Voilà les enfants rentrés de l’école, fatigués mais plutôt contents de leur journée. Les devoirs sont faits, ce qui est déjà une belle étape, ils jouent tandis que le dîner se prépare. La fin de journée s’annonce relativement paisible pour les parents, tout a l’air d’être sous contrôle quand soudainement jaillissent des noms d’oiseaux… Que ce soit le grand qui ait malencontreusement buté dans la construction de cubes du plus jeune, ou la petite mademoiselle qui soit allée chiper les trésors de sa grande sœur, que ce soit la plus grande qui ait tiré les cheveux de son petit frère ou encore ce garçon qui ait insulté l’ado, la tension grimpe, l’atmosphère s’électrise.
Première option : tous aux abris, élévation des barricades, préparation de l’artillerie lourde. La lutte fratricide commence ! Les parents ou membres innocents de la fratrie vont plutôt tenter de faire rempart et d’éviter l’escalade de violence verbale ou physique. Mais comment faire ?
Inviter à mettre des mots sur un événement qui n’est pas glorieux, qui dévoile notre faiblesse et reconnait notre péché, est une étape bénéfique pour recevoir le pardon.
Un autre chemin : rejoindre chacun dans ce qu’il a vécu. Poser des mots sur l’événement aide déjà à prendre de la hauteur par rapport à l’incident et entendre la perception de l’autre. En entendant la même histoire racontée des points du vue différents, déjà voilà un premier pas vers l’autre, vers la réconciliation. Il en sera de même quand chaque membre de la famille recevra le sacrement de la confession : cette invitation à mettre des mots sur un événement qui n’est pas glorieux, qui dévoile notre faiblesse et reconnait notre péché, est une étape bénéfique pour recevoir le pardon. L’incident, l’accident, la blessure faite par mégarde ou de façon intentionnelle : peu importe, les mots permettent de mettre en lumière ce qui fait mal à soi-même et à autrui.
Le catéchisme de l’église catholique nous rassure sur ce chemin : "La vie nouvelle, reçue au baptême, n’a pas supprimé la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché, le Christ a institué le sacrement de réconciliation pour la conversion des baptisés qui se sont éloignés de lui par le péché" (abrégé n°297).
Force est de constater que le péché revient, que les querelles dans la fratrie ne seront jamais totalement éradiquées, que la paix est un combat quotidien.
Des moments de combat sources d’une plus grande communion
Soutenus par l’amour de leur famille, après avoir posé des mots et rejoint l’autre dans sa souffrance, les enfants pourront se demander pardon et ainsi fermer la porte à l’ennemi. Ils marcheront sur ce chemin qui revient vers les bras ouverts de l’autre et les bras ouverts du Père. Le sacrement de réconciliation est appelé également sacrement de pénitence, du pardon, de confession ou sacrement de la conversion. Voilà qui est très éclairant : en posant des mots sur l’incident dans la fratrie (en confessant son erreur, son mauvais geste, ses mots agressifs), en proposant de réparer (pénitence), en demandant à l’autre d’accepter nos excuses (pardon, réconciliation), les enfants en viennent à une plus profonde unité fraternelle (conversion du cœur).
Finalement, les moments de combat peuvent être source d’une plus grande communion dans la famille, chacun reconnaissant sa faiblesse et ses limites mais renouvelant sans cesse le désir de rester en paix.
Le catéchisme continue en indiquant les effets de la réconciliation : en plus de la réconciliation avec Dieu et l’Eglise, les fruits sont "la paix et la sérénité de la conscience, la consolation spirituelle, l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien" (abrégé n°310). N’est-ce pas un bon programme pour la vie de famille : la paix, la sérénité et l’accroissement des forces spirituelles ?
Les incidents chaotiques du quotidien guident vers le sacrement de réconciliation, et la grâce vivante de ce sacrement vient nourrir la paix et les forces spirituelles pour vivre pleinement le quotidien. La famille devient un lieu vivant de la grâce.