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En 1846, le père Lacordaire prêchait à Notre-Dame de Paris et s’exclamait : "Il y a un homme dont l’amour garde la tombe […] qui, chaque jour, renaît dans la pensée d’une multitude innombrable d’hommes." Jésus est vivant, il est ressuscité ! Il est bien vrai que l’amour a gardé son tombeau, l’amour a même couru et pleuré, avec Marie-Madeleine, avec Pierre et Jean. Il est bien vrai que le témoignage des apôtres a permis au Christ de naître à nouveau dans les âmes de milliards d’êtres humains au travers des siècles.
Mais si Jésus ne naissait à nouveau que dans la pensée des chrétiens, il serait seulement le souvenir d’un maître et ami tendrement aimé dont on chérit la mémoire. C’est à cela qu’on voudrait parfois réduire l’événement inouï de la Résurrection. Un symbole qui permettrait à chacun de se saisir de son existence finie pour lui donner une valeur d’éternité, mais une éternité seulement métaphorique. Or il en allait tout autrement pour les témoins qui ont vu Jésus ressuscité. Ils avaient vu Jésus mort, et le même et unique Jésus vivant, c’était cela qui importait.
Parlons-en des témoins !
Le gouverneur romain de Judée Festus ne s’y trompe pas dans les Actes des Apôtres, qui résume ainsi l’affaire : "Une dispute entre Juifs, à propos d’un certain Jésus et dont Paul affirmait qu’il était vivant" (Ac 25, 19). Toute la foi chrétienne est là, jusque dans son enracinement juif. À la fin des fins, il s’agit de savoir si Jésus est vraiment ressuscité. Et notre foi repose sur les témoins. Parlons-en des témoins ! Dès le IIe siècle, le philosophe païen Celse ironisait : "Qui a vu tout cela ? Une femme hystérique, à ce que vous dites et quelque autre de la même bande ensorcelée, soit que ce prétendu témoin ait vu en rêve ce que lui représentait son esprit troublé, soit que son imagination abusée ait donné consistance à ses désirs, soit, comme je suis plutôt porté à croire, qu’il ait voulu frapper l’esprit des autres hommes, par un récit merveilleux, et grâce à cette imposture, fournir matière de tromperie aux autres charlatans." On n’a pas attendu Marx, Freud ou Michel Onfray pour se livrer à ce genre d’interprétations.
La résurrection du Christ comme événement échappe à l’histoire du monde, à toute constatation ou représentation possible. L’Évangile lui-même ne nous en dit rien.
Le théologien Origène répondait à Celse que Jésus est apparu ressuscité à beaucoup d’autres personnes. Il ajoutait que dans le contexte de l’arrestation et de l’exécution de Jésus pour blasphème et trouble à l’ordre public, les disciples n’avaient aucun intérêt à répandre une nouvelle qui les condamnait presque sûrement à la persécution. Quant à l’hypothèse de l’autosuggestion ou de la supercherie en vue de tromper leur monde, Origène fait remarquer que les disciples ont été jusqu’à donner leur vie pour témoigner du Christ ressuscité, ce qui ne cadre guère avec l’idée d’une fable incertaine ou d’un mensonge intéressé. Déjà un quasi-contemporain des apôtres, saint Ignace d’Antioche, martelait chacune des affirmations de la foi chrétienne d’un "véritablement" : Jésus est "véritablement" le Fils de Dieu né d’une femme, Jésus est "véritablement" mort sur la Croix après avoir été arrêté, et Jésus est "véritablement" ressuscité d’entre les morts.
Un événement resté dans l’ombre
Bien sûr, la résurrection du Christ comme événement échappe à l’histoire du monde, à toute constatation ou représentation possible. L’Évangile lui-même ne nous en dit rien. On passe de la mort du Christ en Croix à la rencontre avec Jésus ressuscité, mais l’événement lui-même demeure dans l’ombre. On s’en tient à un acte de foi, fondé sur le témoignage des disciples et sur l’explosion de foi qu’a suscité l’événement jusqu’à se répandre dans le monde entier. Toutefois, face à l’absence de preuves matérielles de ses affirmations, saint Ignace d’Antioche ajoutait : "Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ, mes archives inviolables, c’est sa croix et sa mort et sa résurrection et la foi qui vient de lui." Les derniers mots sont instructifs : à la fin des fins, le meilleur témoin de la résurrection du Christ, c’est Jésus lui-même qui se manifeste comme vivant dans l’âme des croyants et suscite notre acte de foi. Jamais la résurrection du Christ et la nôtre ne peut dispenser d’un acte de foi, mais c’est Jésus lui-même qui donne de le poser.
Pour qui croit fermement que Jésus est Dieu, et qu’il est le maître de la vie, l’étonnant est que Jésus ait pu mourir et non pas qu’il ait pu ressusciter.
À vrai dire, l’étonnant n’est pas tellement que Jésus soit ressuscité. Jésus est le vivant par excellence, en lui "la Vie s’est manifestée" (1 Jn 1, 2). Pour qui croit fermement que Jésus est Dieu, et qu’il est le maître de la vie, l’étonnant est que Jésus ait pu mourir et non pas qu’il ait pu ressusciter. Et s’il est mort, c’est parce qu’il l’a voulu, par amour. Nul ne pouvait prendre à Jésus la vie qu’il était lui-même en plénitude : "Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir" (Ac 2, 22-4). Jésus a donné sa vie par amour pour ses brebis, parce qu’il avait aussi le pouvoir de la reprendre (Jn 10, 17-18) et de la communiquer à tous les hommes. Jésus est mort pour nous, et il est ressuscité pour nous.
La promesse tient toujours
Aussi est-ce à nous tous, baptisés du XXIe siècle, que Jésus adresse les mêmes paroles qu’il adressait à ses disciples peu avant son arrestation : "Je vous reverrai et votre cœur se réjouira et votre joie, nul ne vous la ravira" (Jn 16, 22). La promesse faite il y a deux mille ans tient toujours. Jésus n’est pas mort, il est vivant non pas seulement dans notre souvenir mais réellement. Il nous communique sa vie dans les sacrements de l’Église. Et il nous emporte dans le sillage de sa résurrection pour une éternité de joie.