La réconciliation sera donc le fil rouge de ce 37e voyage apostolique du pape François (le 56e pays visité) dont la devise est “Marcher ensemble”. Au total, quatre discours et quatre homélies sont inscrits dans un programme volontairement allégé. Les organisateurs ont en effet pris soin d'épargner trop d'efforts au pape de 85 ans, qui souffre du genou depuis des mois et se déplace fréquemment en fauteuil roulant ou avec une canne.
Recueillement à Maskwacis
Le pape atterrira d’abord à Edmonton, en Alberta, province qui comptait le plus grand nombre de pensionnats autochtones du pays. Il y rencontrera les trois grandes réalités des peuples autochtones, qui représentent 5% de la population de 38 millions d’habitants : les Premières nations, les Métis – descendants d’unions entre colons européens et indigènes – et les Inuits.
Parmi les grands moments attendus, le pape se recueillera, le 25 juillet, dans un cimetière pour autochtones, à Maskwacis. On trouvait dans cette ville le pensionnat d’Ermineskin, l’un des plus grands du pays, où la surpopulation et les maladies étaient courantes. Le pape se rendra aussi à l’église du Sacré-Cœur des Premiers peuples, paroisse où la liturgie reflète la culture autochtone.
Sous le patronage de sainte Anne
Outre la démarche de repentance, le thème de la rencontre des générations, cher au pape, sera très présent. Il célébrera ainsi deux messes à Lac Ste Anne (26 juillet) et au sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré (28 juillet), deux lieux dédiés à la grand-mère de Jésus. La sainte patronne du Canada est vénérée d’une façon particulière par les autochtones chez qui la figure de l’ancien est centrale.
Dans ce pays où les catholiques sont majoritaires (44%) mais où la dynamique de sécularisation est très forte, le successeur de Pierre a choisi de visiter le berceau du catholicisme canadien, à Québec. C'est là qu'il rencontrera les autorités civiles, comme il le fait à chaque voyage. Le pontife y a également rendez-vous avec le clergé et les religieux. Enfin, dernière étape au pays à la feuille d'érable : le pape fera une halte sur le territoire de l’Arctique, à Iqaluit, pour rencontrer les Inuits, avant de rentrer à Rome.
Des blessures qui restent ouvertes
Si Benoît XVI avait formulé des excuses pour le comportement de l’Église envers les autochtones en 2009, cependant “des blessures sont restées ouvertes”, a souligné le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège en présentant le voyage à la presse le 20 juillet, soulignant le "besoin de réponse”.
Ces deux dernières années, a-t-il ajouté, un nouveau parcours a été fait avec François, qui a reçu en mars des délégations, a écouté leur témoignage, et a fait part de sa détermination à venir sur leur sol en démarche pénitentielle.
Les représentants indigènes ont fait savoir qu’ils attendaient d’autres actions, comme l’abrogation d’anciennes bulles, notamment Inter Caetera, promulguée en 1493 par Alexandre VI qui autorisait les souverains européens à se rendre maîtres du Nouveau Monde. Ils dénoncent la ‘doctrine de la découverte’ qui en découle. Une “réflexion” est “en cours de développement” à ce sujet, a affirmé Matteo Bruni, avant de nuancer : ce travail de révision n’arrivera pas nécessairement à maturation au cours de ce voyage.
Par ailleurs, les autochtones demandent au pape la restitution d’objets indigènes présents dans les Musées du Vatican à Rome. Le Saint-Siège affirme que ceux-ci ont été offerts aux papes. Cependant, les autochtones insistent sur leur importance dans leur travail de réappropriation de leurs propres cultures. Ce point encore pourrait voir des développements “après le voyage”, a estimé le porte-parole du Vatican.