Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Padre. Un nom qui peut surprendre pour qui n’est pas familier des armées. Nom donné aux aumôniers militaires, les padres accompagnent les militaires au sein de leur régiment dont ils partagent le quotidien, mais aussi lorsque ces derniers sont envoyés en opérations extérieures. Un rôle d’accompagnement humain, spirituel et fraternel, peu connu mais ô combien essentiel. C’est à ces padres que la réalisatrice Marie-Cheyenne Carron a décidé de consacrer son nouveau film, Je m’abandonne à toi. En salles à Paris et Nice ce mercredi 22 mars, il raconte le quotidien de Paul, padre dans un régiment de la Légion étrangère.
Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans la vie du régiment. On suit Paul de l’entraînement aux repas en passant par la célébration des sacrements, on l’entend échanger avec simplicité et camaraderie avec les légionnaires dont il a charge d’âme. Une disponibilité de chaque instant, comme en témoigne la scène d'une visite médicale. Alors qu’il s’inquiète d’une douleur au cœur, le médecin militaire le rassure en lui disant qu’il a "le cœur d’un adolescent" et enchaîne tout naturellement en lui confiant ses problèmes familiaux et ses difficultés à créer une relation avec la fille de sa compagne. Paul écoute et lui répond par des questions ouvertes. Présent sans être intrusif, direct sans être blessant.
C’est aussi l’attention portée à ce légionnaire qui se tient souvent à l’écart du groupe. S’assoir à ses côtés et le laisser parler. Ou accepter le silence qu’il offre. L’amener à s’ouvrir sur cet accrochage qui a eu lieu lors d’une opération extérieure, et le fait d’avoir donné la mort. Et entendre le padre avoir ces mots de compréhension, de réconfort et de force. Des mots nécessaires aux soldats pour avancer et accomplir leur mission. Puis vient ce réveil en pleine nuit où le padre est appelé dans le bureau du chef de corps lui apprenant la terrible nouvelles : deux hommes sont morts au combat et un troisième, gravement blessé, est transféré immédiatement dans un hôpital militaire. Lorsque la mort frappe, on n’est jamais préparé. Mais en tant que padre du régiment, Paul accompagne chacun, prenant le temps de dire à chaque soldat qu’il va prier pour leurs camarades morts au combat.
En immersion au 2e REI
Si le film comporte plusieurs longueurs et joue parfois sur des cordes sentimentales un peu éculées, notamment en ce qui concerne la relation de Paul avec sa mère, il a le mérite de donner à comprendre les différentes facettes de la mission du padre. Tourné en grande partie à Nîmes, au 2e Régiment étranger d’infanterie, certaines scènes se déroulent également dans les superbes abbayes de Sénanque et de Frigolet. Un cadre qui confère au film un nécessaire réalisme. Le bouleversant témoignage du padre Yannick Lallemand, figure emblématique des aumôniers militaires qui a notamment sauté sur Kolwezi avec les légionnaires du 2e REP en 1978 et qui portera cette année la main du capitaine Danjou à Aubagne lors de la fête de Camerone, permet aussi au spectateur de mieux comprendre la place du padre auprès des soldats, de ses frères d’armes.
Pratique