1La fièvre de la Coupe du monde ? Mise en perspective religieuse
Au Qatar, le vicaire apostolique Mgr Paul Hinder ne détecte pas d'"enthousiasme particulier" pour la Coupe du monde chez les chrétiens locaux, alors que l’événement s’est ouvert hier. Le manque d'enthousiasme est en partie dû au fait que "beaucoup de chrétiens viennent de pays comme l'Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Népal et le Pakistan, qui préfèrent le cricket", explique l'évêque au Pillar. En revanche, la construction des énormes infrastructures qui serviront aux matchs a reposé sur le travail acharné de centaines de milliers de jeunes hommes originaires de pays tels que l'Inde, le Bangladesh, le Népal, le Pakistan, les Philippines et l'Égypte. De nombreux drames ayant jonché le sol des travaux, de nombreuses ONG appellent à boycotter ce qu’ils dénoncent comme des atteintes aux droits de l’homme. D’après un rapport du journal britannique Guardian, 6.500 travailleurs sont morts au Qatar depuis que le pays a été choisi pour accueillir la Coupe du monde 2022 il y a plus de dix ans – dont 37 en travaillant dans les stades.
"Je peux respecter si quelqu'un boycotte la Coupe du monde, mais je dirais qu'il ne devrait pas juger les autres qui ont quand même le plaisir de regarder les matchs”, tempère Mgr Hinder. "En fin de compte, les gens veulent voir du football, et ils ne sont pas toujours très cohérents dans leurs décisions morales de base." Autre point qui a provoqué une levée de boucliers : les droits des LGBT, alors que de nombreuses associations nationales de football ont tenu à protester contre l'interdiction des comportements homosexuels au Qatar, avec des peines pouvant aller jusqu'à l'exécution.
Quoiqu’il en soit, cette édition est la première à se dérouler dans un pays musulman. The Pillar voit dans les tournois des tonalités religieuses. Ainsi, estime le site, l’Iran est une équipe à suivre, alors que se sont multipliés les mouvements en soutien des femmes. Et l’Arabie saoudite musulmane se retrouve dans un un groupe très "catholique" – l'Argentine, le Mexique et la Pologne. Mais "il ne faudra rien de moins qu'un miracle" pour que les Saoudiens atteignent la phase suivante, conclut-il.
2Matteo Zuppi : "L'Église a pris conscience des allégations d'abus présumés, mais elle doit le faire encore plus"
Le très médiatique cardinal italien Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), a accordé un entretien au quotidien argentin Clarin. Ce pilier de la Communauté de Sant’Egidio, qui a vécu à Buenos Aires en 1987, rappelle que "Bergoglio est un pape non-européen dans l'Église moderne". Le cardinal italien, pressenti comme un potentiel futur pape qui pourrait assurer la continuité des réformes du pape François, affirme que "l'Europe doit se repositionner". "L'Europe a pensé le monde à partir de l'Europe et peut-être doit-elle comprendre qui elle est en apprenant à se regarder de l'extérieur. La vision du pape François, qui est mondiale et non eurocentrique, donne à l'Europe son véritable sens, l'aide à comprendre ce qu'elle peut être", précise-t-il. Le cardinal Zuppi reconnaît que l’Église catholique est actuellement marquée par de nombreux conflits, mais il estime que ces débats font partie de l’Histoire de l’Église "depuis le premier synode ouvert entre apôtres, entre Pierre, Paul et Jacques. Le fait qu'il existe différentes sensibilités ou différentes approches, le pape François en a fait ressortir une grande richesse. Il a fait de la discussion un élément important pour le cheminement de l'Église".
Le cardinal Zuppi salue aussi les efforts de transparence du Pape au niveau de sa santé, afin “d'éviter les spéculations et les complots, qui sont une spécialité ecclésiastique romaine bien développée depuis quelques siècles”, ironise-t-il. Il explique qu’en mai dernier, lors de sa rencontre à huis-clos avec les évêques italiens, il s'est exprimé sur le sujet. "C'était peut-être un moment difficile pour lui, il a utilisé des expressions colorées et ironiques sur les manœuvres en fauteuil roulant. Mais il envisage la possibilité d'un adieu pour lui-même. “Oui, si je ne peux plus le faire”, a-t-il dit. Je pense que c'est une grande leçon de conscience et de service", confie le cardinal Zuppi. "Je ne pense pas qu'il soit facile pour quiconque d'affronter sa propre faiblesse. C'est une grande leçon de sens humain que de savoir dire au revoir, et aussi de sens ecclésial, d'amour pour l'Église", précise le cardinal italien.
Par ailleurs, le président de la CEI, critiqué pour l’engagement encore timide de l’Eglise italienne dans le recensement des abus sexuels sur mineurs et dans le combat contre ce phénomène, explique que "l'Église, comme tout le monde, a eu du mal à être consciente. Il y a cinquante ans, il n'y avait pas la jurisprudence qu'il y a aujourd'hui. L'Église a pris conscience des allégations d'abus, mais elle doit prendre encore plus conscience", reconnaît-il.
3ET AUSSI DANS LA PRESSE INTERNATIONALE...
L’Église colombienne n’assurera pas de médiation avec l’ELN
L’ELN (Armée de Libération Nationale), la dernière guérilla active en Colombie, a accepté de revenir à la table des négociations dans le cadre du vaste plan de "Paix totale" promu par le président de gauche Gustavo Petro, lui-même ancien guérillero. L’Église ne sera pas partie prenante de ce processus bilatéral entre l’État et la guérilla, mais elle assure qu’elle en soutiendra la mise en œuvre d’un éventuel accord sur le terrain, en apportant un appui pastoral à la promotion de la paix et de la réconciliation.
Abus : les changements que l'Église catholique pourrait apporter
The Washington émet des suggestions pour résoudre la crise des abus et la crise de confiance dans l’Église : limiter la durée du mandat des évêques à 10 ans pour "un examen naturel des opérations diocésaines et de la gestion des prêtres" ; et éviter de confier à un évêque un diocèse où il a servi en tant que prêtre, afin qu’il ne soit pas influencé par "les amitiés passées".
Rencontre au sommet entre catholiques et assyriens
Le pape François a rencontré samedi matin Mar Awa III, le chef de l'Église assyrienne de l'Orient, exhortant les membres des deux Églises "à prier et à travailler avec diligence en vue du jour tant attendu" où la pleine unité sera réalisée.