1Au Vatican, c’est à qui sera le plus sinophile
Alors qu’un bon nombre d’évêques de Chine se retrouvent derrière les barreaux ou assignés à résidence, "sous le pontificat de François, pas un seul mot n’a été publiquement prononcé par lui ou les autorités vaticanes pour demander que soit levées les restrictions imposées à ces évêques, ainsi qu’à de nombreux prêtres et fidèles qui subissent le même sort en Chine et à Hong Kong", souligne le vaticaniste Sandro Magister. Un accord "provisoire et secret" sur la nomination des évêques est en vigueur depuis 2018 entre la Chine et le Saint-Siège, mais malgré ses concessions, ajoute-t-il, le Saint-Siège n’a rien obtenu en retour de la part des autorités chinoises, pour des dizaines d’évêques nommés par Rome mais jamais reconnus par Pékin. Sandro Magister fait le constat sans appel que le bilan de cet accord "est bien maigre". Pourtant, d’après le dernier entretien du Pape à Reuters, la consigne du chef de l’Église catholique est de renouveler cet accord sans faire de vagues et de "défendre coûte que coûte sa politique d’apaisement avec la Chine". Derrière cette tendance nettement sinophile, on retrouve, selon le vaticaniste, un lobby, la communauté de Sant’Egidio, et un expert : le professeur Agostino Giovagnoli, vice-président de l’Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille et membre du comité scientifique de l’Institut Confucius de l’Université catholique de Milan, l’un des nombreux Instituts Confucius ouverts par Pékin dans le monde entier pour la propagation de la langue et de la culture chinoise.
2Trois femmes et beaucoup d'autres, les nominations du Pape
"L'Église semble être en passe de reconnaître qu'elle a besoin de femmes pour son action de gouvernement", écrit Paola Bignardi, présidente de l'association laïque Azione Cattolica Italiana (Action catholique italienne), à propos de la décision du pape François de nommer trois femmes comme membres du Dicastère pour les évêques. Dans cet article d'opinion publié par le quotidien italien Avvenire, Paola Bignardi souligne que la décision du pontife n'est pas seulement importante en raison du rôle significatif que joue ce dicastère dans le choix des futurs dirigeants de l'Église locale. Elle revêt également une importante "valeur symbolique" car "toute femme qui assume une responsabilité dans l'Église porte une lourde tâche sur ses épaules : celle de représenter toutes les femmes [...] qui sentent dans l'Église qu'elles ne sont pas valorisées, pas écoutées, pas comprises, pas considérées". Bignardi explique qu'en fait, ces trois nouveaux membres du dicastère auront la lourde tâche de rappeler à leurs collègues clercs masculins que la moitié de la population catholique est composée de femmes, dont beaucoup "attendent une Église renouvelée".
3Avortement : un évêque américain considère que le Pape est "désinformé" par son entourage
Interviewé par le média allemand Die Tagespost, Mgr Joseph Naumann, archevêque de Kansas City, a été le responsable des questions liées à la défense de la vie au sein de la Conférence des évêques des États-Unis pendant la présidence Trump. Il se dit satisfait de la décision de la Cour suprême d'annuler l’arrêt Roe v. Wade qui constituait selon lui un "droit à l’avortement", mais explique que les prochaines élections pourraient avoir un "rôle important". Il rappelle que cette décision implique désormais un plus grand soutien aux femmes parce qu’il "ne s’agit pas seulement de l’enfant". "La réalité est que les entreprises américaines font la promotion de l'avortement parce que cela signifie que les femmes n'ont pas à prendre de vacances", déplore-t-il, regrettant l’absence d’aides pour les mères dans le système américain. L’évêque considère que nombre de catholiques qui soutiennent l’avortement nécessitent un "travail d’éducation", évoquant le cas de Joe Biden qui selon lui "a suivi la ligne des démocrates, pas la doctrine de l’Église". Il estime au contraire que ce que Donald Trump a fait sur l’avortement est "exemplaire". Rebondissant sur l’épisode où Nancy Pelosi a pu communier lors d’une messe célébrée en présence du Pape en la basilique Saint-Pierre, l’évêque se dit "triste" de la façon dont François a été "politiquement exploité", et estime que "ses conseillers et son entourage l’ont complètement désinformé".
4Karl Barth, précurseur d'une pensée chrétienne répondant aux défis de la modernité sécularisée
Le pasteur protestant Andrew Root, théologien et écrivain américain de 48 ans, s’est appuyé sur la pensée du Suisse Karl Barth (1886-1968) pour développer un essai sur les défis que la modernité pose au christianisme. Dans son livre intitulé en anglais Churches and the Crisis of Decline: a Hopeful, Pratical Ecclesiology for a Secular Age ("Les Églises et la crise du déclin : une ecclésiologie pratique et pleine d’espérance pour un âge sécularisé"), Andrew Root revient sur le constat communément partagé d’un effondrement institutionnel des Églises en Occident, notamment aux Etats-Unis où la proportion de "nones", les jeunes sans affiliation religieuse, augmente très rapidement, même dans la "Bible Belt". En s’adressant directement "aux Églises et aux pasteurs qui cherchent à survivre, voire à prospérer, dans une période d'effondrement désorientant", le théologien protestant prend appui sur la pensée de Karl Barth pour en tirer des conseils pratiques dans un cadre "immanent", audible pour l’époque contemporaine. Selon l’auteur, le libéralisme comme le fondamentalisme condamnent la foi à un "repli défensif", alors que les chrétiens devraient être "à l'affût de la présence et de l'action du Dieu vivant dans le monde", à la suite de Barth qui "croit, confesse et annonce avec audace que Dieu seul est Dieu, que Dieu seul est le juge du monde et que Dieu seul est le sauveur aimant du monde", y compris dans le contexte d’une modernité contre lequel il serait illusoire de se battre. La recension de First Things exprime cependant un désaccord, appelant à "refuser de se laisser dicter ce qu'il est permis de vivre ou de croire", et appelant au contraire à remettre en cause la modernité immanente actuelle qui conduit à oublier le sens de Dieu.
5La politique internationale française est très suivie par le Saint-Siège, affirme la nouvelle ambassadrice
À l’occasion de la fête nationale française le 14 juillet, Radio Vatican a interviewé Florence Mangin, deuxième femme à occuper la fonction d’ambassadrice de France près le Saint-Siège, un mois et demi après la présentation de ses lettres de créances au pape François. Dans ce poste "atypique", la diplomate constate "une approche plus multilatérale". Elle remarque "que la politique internationale française intéresse beaucoup au Vatican. Vraiment beaucoup", citant parmi les préoccupations communes l’action au Liban, au Moyen-Orient, en Afrique, le climat, les inégalités. De même, elle note que l’Église catholique française intéresse beaucoup aussi avec "son caractère innovant et créatif". L’ambassadrice explique vouloir promouvoir la langue française et valoriser les Français qui travaillent pour le Saint-Siège. Et elle souligne que "la spécificité du Saint-Siège, à la fois État et puissance spirituelle, fait qu’il faut inventer un poste au fur et à mesure, au jour le jour, au gré des rencontres effectuées".