1Spéculations sur une possible renonciation de François
Au lendemain du consistoire durant lequel il créera 16 nouveaux cardinaux, et à la veille d’une réunion du Sacré-Collège au sujet de la nouvelle Constitution apostolique Praedicate Evangelium, le pape se déplacera le dimanche 28 août à L’Aquila à l’occasion du “Pardon célestinien”. Il marche ainsi sur les pas de Célestin V, qui a institué cette célébration jubilaire en 1294, peu avant sa renonciation au pontificat. Venu le 28 avril 2009 pour consoler une population éprouvée par le séisme survenu trois semaines auparavant, le pape Benoît XVI en avait profité pour déposer son pallium sur la châsse contenant les reliques de Célestin V. Ce geste avait été postérieurement compris comme une annonce de sa propre renonciation ultérieure. Le programme inhabituel de cette fin d’été laisse penser que le pape pourrait prendre une initiative “sortant de l’ordinaire”, d’autant plus que la réforme de la Curie sera au moins partiellement concrétisée et que le pape montre de grands signes de fatigue. Mais certains démentent les rumeurs de démission, compte tenu de la perspective du Synode prévu en 2023, et de la présence toujours active de Benoît XVI. La cohabitation de deux papes émérites semble en effet difficile à envisager et rendrait la position du successeur très inconfortable.
2Le nom le plus inattendu pour le prochain consistoire
Le nom le plus inattendu pour le prochain consistoire est certainement celui de Mgr Giorgio Marengo, préfet apostolique d’Oulan-Bator, à la tête d’une Église minuscule ne comptant que quatre paroisses et environ 1300 catholiques. Mais au-delà de l’attention bien connue du pape aux “périphéries” de l'Eglise, cette nomination s’inscrit dans le “Great Church Game” vers l’Asie, autrement dit la stratégie de rapprochement opérée par le Saint-Siège vers la Russie, l’Asie centrale et la Chine. C’est la thèse défendue par l’expert russe Stanislav Stremidlovskij dans un article diffusé par la revue Regnum. Compte tenu de l’impossibilité de créer un cardinal chinois - selon une clause qui serait contenue dans l’accord entre Rome et Pékin sur les nominations d'évêques -, le pape a fait ce choix “insolite” de donner un cardinal à la Mongolie, “pays anthropologiquement lié à la Chine”. Le plus jeune cardinal du monde, qui aura 48 ans dans quelques jours, pourrait donc servir de relais du Vatican vers le monde chinois. Et la Mongolie constitue aussi un point de contact vers l’Asie centrale, autre enjeu essentiel pour le Vatican, qui veut garder des liens avec les pays situés sous la sphère d’influence de la Russie. La visite du pape prévue en septembre au Kazakhstan s’inscrit dans cette même logique de pivot stratégique.
3La réforme de l’Eglise catholique doit passer par un nouveau Code de droit canonique
Le quotidien de la conférence épiscopale italienne revient sur la discrète entrée en vigueur de la nouvelle Constitution apostolique Praedicate Evangelium. “La Secrétairerie d’Etat perd beaucoup de ses attributions et ne sera plus la clé de voûte de la Curie, comme l’avait voulu Paul VI et confirmé Jean Paul II”, remarque L’Avvenire. Détail rarement remarqué, la Secrétariat général du Synode a perdu la mention “des évêques" dans son intitulé, ce qui laisse imaginer une plus large participation de personnes de différents états de vie, y compris avec droit de vote dans les assemblées synodales. La possibilité pour de simples laïcs de prendre des postes à responsabilité peut inspirer aussi d’autres niveaux de l’Eglise, notamment les diocèses, mais pour créer des charges de vicaire général ou de vicaire épiscopal non clerc, “il faudra d’abord amender le Code de droit canonique”, est-il souligné. La réforme de l’Église et du Vatican passera donc encore par de vastes et complexes chantiers, notamment avec un nouveau Règlement général de la Curie romaine et des règlements propres à chaque institution.
4Sécularisation à grande vitesse en Argentine
Le pays d’origine du pape François se sécularise à grande vitesse, tout comme d’autres pays d’Amérique latine. Les scandales incessants ont porté profondément atteinte à l’image de l’Église catholique dans le pays, à laquelle seuls 31% des Argentins font encore confiance. De 90% de catholiques en 1960, le pays n’en compte plus que 52 à 65%, selon différentes enquêtes qui laissent naturellement une marge d’erreur et d’interprétation. Environ 20% de la population se dit sans religion, et les évangéliques représentent environ 12% des Argentins, un chiffre qui demeure toutefois inférieur au Brésil voisin. Le pape François garde une certaine popularité, mais un tassement est observé, avec 62% en 2017 contre seulement 52% aujourd’hui. Et comme dans une grande partie du monde, les pratiques de méditation et de pratique spirituelle personnelle séduisent de plus en plus de personnes, méfiantes vis-à-vis de la doctrine et des contraintes religieuses.
5Le futur Jean Paul Ier se disait favorable à la pilule
Le futur pape Jean-Paul Ier était favorable à la pilule contraceptive. Dans un podcast qui sera publié par le Dicastère pour la Communication du Saint-Siège, celui qui était alors évêque de Vittorio Veneto, Mgr Albino Luciani, exprime son point de vue dans un enregistrement réalisé dans une paroisse en 1968. Mgr Luciani souhaite que Paul VI “prenne une décision libéralisante sur l'utilisation de la pilule contraceptive”, explique Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère. Après la publication de l'encyclique Humanae Vitae – prohibant l’usage des contraceptifs – le prélat a cependant défendu le document de Paul VI en faisant "siennes" ses raisons. Pour entendre la voix du pape de 33 jours qui sera béatifié en septembre prochain : rendez-vous le 13 juin sur le site de Vatican News.