La parabole des talents (Mt 25, 14-30) est pour tous ceux qui s’intéressent aux rapports entre l’économie et le catholicisme une des plus pertinentes parce qu’elle aborde un sujet central et hypersensible, celui du capital. Elle est d’autant plus remarquable qu’elle fait passer un message simple et clair : le Christ encourage à faire fructifier le capital en l’investissant dans des activités rentables. Investir judicieusement est ce qui assure la pérennité du capital et mieux encore de son développement.
Porter le risque
Rappelons que le capital est en dernier ressort le cumul des bénéfices historiques qui ont été réalisés : il s’agit donc du résultat d’un travail sur la durée. Le capital accumulé, calculé au niveau d’une région ou d’un pays est la meilleure mesure de leur prospérité. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’en prendre soin et de le développer.
Le capital a aussi une autre mission qui n’est pas évoquée par la parabole, mission pourtant fondamentale, celle de porter le risque. Tout investissement quel qu’il soit, dans le monde où nous vivons, porte un risque, le risque d’un retournement imprévu du marché. Autre risque, celui de tomber sur un concurrent qui « surperforme » au point de vous mettre en faillite. Dernier risque, celui d’une catastrophe échappant à tout contrôle humain (cyclone, tremblement de terre, épidémie). Quand un investissement n’est pas rentable pour une des raisons qui vient d’être évoquée, le salaire est versé aux employés, mais le capital engagé dans l’affaire est totalement perdu. C’est précisément la noblesse de l’employeur-investisseur de prendre sur lui, personnellement, l’entièreté de ces aléas. C’est ce qui légitime son autorité sur l’entreprise et justifie le bénéfice... s’il y en a !
Jésus aurait été beau joueur
C’est pour cela que l’on peut regretter que la parabole n’évoque pas la réaction du Christ devant un investissement audacieux qui a exigé des efforts mais qui a échoué et que l’argent confié a été perdu… L’auteur de ces lignes tend à penser que Jésus aurait été beau joueur. La parabole du semeur (Mt, 13) montre qu’il sait bien qu’on ne gagne pas à tous les coups ! En tous cas il aurait préféré ce serviteur, certes malchanceux, mais travailleur et entreprenant, à celui qui n’a pas tenu son rôle et s’est contenté d’enterrer l’argent en préférant finalement l’oisiveté au travail.