monde
Ce que dévoile la carte des JMJ, c’est aussi l’état de la stabilité et de l’instabilité du monde. Réunir des foules aussi nombreuses nécessite une logistique puissante et rôdée pour loger, nourrir, soigner et encadrer un si grand nombre de personnes. Aucun autre événement ne réunit autant de monde sur plusieurs jours et en un lieu réduit. Si c’est une rencontre de foi, c’est aussi une épreuve matérielle et logistique qui nécessite plusieurs années de préparation pour les diocèses. Exemple, pour les vêtements et objets liturgiques. Pour ces JMJ, ce sont 10.000 vêtements qui ont dû être confectionnés pour les prêtres et les évêques qui seront présents. À quoi s’ajoutent 6.000 pyxides et 200 calices.
Le coût des frais de l’organisation étant à la charge des diocèses organisateurs, c’est à eux de lever les fonds nécessaires aux investissements. Cela suppose aussi des villes qui puissent absorber un tel flux humain, avec des autoroutes, des gares et des aéroports qui soient de rang international. Pour l’économie locale, c’est une aubaine de voir débouler autant de monde et c’est une belle publicité pour un événement qui est retransmis dans le monde entier. S’il est de bon ton de parler de soft power pour le sport, le concept peut tout à fait être appliqué aux JMJ, qui ont en plus l’avantage d’être beaucoup moins coûteuses à organiser que les JO et à poser moins de problèmes de sécurité.
Tenir compte des contraintes logistiques
Ces contraintes logistiques limitent le nombre possible de pays qui peuvent les organiser. Aucun pays africain n’est aujourd'hui en mesure d’assurer la sécurité et la réception de milliers de jeunes et peu de pays en Asie ont la masse critique de catholiques présents pour planifier un tel événement. La Corée du Sud rassemble toutes les conditions et pourrait donc recevoir les prochaines JMJ. En Amérique latine, il n’y a guère que le Chili, l’Argentine et le Brésil qui disposent des moyens techniques pour assurer une telle organisation. Un retour aux États-Unis n’est pas non plus à exclure, peut-être à San Diego dont le cardinal-évêque est un proche du pape et dont la ville est située à quelques kilomètres de la frontière mexicaine.
Si le but des JMJ est d’être un moment de rencontres et de partage de la foi, ce type d’événement ne peut s’abstraire des contraintes politiques et logistiques inhérentes à l’organisation d’une telle rencontre. Cela se voit aussi en Europe : ce sont les pays de forte tradition catholique qui les ont accueillies, ce qui exclut, pour l’instant, le Royaume-Uni. On attendra la messe finale pour connaître le nom de la prochaine ville organisatrice (qui sera hors d’Europe si l’alternance est respectée), mais d’ores et déjà, le choix se heurte à un dilemme : soit choisir un pays qui a la masse de population suffisante et la structure logistique adéquate, soit opter pour un pays qui a les moyens techniques, mais qui ne dispose pas d’une jeunesse catholique en grand nombre. Auquel cas, c’est s’exposer à des JMJ sans réel impact apostolique. Cela avait été le cas des JMJ à Panama (2019) qui avaient atteint péniblement les 110.000 participants, mais pour une ville qui compte 470.000 habitants. Les structures hôtelières et logistiques avaient été submergées par la foule inhabituelle, ce qui n’avait pas été sans poser de nombreux problèmes de sécurité. Si elles sont des journées de foi, les JMJ doivent aussi composer avec les réalités géopolitiques mondiales.