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On raconte beaucoup de choses fausses dès que l’on parle de dividendes, notamment lorsque l’on vous explique que « le dividende, c’est l’actionnaire qui se sert aux dépens des employés ». Il y aurait une opposition irréconciliable entre l’intérêt de l’actionnaire et du salarié. Beaucoup se laissent abuser par la simplicité de l’argument, la faute en revenant en grande partie à la faiblesse dramatique de l’enseignement en matière d’économie. C’est en effet oublier un peu vite que si l’emploi existe, c’est parce que l’entreprise tourne et pour que celle-ci tourne, encore faut-il que quelqu’un ait mis du capital au départ et continue à le porter. Notons qu’en Allemagne, le mot « patron » n’existe pas, on parle d’Arbeitgeber, littéralement celui qui donne du travail…
D’où d’ailleurs peut bien venir cette épargne si ce n’est de dividendes produits antérieurement par d’autres entreprises ? Dans la très grande majorité des cas, le dividende d’hier est le capital d’aujourd’hui. L’explication du dividende qui coûte de l’emploi ou du salaire est donc un peu courte et il faut dans ces affaires prendre une perspective de long terme et apprendre à raisonner de façon systémique.
Le ratio entre activité et capital
Il y a un concept de base qu’on devrait expliquer dans toutes les écoles et donc à tous nos concitoyens, c’est le concept de rotation d’actif : une entreprise, pour fonctionner a besoin d’investissement ; toutes les analyses statistiques que l’on peut faire dans tous les pays du monde, sur tous les métiers et de tous temps, montrent qu’il y a proportionnalité entre l’activité mesurée par le chiffre d’affaires et l’investissement qui y est fait. Pour produire et vendre des voitures, il faut des usines, des réseaux de distribution et le financement des produits finis et des stocks ; pour produire deux fois plus de voitures, il faut deux fois plus d’investissements. Cette constance du ratio entre activité et capital investi que l’on nomme rotation d’actif est un outil que l’on n’utilise pas assez sur le plan pédagogique.
Dès que l’on prend un peu de perspective, l’actionnaire et donc le dividende ne sont pas les ennemis mais les amis de l’emploi : il n’y a pas opposition entre l’économique et le social.
Quand une entreprise démarre, elle connaît en général une forte croissance, disons 30% par an. Ses bénéfices, par exemple, 15% de l’argent investi, sont inférieurs à l’investissement nécessaire pour assurer la croissance, 30% de l’investissement ; il faut donc injecter de l’argent à hauteur de 15% (15-30). Ce n’est que quand l’entreprise a atteint une stabilité, par exemple 5% de croissance, et qu’en conséquence ses besoins d’investissement baissent, que l’on peut commencer à retirer des liquidités, par exemple 10% (15-5) soit 10% du capital, somme qui représente 65% du bénéfice (10/15). Rentabilité, croissance et dividende sont donc directement liés.
La clé de l’emploi
Le dividende n’est pas automatique car l’entreprise n’est pas toujours rentable quand la croissance baisse (elle n’est par exemple pas forcément leader sur son marché et n’a en conséquence pas de marges très élevées). Le dividende permet de retirer sa mise et bien sûr parfois beaucoup plus, mais cela ne va pas de soi. Dans une certaine mesure, on peut décrire ce dividende comme la récompense donnée par les clients à l’entreprise qui leur a rendu le plus grand service sur le cycle de vie du produit.
Il est évident que si l’on est dans un pays qui ne comprend pas le concept du dividende, dans un pays où les forces morales et politiques passent leur temps à le vilipender, dans un pays ou l’État le surtaxe, il y a très peu de chances que les épargnants investissent et fort à parier que l’emploi ne se développe pas. Dès que l’on prend un peu de perspective, l’actionnaire et donc le dividende ne sont pas les ennemis mais les amis de l’emploi : il n’y a pas opposition entre l’économique et le social. Antoine Riboud avait une merveilleuse formule en rappelant que dans l’expression « économique et social » le mot le plus important c’est le... « et » !