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Le carême à mi-parcours, le Seigneur est bien à nos côtés

Le vigneron et le figuier, aquarelle de James Tissot.

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Gaëtan de Bodard - publié le 20/03/22
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L’abbé Gaëtan de Bodard, aumônier des sapeurs-pompiers de Paris, commente l’évangile du troisième dimanche de carême. « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber ! »

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Nous voici déjà au troisième dimanche du Carême : dans un mois, le 20 avril, nous serons dans l’octave de Pâques. Autant dire que le temps court, le temps file ! Puisque nous sommes presque à mi-parcours (jeudi prochain, nous marquerons la mi-Carême), c’est l’occasion propice de nous demander où nous en sommes dans notre chemin de conversion, dans notre désir de donner à Jésus la première place dans notre vie. Car c’est bien cela le rôle du carême. Les textes que la liturgie propose en ce dimanche peuvent nous aider à faire le point. Mais, disons-le d’emblée, ils nous mettent aussi la pression. Et ce sous deux modes différents.

Le combat est rude, à mi-parcours

Tout d’abord, à travers ce passage bien connu du buisson ardent (Ex 3, 1-15), nous sommes projetés vers la vigile pascale pendant laquelle sera proclamé le récit du passage de la Mer Rouge : « Je suis descendu pour délivrer [mon peuple] de la main des Égyptiens » promet Dieu à Moïse (Ex 3, 8). Tout comme Moïse qui va devoir persuader Pharaon de libérer le peuple élu, nous bataillons pendant ce carême contre le mal qui nous entrave, contre tous ces fils à la patte, ces entraves, ces chaînes, ces addictions qui nous empêchent de vivre pleinement en enfants de Dieu. Et la liturgie nous met sous les yeux cette belle promesse divine : « Un beau et vaste pays, un pays ruisselant de lait et de miel ! » (Ex 3, 17.) Le combat est rude, éprouvant, surtout à mi-parcours où nous commençons à nous essouffler quelque peu, à trouver le temps long, à transpirer par avance en regardant le trajet qu’il nous reste à accomplir… 

Le Seigneur est à nos côtés tout au long de ce carême

Alors, à travers les mots encourageants de Dieu, par le biais de cette promesse formelle, l’Église vient nous donner du baume au cœur et nous invite à poursuivre courageusement. Moïse a tremblé devant la mission et Dieu l’a assuré de Sa présence, de Son soutien. Le plus cadeau qu’Il lui fait, c’est le don de Son Nom. Moïse peut appeler Dieu par Son Nom, et tout au long de son parcours, il rencontrera Dieu en tête-à-tête. Eh bien, de la même façon, le Seigneur est à nos côtés tout au long de ce carême : nous Le rencontrons dans notre prière personnelle, dans nos actes de charité et, plus encore, de façon substantielle, à la messe, dans Sa Parole et dans l’Eucharistie où Il Se donne à nous en Jésus.

Celui qui se croit solide

Mais ensuite, la deuxième lecture et le passage d’Évangile viennent comme doucher notre enthousiasme et notre ardeur. Saint Paul reprend l’épopée de Moïse et du peuple hébreu : il rappelle toutes les grâces dont ils ont été bénéficiaires tout au long de leur marche au désert (1Co 10, 1-12). Et pourtant, « la plupart n’ont pas su plaire à Dieu et leurs ossements jonchèrent le désert ». L’apôtre exhorte vivement ses chers Corinthiens qu’il aime d’un amour particulier puisque c’est lui qui leur a annoncé la Bonne Nouvelle et les a tournés vers le Christ Sauveur : « Ces événements devraient nous servir d’exemple. » Évidemment, si l’Église a souhaité nous faire entendre ce texte, c’est qu’il nous est adressé à nous aussi. Et c’est sans doute sa finale qui nous sera le plus utile, le point d’attention à creuser, dans ces quelques vingt jours qu’il nous reste : « Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber ! » (1Co 10, 12.) 

Notre vie de prière marche, vaille que vaille ? Nos résolutions de charité vis-à-vis de nos frères tiennent le coup ? Super ! Magnifique ! Merveilleux ! Mais n’en tirons aucun orgueil !

Nous tenons dans les petites mortifications que nous nous imposons ? Notre vie de prière marche, vaille que vaille ? Nos résolutions de charité vis-à-vis de nos frères tiennent le coup ? Super ! Magnifique ! Merveilleux ! Mais n’en tirons aucun orgueil ! Au contraire, tombons à genoux et rendons grâce au seigneur pour tous Ses bienfaits, pour cette aide concrète qu’Il nous accorde, pour Sa grâce actuelle qui nous permet de tenir sur la longueur et d’être fidèles. Avec le psalmiste nous pouvons redire : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis Son Nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de Ses bienfaits ! » (Ps 102.)

Si vous ne vous convertissez pas

Le coup de boutoir nous est donné par Jésus Lui-même. Disons-le franchement : nous avons parfois fait de Jésus un gentil prédicateur, parfois un peu mièvre, fleur bleue, avec Ses images champêtres et agricoles. Eh bien, si vous avez pris le temps de lire attentivement l’Évangile, vous êtes forcément tombés sur des paroles plus dures, des sentences parfois tranchantes. Quand Jésus tacle les pharisiens ou les docteurs de la Loi [cf. par exemple Mt 23, 13-36], c’est de bonne guerre, pensons-nous. Mais quand Il interpelle les disciples ou la foule — ouille ! —, c’est bien à nous qu’Il S’adresse : « Si quelqu’un veut venir à Ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il Me suive » [Mt 16,24], « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi, et qui n’amasse pas avec Moi dissipe » [Lc 11, 23] ou encore « Celui qui M’aura renié à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu » [Lc 12,9].

Il patiente, il donne une chance supplémentaire au figuier stérile. Peut-être se trompe-t-il, sans doute est-il trop confiant… N’empêche qu’il le fait quand même. 

C’est le cas ce dimanche. Jésus commente ces événements terribles qui ont bouleversé les habitants de Jérusalem : le crime de Pilate contre ces Galiléens venus à Jérusalem en pèlerinage et l’effondrement de cette tour qui a tué dix-huit passants dans le quartier de Siloé (Lc 13, 1-9). Conversations de machine à café, propos de comptoir : « Oh ! les pauvres : c’est terrible ! » Le Seigneur souligne bien que toutes les victimes étaient innocentes : elles ne méritaient pas ce sort — et il faut se souvenir que Jésus tient ces propos devant une foule pétrie de la prière des psaumes, qui estime que Dieu peut punir aussitôt le méchant, le pervers, le voleur… Ici, « pas du tout » (Lc 13, 3) : ces personnes étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Mais Jésus en tire une leçon : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Et ce n’est pas là une éventualité, quelque chose qu’il faut envisager le cas échéant, c’est une certitude, une annonce solennelle…

Mais il y va !

Nous voici glacés, pétrifiés : « Mais jamais je n’y arriverai. C’est fichu ! C’est mort ! » Relevons la tête et tendons l’oreille ! Voici que le vigneron, celui qui prend soin de la vigne — et nous pouvons y voir une image du Seigneur Jésus : Il est le « bon berger » qui veille sur le troupeau, Il peut être aussi le bon vigneron qui veille sur les grappes… et même le figuier, n’est-ce pas ? Il patiente, il donne une chance supplémentaire au figuier stérile. Peut-être se trompe-t-il, sans doute est-il trop confiant… N’empêche qu’il le fait quand même. 

Le Bon Dieu voit, Il sait notre bonne volonté, notre désir de sainteté. Mais Il connaît aussi notre faiblesse, notre intempérance, nos va-et-vient. Il nous demande d’essayer, de tenter le coup, d’y aller malgré tout. C’est ce qu’Il attend pour nous procurer Sa grâce. Et c’est là que nous revenons à Moïse : une fois l’épisode du buisson ardent enflammé passé, il se relève, reprend ses sandales, se saisit de son bâton et il y va. Mort de trouille, pétri d’inquiétudes, la boule au ventre, mais il y va ! Dieu le précède et l’accompagne ; Dieu lui donne Sa grâce. Une chose à faire, pour lui et pour nous : être disponible à cette grâce insigne. C’est cela la conversion qui nous permettra de ne pas mourir, mais, au contraire, de recevoir la vie et la vie en plénitude. 

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