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[HOMÉLIE] Le Jeudi saint, adorons le Dieu à genoux

"Le lavement des pieds", aquarelle de James Tissot.

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Gaëtan de Bodard - published on 05/04/23
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L’abbé Gaëtan de Bodard, aumônier de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, commente l’évangile du Jeudi saint (Jn 13, 1-15). En ce jour, Dieu se fait serviteur à genoux et nourriture pour ses frères les hommes.

Avec la messe des Rameaux, nous sommes entrés dans la grande semaine, la Semaine sainte, qui nous conduit jusqu’à Pâques. Cette grande semaine est comme un résumé de notre vie : joies et peines se succèdent, emballement et prostration, allégresse et consternation pour aboutir, in fine, à la joie suprême de la Résurrection qui est un avant-goût ce que qui nous attend, nous aussi, à la fin des temps. Joie et allégresse, palmes et rameaux en mains, de l’entrée solennelle de Notre Seigneur à Jérusalem, tempérées aussitôt par ce long récit douloureux de la Passion. Lundi, mardi et mercredi, à travers les messes quotidiennes, la tension monte tout doucement à travers les lectures que l’Église nous propose. Lors de la messe chrismale, nous avons vécu une grande ferveur communautaire en diocèse autour de notre évêque qui a rassemblé autour de lui son presbyterium, l’assemblée des prêtres qui, en cette occasion solennelle, renouvellent les promesses de leur ordination sacerdotale —obéissance, prière du bréviaire et célibat —, les diacres, les religieux et religieuses et tout le peuple des fidèles. Beau moment de communion et de prières pour nos diocèses qui en ont tant besoin.

La fête des prêtres

Et nous voici le Jeudi saint. La fête des prêtres, le jour de prières spécifiques pour les prêtres, vos prêtres, ceux qui vous servent. Une messe solennelle en pleine semaine : les prêtres et diacres revêtus d’ornements festifs blancs ou dorés, le chant du Gloria dont nous avons été privés tout au long de ces dimanches de carême, ce lavement des pieds si significatif qui nous rappelle que si les prêtres sont les représentants de l’autorité dans leur ministère, ils sont avant tout au service… et le service le plus humble : le service à genoux qui est autant celui de la prière que de "la mise à disposition" comme disent les militaires. Les prêtres, à l’image de leur Maître, le Seigneur Jésus-Christ, sont là pour servir. Ils servent en priant, ils servent en se donnant et en se donnant tout entiers ! 

Ce geste posé juste après l’homélie, nous sommes invités à nous y unir de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre être, que nous soyons les pieds nus en attente de cette eau qui va nous laver ou spectateurs de cette scène à la fois insolite et suggestive : Jésus est venu pour nous laver de nos péchés, pour nous purifier. Mais Il ne le fera pas avec de l’eau mais dans Son propre sang. Cela, c’est pour ce douloureux Vendredi saint, le vendredi sanglant.

Mettez-vous à genoux

Revenons à notre Jeudi saint. Comme à chaque messe, le prêtre, alter Christus, autre Christ va consacrer le pain et le vin. Vous imaginez bien qu’en ce jour, nous allons le faire avec une ferveur renouvelée. C’est ce soir-là que tout est né, que Jésus nous a laissé Sa présence sous la forme du pain et du vin consacrés qui sont véritablement Son Corps et Son Sang très saints. Et ces hosties — le Saint-Sacrement — sont conservées précieusement dans le ciboire en or, recouvert d’un pavillon blanc brodé, enfermé dans le tabernacle recouvert d’un conopée orné. Et ce Saint-Sacrement est veillé en permanence par une petite lumière scintillante, même quand la nuit, l’église est fermée à double-tour. Ce soir, quand le prêtre revêtu du voile huméral sur sa chasuble ou sa chape transportera la sainte réserve au reposoir qui a été décoré avec soin et amour, mettez-vous à genoux et adorez notre Dieu qui Se fait suffisamment humble pour Se mettre à genoux devant Ses amis pour leur laver les pieds mais aussi — et ce jusqu’à la fin des temps — Se fait petit morceau de pain pour être mangé, pour être reçu, pour être adoré par Ses frères les hommes. 

Notre force et notre joie

Jeudi saint, jour de joie et de ferveur qui, par-delà les larmes, les souffrances, les questions de demain, perdurera dans la communion à l’office de la Passion. L’Eucharistie est notre force dans les épreuves, notre joie dans les peines, notre soutien dans les coups de boutoirs du quotidien. Et c’est un certain jeudi d’avril de l’année 30, à Jérusalem, dans une "grande pièce aménagée et prête pour un repas" (Mc 14, 15) que Jésus a posé ces gestes, qui pour toujours nous apportera, outre Sa force, mais plus encore Sa présence. Rendons grâce pour ce don si grand de l’Eucharistie et prions avec ferveur pour les prêtres que Jésus S’est choisi pour actualiser Son sacrifice jusqu’à la fin des temps.

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