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L’image est puissante. Repartagée plusieurs fois sur Twitter, elle représente une statue du Christ de la cathédrale arménienne de Lviv, à l’ouest de l’Ukraine, en train d’être démontée et cachée dans un bunker en cas de bombardement. Si la protection de la vie des Ukrainiens est bien évidemment une priorité, plusieurs professionnels et amoureux du patrimoine sont actuellement en train de se mobiliser pour assurer la protection des œuvres d’art de la ville, dont le cœur historique est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, en cas de bombardements russes.
Ihor Kozhan, le directeur général du musée national Andrey Sheptytsky de Lviv, le plus grand musée ukrainien, est à la manœuvre avec une partie des employés afin de déplacer les collections du musée. L’iconostase de Bohorodchany, emblématique œuvre d’art sacré datant du XVIIIe siècle, a ainsi été mise à l’abri. "Les larmes me montent parfois aux yeux en raison du dur travail que nous effectuons. Cela demande du temps, de l'énergie. Quand on fait quelque chose de bien, on est heureux", explique-t-il au Devoir, un média canadien. "Mais aujourd’hui, on voit des murs vides, alors on se sent triste, amer. On ne pouvait pas croire jusqu'à la dernière minute que cela pouvait arriver".
Dans la ville de Lviv, Andriï Saliouk, directeur de la "Société pour la protection des monuments", est à l’origine du mouvement qui consiste à protéger l’ensemble des œuvres d’art, détaille Le Figaro. En temps normal, il sensibilise les habitants et les autorités à la préservation du patrimoine. "Quand la “phase chaude” de la guerre est arrivée, un historien de l'art est venu me dire que s'il y avait un bombardement, Dieu nous en protège, on pouvait perdre les vitraux", explique-t-il au quotidien.
Objets, statues et vitraux
Plusieurs restaurateurs d’art et entrepreneurs du bâtiment s’emploient donc à emballer les statues "fixes" de la ville, "comme pendant la Première guerre mondiale". Sur un côté de la cathédrale, une imposante sculpture représentant le Saint-Sépulcre a ainsi déjà été enveloppée de mousse et de draps protecteurs. Ils déplacent également les œuvres qui peuvent l’être dans des abris et autres bunkers comme c’est le cas, par exemple, de l’autel en bois du XIVe siècle de l’église arménienne, récemment restauré et qui a été démantelé et déplacé par protection.
Un autre chantier de taille consiste à installer des panneaux pour protéger les vitraux des différents édifices religieux dont ceux de la basilique-cathédrale de l’Assomption, dont la construction remonte à la fin du XIVe siècle. Andriï Potchekva, restaurateur, supervise l’installation de panneaux sandwich devant protéger les vitraux de la cathédrale. "Nous sommes bien conscients que nous ne sommes pas en mesure de les protéger d’un impact direct, mais nous essayons autant que possible de les protéger de tout dommage léger, qu’il s'agisse d’un incendie, d’une onde de choc ou de petits fragments", indique-t-il.