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Le pape François a annoncé jeudi 27 octobre qu’il souhaitait se rendre au Canada en réponse à une invitation récente lancée par la Conférence des évêques canadiens. Une démarche qui s’inscrit dans un processus de réconciliation et de guérison initié après la découverte macabre de charniers près d’établissements catholiques en mai dernier.
À la fin du mois de mai, l’excavation de tombes dans un cimetière près du pensionnat catholique de Kamloops – petite ville de la Colombie britannique située sur un ancien territoire amérindien -, révélait la sépulture anonyme de 215 enfants, anciens élèves de l’établissement. Une découverte qui en entraine d’autres à proximité de pensionnats chrétiens : 751 corps à Marieval, 182 à Canbrook, et 160 à Penelakut.
Ces établissements, gérés la plupart du temps par des congrégations catholiques à la demande du gouvernement canadien, ont eu pour objectif, pendant presqu’un siècle, entre 1883 et 1969, d’évangéliser et d’assimiler les populations autochtones. Depuis plusieurs années, les groupes autochtones – appelés au Canada « Premières nations » – dénoncent les conditions de vie imposées aux pensionnaires.
Un électrochoc pour l’Église canadienne
Le 31 mai, apprenant la découverte du charnier de Kamloops, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) évoque une "tragédie" qui "fait ressurgir des traumatismes dans de nombreuses communautés" du pays. Les représentants autochtones exigent des excuses officielles de l’Église. La découverte de charniers dans divers États du Canada est largement relayée dans la presse locale puis internationale. Dans le pays, elle entraîne des représailles, notamment des incendies dans une dizaine de lieux de cultes chrétiens pendant le mois de juin.
La découverte des charniers agit comme un électrochoc pour l’Église canadienne et ravive la nécessité de poursuivre un chemin de réconciliation déjà entamé depuis les années 1990. En 1992, des officiels catholiques avaient présenté leurs excuses aux autochtones après de premiers rapports sur le fonctionnement des pensionnats. Une initiative suivie en 1993 par des excuses officielles de la CCCB.
En mai 2008, une commission Vérité et réconciliation avait été mise sur pied par l’Église pour examiner le fonctionnement de ses anciens établissements scolaires. Et, dans le même élan, le Pape Benoît XVI avait reçu au Vatican, le 19 avril 2009, le chef Phil Fontaine, représentant de l’Assemblée des Premières Nations. Enfin, en 2016, l’Église catholique posait les fondations du Cercle Notre-Dame-de-Guadalupe, organisation catholique visant à promouvoir la réconciliation avec les peuples autochtones, une initiative déployée depuis sur tout le territoire canadien.
Le pape François s’implique personnellement
Face à la stupéfaction et l’horreur provoquée par les découvertes des charniers en mai dernier, la CECC annonce, le 10 juin, le lancement de "vraies actions significatives" en faveur de la réconciliation avec "le ferme encouragement du pape François". Quatre jours avant, le pontife argentin, lors de l’Angélus, avait réagi à la "choquante nouvelle" et prié pour les communautés endeuillées, dénonçant les souffrances créées par le "modèle colonisateur" du passé.
Une visite au Vatican d’une délégation de représentants autochtones, en préparation depuis deux ans, est alors annoncée. La rencontre, qui se déroulera du 17 au 20 décembre, est confirmée quelques jours plus tard. Parmi la délégation se trouveront des survivants des pensionnats.
Depuis, la CECC a décidé, le 24 octobre, de présenter des excuses officielles aux peuples autochtones : "Nous reconnaissons les graves abus qui ont été commis par certains membres de notre communauté catholique : physiques, psychologiques, émotionnels, spirituels, culturels et sexuels", affirment-ils dans un texte sans ambiguïté. Des mots forts suivis d’actions concrètes, avec la création, le 27 octobre, d’un fond de 30 millions de dollars pour soutenir l’initiative de guérison.
C'est dans cette dynamique que vient s’inscrire l’implication personnelle du pape François. L’annonce de son désir de se rendre au Canada parachève une volonté de réparer les erreurs du passé.