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Indépendant en 1991 après avoir été intégré dans l’Empire russe au XVIIIe siècle, puis dans l’URSS, le Kazakhstan a connu une forte croissance économique manifestée notamment par la création de la ville nouvelle d’Astana, devenue la capitale du pays en 1998 et rebaptisée Noursoultan en 2019. C’est dans cette ville que Xi Jinping a officiellement lancé, en 2013, le programme des Nouvelles routes de la soie, dont le Kazakhstan est l’un des carrefours. Pays à la géographie de steppe, au climat continental rigoureux avec de très fortes variabilités de température entre l’hiver et l’été, à la population ethnique diversifiée, le Kazakhstan était loin de pouvoir défendre son indépendance et sa spécificité. Le risque était grand pour lui d’être un vassal de la Russie ou de la Chine. Tout l’enjeu du premier président, Noursoultan Nazarbayev, et de son successeur Kassym-Jomart Tokaïev était donc de créer une véritable unité nationale et une indépendance économique et culturelle. Tout en reconnaissant la diversité des ethnies et des peuples peuplant le pays, il s’agissait de créer un sentiment d’union et d’appartenance à une même nation.
L’Assemblée des peuples du Kazakhstan
Cette création nationale se manifeste notamment dans la mise en place d’un organe original et atypique : l’Assemblée des peuples du Kazakhstan (APK). Cette assemblée regroupe des représentants de toutes les ethnies vivant au Kazakhstan ainsi que les chefs religieux : muftis, rabbins, évêques catholiques et orthodoxes. Elle permet la reconnaissance de la diversité des peuples et des populations et la prise en compte de leurs problèmes spécifiques, tout en évoluant dans le cadre national. En trente ans d’existence, le Kazakhstan a jusqu’à présent réussi à maintenir son intégrité territoriale et politique, ce qui était loin d’être acquis pour un pays d’une superficie de 2.7 millions de km² et 22 millions d’habitants. Le pays a aussi évité le développement des mouvements djihadistes et des séparatismes ouzbeks et turkmènes, qui auraient pu provoquer des sécessions et se rattacher à leur pays d’origine. C’est donc une voie originale que le pays a suivie, pour l’instant avec succès, qui se poursuit dans la démocratisation des institutions et la révision de la constitution. Le président Tokaïev a engagé un plan de réformes qui vise à faire passer le pays dans une « seconde république ». Près d’un tiers des articles de la Constitution ont été modifiés ou sont en passe de l’être. Le régime sera ainsi moins présidentiel et plus parlementaire.
C’est une voie d’équilibre qu’a choisi le pays des steppes, en affirmant son indépendance tant à l’égard de la Chine qu’à l’égard de la Ru
Alors que l’armée russe est intervenue au Kazakhstan lors des émeutes de janvier, aidant le pays à rétablir l’ordre, le gouvernement kazakh a condamné l’invasion de l’Ukraine et n’a pas soutenu Moscou dans la guerre déclenchée contre son voisin. Une marque d’indépendance osée pour un pays qui partage une très longue frontière avec la Russie et dont une grande partie des routes et des communications sont orientées vers l’ancienne puissance impériale. C’est une voie d’équilibre qu’a choisi le pays des steppes, en affirmant son indépendance tant à l’égard de la Chine qu’à l’égard de la Russie.
L’enjeu de la Caspienne
L’autre enjeu majeur pour Noursoultan est celui de la valorisation de la mer Caspienne. Les pays côtiers, dont la Russie, l’Azerbaïdjan et l’Iran, sont en conflit juridique pour définir si cette étendue d’eau est une mer ou un lac, ce qui a des répercussions quant au traçage des frontières maritimes internationales et donc au partage des gisements de pétrole et de gaz. La société Total est présente sur le gisement du Kachagan depuis le début des années 1990, dont les réserves sont des plus prometteuses. Mais après l’exploitation se pose le problème de la diffusion. Pays enclavé, le Kazakhstan est contraint de passer par l’un de ses voisins pour accéder à une mer ouverte. D’où la nécessité d’entretenir de bons liens avec ses voisins frontaliers de la Caspienne et de trouver des accords internationaux pour faire passer les oléoducs.
À l’heure où l’Europe cherche à affirmer son indépendance avec la Russie, notamment énergétique, le Kazakhstan devient un partenaire économique et commercial de premier plan, que renforcent sa situation géographique et son développement économique.