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Avidité, nationalismes, replis, peurs... dans sa prière du 25 mars dernier le pape François égrène quelques plaies encore à vif. "Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune... Nous sommes devenus indifférents à tout sauf à nous-mêmes." Ces mots font comme un écho à ceux du cardinal Vingt-Trois prononcés à Notre-Dame de Paris quelques jours après l’assassinat du père Hamel en juillet 2016 : "Comment en sommes-nous arrivé là ?"
L’impossible hypothèse
Sans être grand analyste, la situation ukrainienne est en effet symptomatique de nos errements. Beaucoup d’arrogances, les intérêts particuliers érigés en maître de tout bien commun, excitation des bas instincts de part et d’autre, surarmement et utilisation de moyens paramilitaires avec cynisme et dans l’indifférence générale, corruption des élites et populisme forcené... la liste n’en finit pas. Et tout cela finit par exploser à la face d’un Occident sidéré et hébété. On ne parle plus que de cela, du risque de guerre : aux terrasses de café, entre amis ou collègues, durant les repas de famille, au hasard des rencontres. On se surprend soi-même à en évoquer le mauvais augure tout en se rendant compte que, comme adulte, on n’avait jamais encore osé prononcer ces mots comme une hypothèse rationnelle.
Quels que soient les jours prochains, il y faudra témoigner avec courage et ténacité, que de l’eau croupie d’un puits sans fond, on puisse tirer le vin de la joie et de la fraternité.
C’est que partout autour de nous, et pas seulement dans les églises, on semble préparer les esprits à cette perspective : il peut y avoir une guerre sur notre continent européen, une guerre dans laquelle nous pourrions être entraînés. Comment ? Quand ? Qui ? Nul ne peut évidemment y répondre et chacun souhaite que cette hideuse possibilité disparaisse au plus vite. Ce qui était jusqu’alors un scénario de jeux pour enfants bagarreurs est peut-être en passe de devenir une histoire d’hommes.
Vouloir le sur-naturel
Que faire alors ? Sinon redoubler de prières pour ceux qui croient en son pouvoir : non pas simplement pour demander la conversion des cœurs de ceux qui nous dirigent, et urgemment pour l’un d’entre eux. Mais aussi pour que nous puissions, dans des temps de soufre et de sang, être plus encore qu’hier des témoins d’Espérance et des artisans de paix. "Que rien ne te trouble" : la prière de Thérèse d’Avila doit habiter ceux qui se veulent disciples de Jésus. Quels que soient les jours prochains, il y faudra témoigner avec courage et ténacité, que de l’eau croupie d’un puits sans fond, on puisse tirer le vin de la joie et de la fraternité qui donne à chacun de reconnaître en Dieu le visage de la miséricorde et du salut pour tous.
La prière ne peut être vraie si elle ne s’incarne dans la vie de l’orant : c’est ainsi qu’elle révèle à tous son pouvoir de transformation du réel. Et c’est bien cette addition des chacun qui peut provoquer ce que d’aucuns disent impensable : la mise à mort du projet de guerre par la puissance en actes de la fraternité. Il nous faut nous rappeler de ce discours sur la montagne où Jésus nous invite à dépasser sans cesse ce qui se veut la norme des païens (faire du bien à ceux qui vous en font, saluer ceux qui vous saluent, etc.) pour ne plus vouloir que le sur-naturel : aimer ceux qui vous haïssent, donner plus à ceux qui vous demandent, etc. C’est en fait cet héroïsme-là qui sauvera véritablement nos vies. Et pour toujours.